Poutou, chouchou d’On n’est pas couché ? En quatre mois, le minicandidat du Nouveau Parti anticapitaliste y a été reçu deux fois. Nathalie Arthaud, sa concurrente directe de Lutte ouvrière, doit être verte !
Eh bien Philippe Poutou, lui, n’est pas content ! À l’en croire, sa première invitation n’avait pour but que de le faire passer pour un gland. « Pas plus que les autres candidats ! », proteste Laurent Ruquier. « Vous nous avez assez bien aidées dans cette tâche », suggèrent Mmes Pulvar et Polony.
En toute subjectivité, je donne raison à l’un et aux autres. Il est bien vrai que la bande à Ruquier avait traité Poutou comme une sorte d’ovni. Mais qu’est-il d’autre, cet extra-trotskiste, aussi sympathique humainement qu’irréel politiquement ?
Comment prendre au sérieux un candidat qui dit lui-même se présenter à reculons, parce que le parti l’a “désigné” – et qui de toute façon ne croit pas aux élections ? Surtout quand, sur une affaire aussi importante que le nucléaire, notre prétendu prétendant reconnaît n’avoir « pas d’idée », avant de nous rassurer : « Les camarades en discutent… »
Mais cette fois-ci, il a bossé le Poutou. En fait, ça se voit surtout dans la présentation ; concernant les idées, pas question pour ce militant loyal de trahir la ligne du parti – même les pointillés… Simplement son truc invendable, il le vend cent fois mieux. Au point d’être applaudi souvent par un public que n’effleure même pas l’idée de voter pour lui.
Ça tombe bien, parce que c’est le cadet de ses soucis. « Dans les sondages, vous êtes à 1 ou 2 % », entame poliment Ruquier. « 1 % ! » précise l’intéressé. Vous en connaissez beaucoup, vous, des candidats qui minorent spontanément leur score ? Décidément, ce Poutou-là n’est pas un apparatchik comme les autres ; plutôt un titi bordelais égaré dans la IVe Internationale.
Tour à tour, les deux snipeuses de Ruquier viseront les béances de la pensée poutousienne. Audrey le rappelle au “réalisme socialiste” : exproprier les banques, fort bien ; mais quid de leurs cinq cent mille employés ? – « Un gouvernement populaire y pourvoi ra… » Ben voyons.
Natacha n’aura pas plus de chance en tentant de le ramener sur la ligne Nation-République. Cet internationaliste de choc n’en démord pas : « Régularisation de tous les sans-papiers… Droit de vote pour tous à toutes les élections ! » Avec Poutou, vous dis-je, on ne peut pas lutter. Aussi n’ai-je pas essayé ; en l’entendant divaguer, il me venait plutôt une question qui dépasse largement sa personne.
Pourquoi, malgré de Gaulle, Mitterrand et les autres, s’obstine-t-on encore à présenter la présidentielle comme un “débat d’idées” ? Ne sont-ce pas des hommes qui se présentent à nos suffrages ? Et qui d’entre nous, en sept ans, cinq ans ou le double, n’a jamais changé d’idée ?