Il arrive que l’on identifie et donne un nom à une maladie longtemps après en avoir constaté les ravages. Il en est ainsi de la manifestation hystérique consistant à dénoncer, bien des années plus tard, un homme dans les bras duquel on a intensément joui — et grâce auquel, souvent, on a éclos. Judith Godrèche, en dénonçant Benoît Jacquot trente ans après les faits supposés, est l’illustration emblématique de cette disposition à la réécriture de l’histoire.

« Depuis que j’ai parlé, je n’ai plus aucune proposition comme actrice », se lamente Judith Godrèche dans les colonnes de Sud-ouest. Comment lui expliquer que la connexion qu’elle établit entre ses « révélations » (Benoît Jacquot aurait abusé d’elle en 1989 et au-delà, lui imposant non seulement des rapports sexuels non désirés, mais toutes sortes de jeux sadiques, ou supposés tels) et l’absence de propositions sérieuses de travail cinématographique est une excuse pour gommer sa médiocrité ? Comment lui dire que les metteurs en scène préfèrent travailler avec des actrices talentueuses plutôt qu’avec des rombières dont la seule illustration est le règlement de comptes a posteriori ? 1989-2024, 35 ans ! En admettant même que les faits pour lesquels elle a porté plainte soient avérés, il y a de toute façon prescription — comme pour Polanski, dans le droit français. Et la justice ne tranche pas quand il n’y a pas d’autre preuve qu’une affirmation péremptoire, à laquelle s’opposera forcément une dénégation tout aussi péremptoire. Parole contre parole, balle au centre. Affaire classée.

Quant à la soi-disant priorité de la parole des victimes, elle a fait long feu. Malgré deux enquêtes du FBI, qui aurait adoré se payer la tête et les génitoires de Woody Allen, le cinéaste new-yorkais est sorti indemne des accusations de son ex-femme. Parions que Benoît Jacquot ne sera pas inquiété — juste pourri, professionnellement, par les harpies de #MeToo.

Je crois que tout ce micmac tient à la réévaluation, consciente ou non, du plaisir jadis ressenti, et passé désormais au crible de la réécriture, qui est toujours un miroir déformant : la petite Judith s’est-elle éclatée ou non dans les bras de Benoît, avec qui elle a vécu ? Sans doute a-t-elle honte, 35 ans plus tard, d’avoir adoré tout ce qu’il lui imposait — parce qu’il faut bien, dans une relation de couple, que l’un propose et que l’autre dispose. D’autant que « ça l’excitait beaucoup », a affirmé Jacquot. Qui croire ?

Un que je connais, comme dit Brantôme chaque fois qu’il parle de lui, a vécu jadis une histoire quelque peu semblable. Il avait connu sa future épouse quand elle avait 18 ans — et lui 15 de plus : c’est dix de moins que l’écart entre Jacquot (né en 1947, il avait effectivement la quarantaine quand il a connu Godrèche à quinze ans) et Galatée — ainsi s’appelle dans la légende la statue sculptée par Pygmalion. Il lui a tout appris du cinéma et de l’amour, le B-A-Ba et les complaisances (comme dit Valmont dans les Liaisons) les plus extrêmes. Il lui a épargné les déclarations niaises et les gestes incertains des adolescents boutonneux de son âge…

Et c’est ce que la femme de mon ami lui a reproché, 25 ans plus tard, après avoir déniché un marlou de son âge à intellect médiocre, avec lequel elle a pu vivre les émois maladroits auxquels elle avait échappé — faute impardonnable…

« C’est important ? » demanda fort sereinement l’époux quand elle lui avoua sa passion pour le crétin de service. Question impardonnable : bien sûr que c’était important ! À 43 ans, elle connaissait un revival de ses seventeen

Le plus beau, c’est qu’elle s’est sentie si mal, si coupable, elle a tant pleuré, pendant des mois, qu’elle a eu recours à un psychologue — lequel, la voyant désemparée, lui a vivement conseillé de renverser la faute sur son mari. Elle se persuada bien vite que tout était de la faute de l’infâme séducteur, auquel elle fit payer, via pensions alimentaires, prestations compensatoires et confiscation de la progéniture, élevée dans la version faisandée de maman, le prix de sa forfaiture personnelle.
Et il s’avéra qu’ils étaient assez bêtes pour la croire sur parole — c’est le cas de le dire.

Je dois à la vérité de préciser que mon ami ne fut jamais d’une fidélité bien exemplaire — sans exagérer non plus : tout au plus avait-il, chaque année, une demi-douzaine de liaisons extra-conjugales qui étaient nécessaires à sa respiration et à son inspiration. D’autant que ses débordements, pensait-il, étaient inclus dans le contrat…
Erreur fatale ! Triple buse ! Diable, que ces gens intelligents sont bêtes ! On reproche toujours très vivement à l’autre ce dont on s’est rendu coupable.

Les enquêteurs, qui ne sont pas tombés de la dernière pluie, connaissent par cœur ces certitudes inventées. C’est l’une des raisons pour lesquelles tant de plaintes n’aboutissent pas : soit on manque de preuves (et c’est important, la preuve, en justice), soit on réalise que le récit est une recomposition, une façon de se donner le beau rôle de la victime, en affublant l’Autre du costume du salopard.

Mais ce n’est toutefois pas parce qu’elle se nous raconte des histoires que Judith Godrèche reste en rade dans le milieu cinématographique. C’est parce qu’elle n’est pas très bonne, et même un peu nulle.
Parce que privée de la tutelle de Pygmalion, Galatée s’effondre, quand elle n’a pas en elle de qualité assez forte pour s’étayer toute seule.

Jean-Paul Brighelli

86 commentaires

  1. « En admettant même que les faits pour lesquels elle a porté plainte soient avérés, il y a de toute façon prescription — comme pour Polanski, dans le droit français. Et la justice ne tranche pas quand il n’y a pas d’autre preuve qu’une affirmation péremptoire, à laquelle s’opposera forcément une dénégation tout aussi péremptoire. Parole contre parole, balle au centre. Affaire classée. »

    Oui. Affaire classée pour la justice. Prescription, parole contre parole etc.
    Mais il y a une chose que Brighelli ne parvient pas à comprendre : ce que cherchent Godrèche et toutes les autres, c’est la libération salvatrice de la parole. Je ne suis même pas certain qu’elles veuillent faire condamner Jacquot et ses semblables. Elles veulent faire savoir qu’il se passe des choses qui sont de l’ordre de la domination et de la prise de pouvoir sur autrui, et que 25 ans après – oui, oui, 25 ans après, so what ? – ça les ronge, et que la libération par la parole est l’unique moyen de mettre fin à cette souffrance psychique et, l’occasion faisant le larron, d’en profiter pour dénoncer les ravages du patriarcat.
    Il paraît que certains écrits un peu lestes de Brighelli lui ont valu des compliments sur sa fine compréhension de la psychologie féminine.
    Quant à moi je doute de sa compréhension de la psychologie tout court. Comment cet homme qui a un rapport compulsif à l’écriture et qui en connaît les pouvoirs peut-il à ce point ne pas voir la fonction libératrice de la parole de ces femmes, actrices et autres ?
    PS : les lazzi brighelliens sur le talent ou l’absence de talent de Godrèche sont purement gratuits et n’ont rien à voir avec le sujet.

    • Vous vous trompez.
      Ce qui est en jeu, c’est le pouvoir — en l’occurrence pouvoir féminin (elles se disent que c’est leur tour) contre pouvoir masculin.
      Aussi peu fondés l’un que l’autre.
      Rapport de forces — ce à quoi se réduit l’existence des mammifères prédateurs que nous sommes.

  2. Mais peut-être la réaction de Brighelli devant ces affaires est-elle, tout simplement, une façon de nous faire comprendre que l’accusé, le seul, le véritable accusé, c’est lui-même ? Peut-être présente-t-il dans cette chronique sa propre défense ? Peut-être utilise-t-il le pouvoir libérateur de l’écriture comme Godrèche utilise le pouvoir libérateur de la parole ?
    Lui seul le sait.

  3. Les souvenirs se modifient avec le temps- ou plutôt le ressenti des souvenirs. Prenons un homme ou une femme – peu importe – qui a de bons souvenirs de sa vie de couple ( voyages ou autres. circonstances précises où le bonheur d’être ensemble à été vécu particulièrement).
    X années après, le couple se détruit avec plus ou moins d’aigreur. Pensez – vous que les souvenirs des temps heureux ( désolé pour la banalité de la formule) ne soient pas altérés ? Ils deviennent amers, comme si dès l’époque le ver avait été dans le fruit.
    Er pourtant il ne s’agit que de circonstances très courantes. Les souvenirs se modifient donc non sur la matérialité des faits ( encore que…) que sur leur ressenti, leur affect ou tout autre mot de même sens.
    Pourquoi dans le cas des femmes qui dénoncent X années après, la domination – violence morale et pratiques imposées – de leur conjoint du moment, n’ aurait-t- on pas un phénomène semblable ?
    Mais la question demeure. Pourquoi ce qui avait été accepté à un moment devient il inacceptable dans le souvenir ? Fait- on payer au dominateur ( qui pourrait être une femme d’ailleurs) ses échecs ultérieurs, sentimentaux ou autres ?  » Tout est de sa faute, il a gâché ma vie  » . Obéit- on a une injonction sociale nouvelle par effet d’imitation ? ( « Moi aussi j’ai subi une emprise qui m’ a privé de mon consentement – me too »). Vous pouvez ajouter bien d’autres possibilités. Et évidemment il reste possible que la personne ait bien subi des traitements qu’elle ne désirait pas mais contre lesquels elle n’osait pas regimber, notamment si elle etait bien plus jeune que le conjoint.
    Dans ce genre de situation, c’est bien plutôt ressenti contre ressenti tel que modifié par le temps, que parole contre parole. On peut envisager que la plaignante soit entièrement sincère et pour autant qu’elle ne soit pas fondée dans sa plainte.

  4. De JPB – en mode JPB et son, heu, vécu :
    « elle fit payer, via pensions alimentaires, prestations compensatoires et confiscation de la progéniture, élevée dans la version faisandée de maman,..
    tout au plus avait-il, chaque année, une demi-douzaine de liaisons extra-conjugales qui étaient nécessaires à sa respiration et à son inspiration. »

    à ECHO – qui n’est pas (tout à fait) sur la même longueur d’onde, sans compter l’approche « psy » * en mode Josip –
    (ECHO) :
    « Pourquoi ce qui avait été accepté à un moment devient il inacceptable dans le souvenir ?
    Fait- on payer au dominateur (qui pourrait être une femme d’ailleurs) ses échecs ultérieurs…
    c’est bien plutôt ressenti contre ressenti tel que modifié par le temps, »

    Je penche(rais) plus volontiers (!) vers la version JPB (10h30) ; en tout cas, en totale conformité avec notre époque… :
    « Ce qui est en jeu, c’est le pouvoir — en l’occurrence pouvoir féminin (elles se disent que c’est leur tour) contre pouvoir masculin. Aussi peu fondés l’un que l’autre.
    Rapport de forces… »

    * des vécus et des ressentis, qui, après littérature(s), cinéma, et… media (de quoi en faire leurs choux gras),
    ne sont pas, non plus, dénues d’intérêt(s) pour les cabinets de psys… :
    cf les mots « accepté », dominateur, chez ECHO,
    ou encore, chez Josip, « libération de la parole », « psychologie féminine »… –

    sauf que (Josip) le « rapport compulsif à l’écriture » de JPB (remarque tout à fait judicieuse !),
    n’est pas vraiment comparable, d’abord parce que… en continu (!),
    alors que cette « libération par la parole », très… tardive (!)
    n’en fait, encore une fois, que les choux gras des media,
    autrement dit, une mise en scène,
    un spectacle,
    bien peu ragoûtant, sans que personne ne cherche à en tirer une quelconque réflexion,
    si ce n’est pointer le curseur sur des termes en ces temps particulièrement conspués : « ravages du patriarcat », « libération féminine », etc, etc…

  5. Brighelli : « Rapport de forces — ce à quoi se réduit l’existence des mammifères prédateurs que nous sommes. »
    La relation homme/femme n’est pas condamnée à rester fondée sur la loi du physiquement plus fort, ce qu’elle a été aux temps de nos ancêtres de la préhistoire.
    Je crois savoir que c’est un processus long, d’ailleurs non encore arrivé à son terme, qu’on appelle « civilisation ». Non?

    • C’est de cette dénonciation du rapport de force, dont vous vous faites l’écho, que l’on verra l’émergence de cette tendance ultra réactionnaire que l’ami Attali craignait de voir arriver dans les dix ans à venir. Souvenez-vous de la question intéressante qu’il posait suite à la polémique sur l’ouverture des JO.
      Sans même vous en rendre, à nier l’évident sens opportuniste et bassement matérialiste qui peut parfois se cacher dans des actions qui se voudraient irréprochables dans ce que la morale réprouve, vous participez plus que quiconque à cet obscurantisme dont pourtant vous dénoncerez encore les effets.

    • On n’entend pas, on ne peut pas entendre le témoignage de Catherine Ringer, (qui elle n’a jamais nommé celui dont elle fut victime à son adolescence, précision qui n’est pas anodine) comme on écoute celui que nous donne Godrèche.

    • En troize et j’arrête :
      Libérer la parole pour qui au juste ?

      j’en ai autant à faire des actrices que les actrices en ont à faire de moi. Quand la parole sera véritablement donnée aux femmes anonymes, considérée dans les tribunaux (je ne vous renvoie pas aux affaires qui défraient la chronique actuellement qui démontrent le si grand souci protectionniste de nos magistrats qui se manifeste tous les jours dans leur décision de justice, hein) et les postes de polices, nous en reparlerons, Josip. J’en ai rien à braire de Godrèche et qu’elle se garde de vouloir être l’incarnation d’un combat féministe.

  6. On pourrait alors rétorquer : à quoi bon tenter d' »éduquer », (d’ »élever » !) ?
    Il en est aussi, il est vrai, des semble-t-il parfaitement « bien élevés » qui se permettent, sciemment, les pire fantaisies.

    • (Josip) : Un « processus long »… « qu’on appelle civilisation »… qui semble toujours très loin d’arriver à son terme – encore fau(drai)t-il s’interroger sur le mot « terme »..

      Féminiser le vocabulaire, « déconstruire », jusqu’à… « transgenrer », sont-ce des avancées ? *
      ou de la mise en scène , du spectacle – parfois portés à leur paroxysme – et dont certain.e.s (!) profitent (évidemment) pour se remplir les poches ?

      Dans un autre contexte, passer de « nigger » à.. « .African-American » a-t-il réellement changé la… donne ?

      * tandis que PMA, ventres à louer, sont aussi de saison, puisque nous sommes (toujours et encore) dans l’ère du… business.

  7. Amalgamer les travers de Judith avec ceux de toutes les femmes, la définissant comme une seule mécanique appartenant à un seule et même cerveau attribué à toutes, n’est pas super malin.
    Non votre ex n’est pas Judith ; vous n’épousiez pas Judith…

    • (Il ne peut s’empêcher de régler ses comptes dès qu’il est question de souris… Jean-Paul, Pacha malgré lui, est une victime, c’est bien connu !)

  8. Josip Gavrilovic 27 septembre 2024 At 9h11

    Oui. Affaire classée pour la justice. Prescription, parole contre parole etc.
    Mais il y a une chose que Brighelli ne parvient pas à comprendre : ce que cherchent Godrèche et toutes les autres, c’est la libération salvatrice de la parole.

    Hello, Dear !
    Ce que vous, vous ne parvenez pas non plus à comprendre non plus c’est le cachet non négligeable que Judith a touché pour vendre sa série de six épisodes à Arte… (Combien a-t-elle touché par épisode en droit d’auteur ? Beaucoup…)
    Et bien je con-fesse que pour le même montant je pourrais peut-être également me découvrir des traumatismes, des trucs horribles qui ressurgissent de ma mémoire qui m’empêcheraient de dormir, m’étendre en large et en travers sur un vilain connu (^^) chez Barthes, me mettre en relation avec un mouvement woke àlakh’ ( Bim ! Allô Caroline de H ? Elle me dégoterait une promo presse et TV aux petits oignons) puis prendre l’oseille et partir en Irlande ou en Italie ou bien aux Marquises.

  9. Coupez lui, coupez leur tout ce qui dépasse. Je te castrerais tous ces salopards de violeurs et de sadiques vite fait, bien fait. Et aux galères, cela les occuperait sainement .

  10. Gérard
    27 septembre 2024 At 17h25 (à propos de mon interprétation de la prise de parole de J. Godrèche)
    « Libérer la parole pour qui au juste ? »

    En premier lieu, avant tout, first and foremost, prije svega, pour elle-même. Se libérer d’un poids. Lâcher le morceau. Cesser de se sentir coupable – car oui, c’est bien connu, dans ces affaires-là, ce sont les victimes qui éprouvent honte et culpabilité. Et c’est ce qui explique qu’il faut parfois 25 ans ou plus pour que ça sorte. Cette libération de la parole, c’est le principe même de ce qui permet de se sauver soi-même.

    En second lieu, pour les autres victimes. Pour leur dire qu’elles ne sont pas seules. Pour leur faire comprendre que la libération de et par la parole, ça n’est pas rien. Pour les aider à franchir le pas et à l’ouvrir. Sans crainte. Sans honte. Sans culpabilité.

    • Vous vous rendez compte de ce que vous dites ?
      Mais qu’est-ce que les gens en ont à faire des supposées vicissitudes d’une actrice exposées au grand jour et dans lesquelles strictement aucune victime anonyme à l’expérience douloureuse singulière ne se pourrait se projeter d’une part mais pire encore, qui pourraient se sentir être désavouée par ce que beaucoup considère être un abus de la part de Godrèche.

      • Je vous offrirais volontiers le témoignage lapidaire de Béatrice Dalle au sujet de ces actrices opportunistes, petites et grandes, pour bien les connaître, où elle explique clairement que leur comportement en privé était en complète dissonance avec ce qu’elles prétendaient avoir vécu en public.

      • De la pub pour la Gode’ qui, de plus, pouvait se payer un avocat, ce qui n’est pas le cas de toutes les (supposées) violées du monde…

      • Je vous l’ai déjà dit à plusieurs reprises quand il y a quelques mois nous évoquions les victimes de Poivre d’Arvor et de Depardieu : quand il s’agit de dénoncer les abus de pouvoir, le machisme qui peut aller jusqu’au viol, toutes les voix sont bonnes à entendre, aucune n’est à rejeter.
        Soupçonner ces actrices connues de rechercher le contrat juteux qui va relancer leur carrière, c’est vraiment voir le problème par le tout petit bout de la lorgnette.
        Quand la cause est juste, toutes les voix sont bonnes à entendre. Et vous, vous voudriez faire un tri ?

  11. Jean-Paul Brighelli
    27 septembre 2024 At 13h33
    Quand on demande à la civilisation de contrarier la nature, ça marche rarement.

    L’implicite de cette déclaration de notre hôte laisse rêveur – et un peu inquiet.
    Si ça marche rarement – ce qui est d’ailleurs plus que contestable -, faut-il renoncer ? Et laisser faire la Nature ? Plus de lois ? Plus de Droit ? Plus d’exigence morale ? Bref, plus de Culture? Laisser les pulsions et les « instincts » dicter la marche du monde et l’organisation de la société ?
    Brighelli, vous êtes sûr ?
    Brighelli, vous allez bien ?

    • C’est rien qu’un gredin : Il le fait exprès.
      Mais dans un système entièrement dominé par le business – et le laisser-faire en toute impunité – « pulsions » et (mauvais !) « instincts » ont plus que jamais toute latitude…

    •  » faut-il renoncer ? Et laisser faire la Nature ? Plus de lois ? Plus de Droit ? Plus d’exigence morale ? Bref, plus de Culture? Laisser les pulsions et les « instincts » dicter la marche du monde et l’organisation de la société ? »

      Mais quelles ont été les réponses que Me too a apportées dans l’éthique du droit et de la morale que vous revendiquez ? On en parle ? Parle-t-on de ces dénonciations de faits prescrits sur fond de tribunal populaire qui contreviennent totalement au principe de la présomption d’innocence ?

      C’est ça ,votre droit ?

      Même Fourest qui succombant à un sursaut de conscience et préoccupée par se laver de l’accusation de menteuse qu’elle traînait depuis des années s’est prise de dénoncer ce que vous défendez dans son dernier opus au sujet de Me too… Même Forest, Josip.

  12. « Cette libération de la parole, c’est le principe même de ce qui permet de se sauver soi-même.
    En second lieu, pour les autres victimes. Pour leur dire qu’elles ne sont pas seules. Pour leur faire comprendre que la libération de et par la parole, ça n’est pas rien. Pour les aider à franchir le pas et à l’ouvrir. Sans crainte. Sans honte. Sans culpabilité. »

    On se croirait presque… à con-fesse.
    (mais pas chez feu l’abbé Pierre)

      • De la part des dames de ce forum, l’ignorance – réelle ou feinte – de l’importance du langage et du recours à la parole dans la résolution de la souffrance psychique à quelque chose d’intersidéral et de sidérant.
        Mais je sais me montrer magnanime, bonne âme (comme disait le défunt batteur de Led Zeppelin) et bonne pâte : vous pouvez prendre contact avec moi pour quelques leçons particulières.

          • Gérard
            27 septembre 2024 At 20h34
            La parole à des fins analytiques se pratique en privé !

            Voilà une objection recevable en effet.
            La parole analytique se pratique en effet en privé, avec un bémol considérable : quand on décide de porter ses traumatismes et ses souffrances psychiques sur la place publique pour devenir en quelque sorte un lanceur d’alerte sur ce qui a causé ces traumatismes et ces souffrances. C’est notamment le cas des victimes de PPDA.

        • Mais quelle blague… Comme si une analyse pouvait se pratiquer sur un plateau TV face à Mireille, recouvrir dans les détails les pans entiers d’une vie, torcher une conclusion qui se mue en guérison et ce, en 15 ou 30 mn chrono. Pff… Vous êtes au bon endroit, Josip, vous vous complaisez chez les exibos.

          • Heu…qui est cette Mireille ?
            Les victimes de PPDA se sont exprimées en place publique par voie de presse écrite, puis dans une émission de TV, me semble-t-il. Il leur a fallu beaucoup de courage, elles le disent. Aucun exhibitionnisme. Mais la volonté de briser la loi du silence.
            Ça vous déplaît ?

          • Le principe de dénonciation sans qu’aucune plainte ne soit déposée me déplaît profondément, en effet.

          • Exactement !
            Ceci dit, la parole ne résout parfois en rien la souffrance psychique – je parle en (très bonne) connaissance de cause.

            Et pour en revenir à l’exemple (!) de Ppda (il ne mérite pas de majuscules), on se rappelle qu’il n’y en a qu’une (sur la Une) qui a su s’en faire, heu, respecter, se faire engrosser, et parfaitement s’en tirer !…

          • Aller étaler sa « souffrance » dans les me(r)dia ne change strictement rien,
            sinon permet de « vendre » un peu plus de « temps de cerveau disponible ».
            toujours pousser le bouchon un plus loin – du Mireille Dumas +++ !

  13. Je suis bien d’accord avec vous sur ce point. Pour moi le plus grand, c’est toujours Elvin Jones. Dans le monde du proto-jazz-rock-fusion, Mitch Mitchell.
    Mais il y en a tellement…Tony Williams, Jack De Johnette, Bill Bruford, Billy Cobham, Philly Joe Jones, Sam Woodyard et tant d’autres…

  14. Gérard
    27 septembre 2024 At 20h46
    Lanceurs d’alertes ? Ou lanceuses de dénonciations calomnieuses ?

    Aucune dénonciation, mais des accusations en bonne et dûe forme visant PPDA.
    Il y aura procès. Let’s wait and see.

    • Nous parlions de me too, nous parlions de Godrèche. Le cas d’un homme qui supporte mal le pouvoir qui lui est octroyé n’a rien d’exceptionnel. Il y en aura d’autres.

    • Et bien, Josip, voilà de quoi occuper les me(r)dia en lieu et place de ce qui importe vraiment.
      Mais quoi de plus porteur, en termes de spectaculaire, que les malheureuses histoires de ukh de ce petit microcosme !!

      • Sans compter que presse écrite et tv n’intéressent qu’une part de plus en plus limitée de la population…
        Ppda, Depardieu & co : des boomers ! what else !

  15. Que Judith Godrèche n’ait pas réfléchi au très mauvais symbole produit par la présence de sa fille dans sa série et dans son court-métrage, donnant à son tour dans l’entre-soi et la pente incestueuse qu’elle s’applique à dénoncer, est sidérant. Et me laisse penser – comme sa série- que sa réflexion féministe en est vraiment au stade 1.
    Certes elle a un angle mort sur le népotisme, mais en dehors de ça, ça reste une immense penseuse, et une immense cinéaste…

    • immense penseuse, immense cinéaste, immense ironie (suite)

      Après, Benoît Jacquot est tout de même un cinéaste dispensable, bien que la seventophilie de la France finissante incarnée par ce blog lui donne aujourd’hui une aura qu’il ne serait sûrement venu à toute personne claivoyante l’idée de lui donner de son vivant.

      • Y’a la  » seventohphilie de la France finissante » et le Ricain bondissant * (et sa smala) en mode lfdh.

        * vers un avenir radieux ;
        Le « Basque bondissant », service de bus, existe toujours.
        C’est que certains pelotari s’y connaissaient en (re)bondissements, devant le fronton, leur chistera à la main.
        yo !

  16. Madame,

    Ici on vient découvrir des Dugongs, des vrais…Pour l’instant y’en a au moins quatre, un thésard bosse dessus. Il a réuni du beau matériel mais les nègres ont commencé à voler les pièges-photos.

  17. Brighelli :
    « Un que je connais, comme dit Brantôme chaque fois qu’il parle de lui, a vécu jadis une histoire quelque peu semblable. (…).Il lui a tout appris du cinéma et de l’amour, le B-A-Ba et les complaisances (comme dit Valmont dans les Liaisons) les plus extrêmes. Il lui a épargné les déclarations niaises et les gestes incertains des adolescents boutonneux de son âge… »

    Deux remarques s’imposent ici :
    1. « Un que je connais, comme dit Brantôme chaque fois qu’il parle de lui » : le caractère autobiographique de l’anecdote est ici pleinement assumé, et il ne fait alors plus aucun doute que la chronique de Brighelli est bel et bien un plaidoyer « pro domo ».
    2. La suite du passage que je cite n’est rien moins qu’un auto-panégyrique, une auto-célébration : « je lui ai tout appris de l’amour et de la recherche du plaisir/je lui ai évité les pénibles maladresses et autres bachotages sur l’oreiller de jeunes gommeux malhabiles ou égoïstes ou trop impatients », c’est en substance ce qu’il nous dit.
    En clair, Brighelli se décerne à l’unanimité du jury (i.e. lui-même) un Master d’Orgasmologie Féminine.
    Comment alors, par contraste, ne pas avoir ceci en tête :
    « Qu’on me comprenne bien j’ai l’âme du satyre
    Et son comportement mais ça ne veut point dire
    Que j’en ai le talent le génie loin s’en faut
    Pas une seule encore ne m’a crié bravo »
    Quand il parlait de la bagatelle et du déduit, Brassens était plus modeste – et tellement plus drôle – que Brighelli…

  18. a) « … la manifestation hystérique consistant à dénoncer, bien des années plus tard, un homme dans les bras duquel on a intensément joui … Judith Godrèche, en dénonçant Benoît Jacquot trente ans après les faits supposés, est l’illustration emblématique de cette disposition à la réécriture de l’histoire.
    b)…la petite Judith s’est-elle éclatée ou non dans les bras de Benoît, avec qui elle a vécu ?

    Si a) est vrai,alors b) n’est pas une vraie question.

  19. Josip Gavrilovic 27 septembre 2024 At 9h23
    Mais peut-être la réaction de Brighelli devant ces affaires est-elle, tout simplement, une façon de nous faire comprendre que l’accusé, le seul, le véritable accusé, c’est lui-même ? Peut-être présente-t-il dans cette chronique sa propre défense ? Peut-être utilise-t-il le pouvoir libérateur de l’écriture comme Godrèche utilise le pouvoir libérateur de la parole ?
    Lui seul le sait.
    ——————————————————————————————————-
    Vous avez dû remarquer,comme moi, que depuis quelque temps (disons depuis que le Maestro a entamé sa huitième décennie) les billets ont pris un ton un peu funèbre:confession+cérémonie des adieux.

    Je crois que vous avez vu juste en parlant du pouvoir libérateur de la parole- en lequel la Maestro aurait placé un (mince) espoir.

    Il ne se résoudra jamais,je pense, à s’exprimer sur l’événement crucial de sa vie d’homme: le viol subi à l’âge de quatorze ans.

    J’irais jusqu’à dire que toutes les confidences qu’il fait ici (pour savoureuses,piquantes et intéressantes qu’elles soient à nos yeux) ne sont (du point de vue du psychisme et de la tentative désespérée d’une réconciliation avec lui-même) que des manoeuvres d’évitement.

  20. Josip Gavrilovic 28 septembre 2024 At 10h32
    Brighelli :
    «…Il lui a tout appris … de l’amour, le B-A-Ba et les complaisances (comme dit Valmont dans les Liaisons) les plus extrêmes. Il lui a épargné les déclarations niaises et les gestes incertains des adolescents boutonneux de son âge… »

    … La suite du passage que je cite n’est rien moins qu’un auto-panégyrique, une auto-célébration : « je lui ai tout appris de l’amour et de la recherche du plaisir/je lui ai évité les pénibles maladresses et autres bachotages sur l’oreiller de jeunes gommeux malhabiles ou égoïstes ou trop impatients »
    ——————————————————————————————————-

    L’usage des expressions « rien moins que » et « rien de moins que » est particulièrement délicat, car elles sont diamétralement opposées par le sens. Dites-vous que la moins longue a une connotation négative, tandis que la plus longue a une connotation positive.

    Rien moins qu’intelligent = nullement intelligent.
    Rien de moins qu’intelligent = vraiment intelligent.

    https://www.projet-voltaire.fr/regles-orthographe/rien-moins-que-ou-rien-de-moins-que/

  21. « …pronom indéfini rien, dans des tournures que l’on confond souvent, bien que leur sens s’oppose. Ne… rien moins que signifie « nullement, en aucune façon ». Il n’est rien moins que sage, il n’est pas du tout sage. Vous le croyez votre rival, mais il a d’autres vues et n’aspire à rien moins qu’à vous supplanter, il n’y aspire nullement. Sans complément. Ne… rien moins, pas du tout. Je ne désirais rien moins. Je ne pensais à rien moins, je n’y pensais en aucune façon.
    ▪ Au contraire, Ne… rien de moins que signifie « véritablement, bel et bien ». Il n’est rien de moins que le meilleur spécialiste de la question, il l’est sans aucun doute. Il vous trahit et n’aspire à rien de moins qu’à vous supplanter, il y aspire bel et bien, il s’y emploie. Il ne s’agit de rien de moins que de votre vie, c’est votre vie qui est en cause.  »

    https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9M2499-A?history=0#:~:text=rien%20moins%20que%20signifie%20%C2%AB%20nullement,Sans%20compl%C3%A9ment.

    NB Si on raisonne mathématiquement, « rien moins que  » s’intreprète facilement ainsi.

    Soit X un individu; soient a,b,c,d… des qualités ou propriétés mesurables (et donc qu’on peut classer par ordre).

    par exemple, a pourrait être l’intelligence.
    « X est rien moins qu’intelligent  » peut se gloser ainsi: de toutes les qualités/propriétés de X ,l’intellignece est celle qu’il posséde au plus faible degré.( il est, par exemple plus beau qu’intelligent)

  22. « Il arrive que l’on identifie et donne un nom à une maladie longtemps après en avoir constaté les ravages.  »

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    Dans ce billet le Maestro nous instruit sur une maladie dont souffre J.Godrèche et que par conséquent il nomme « syndrome Godrèche »;
    La tradition médicale voudrait plutôt que l’on désignât les maladies par le nom de leur découvreur.
    Ainsi,la plus courante des maladies auto-immunes de la thyroïde se nomme maladie d’Hashimoto,qui l’identifia et la décrivit en 1912,sans pouvoir en expliquer la cause et bien sûr sans se douter qu’il s’agissait d’une attaque de la thyroïde par le systéme imunitaire lui-même.

    Zur Kenntnis der lymphomatoen Veranderung der Schilddruse (Strums lymphomatosa)

    HASHIMOTO H

    Arch F Klin Chir 97 219-248, 1912

    Si on voulait se conformer à la tradition il faudrait rebaptiser les « syndrome Godrèche » et l’appeler dorénavant syndrome Brighelli.

    Les injections d’ARN messager artificiel ont de multiples effets secondaires; le déclenchement de maladies auto-immunes en est un;la communauté médicale avait été avertie de ce risque par certains médecins avisés.

    Ce qui était prévisible et prévu s’est bel et bien produit. On commence à comprendre le processus:les cellules transfectées peuvent être considérées comme étrangères par le système immunitaire et donc détruites par celui-ci.

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