Les chroniqueurs du Grand Journal se reconnaissent souvent à leur petitesse…

Les plus fidèles de mes lecteurs l’auront remarqué : je parle très rarement ici du Grand Journal de Canal plus. Et pour cause ! À la longue, il m’est devenu difficile de supporter cette grand-messe festivo-citoyenne qu’on croirait inventée par le regretté Philippe Muray.

Néanmoins, pour ceux d’entre vous qui ont toujours eu mieux à faire que de la regarder, il n’est pas inutile de rappeler le principe de cette émission. Elle se divise en deux parties, respectivement politique et culturelle, avec tous les guillemets qui s’imposent.

Pas-grand chose à dire sur la deuxième mi-temps, où l’on badine gaiement avec des artistes en promo. Pour être tout-à-fait juste, elle a même gagné au remplacement, en tant que maître des cérémonies, du mandarin Denisot par l’éternel potache De Caunes. Avec ses bonnes blagues et ses happenings à base de jets de peinture et de plats de nouilles sur la tête, Antoine retrouve là ses années de jeunesse à Nulle part ailleurs.

La première partie en revanche ne s’est pas améliorée, loin de là. Avec le temps elle en est arrivée à se caricaturer elle-même, et Dieu sait qu’elle n’avait pas besoin de ça. Le concept est toujours le même : expliquer aux téléspectateurs ce qu’il faut penser. À cet effet, on reçoit alternativement des invités gentils et méchants, de plus en plus faciles à distinguer selon le traitement qui leur est réservé.

Pour les uns c’est tapis rouge et questions complaisantes ; pour les autres, harcèlement et question tout court, au sens inquisitorial du terme. Encore serait-il abusif de comparer Torquemada à Jean-Michel Aphatie : quand l’un posait des questions, c’était pour avoir des réponses ; l’autre les a déjà.

Outre Aphatie, le petit tribunal du Grand Journal se compose d’une pénible journaliste de France Inter et d’un intello tête à claques emprunté à France Culture. Face à eux, c’est simple comme au Jugement dernier : à gauche les aimables brebis, objets de toutes les sollicitudes ; à droite les affreux boucs, qui chercheraient en vain à se justifier : l’Histoire selon Canal les a déjà condamnés ! L’objectif est seulement de convaincre le bon peuple de leur culpabilité, et pour ça tous les moyens sont bons : interruptions, tirs croisés et chausse-trappes variées.

Par bonheur, ce mauvais traitement ne suffit pas toujours ! Ainsi l’ami Dupont-Aignan avait-il réussi, sur ce plateau, une mémorable prestation. Pris à parti par Aphatie (admirez l’allitération) sur la « transparence », le gentil petit Nicolas lui avait clos le bec en le contre-interrogeant sur ses revenus… Pas question pour notre cumulard des médias de déballer ça devant un million cinq cent mille spectateurs ! Du coup, il a préféré bouder.

Un conseil à mes amis mal-pensants, au cas où ils seraient amenés à comparaître devant cette (basse) cour : faites comme Nicolas ce soir-là, ou comme Zemmour à chaque fois… Ne vous laissez pas intimider par ces Vichinsky en peau de lapin ; assénez-leur une bonne droite !

 

[Article paru dans Valeurs Actuelles]

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