West Side Story, 1961 — Natalie Wood (Maria) et Richard Beymer (Tony).

Comme son nom l’indique, le coup de foudre est l’affaire d’un instant :

« — Vous voyez cette fille-là ? …
— Chloé ?
— Vous la connaissez ? dit Colin. Je lui ai dit une stupidité, et c’est pour ça que je m’en allais.
Il n’ajouta pas qu’à l’intérieur du thorax, ça lui faisait comme une musique militaire allemande, où l’on n’entend que la grosse caisse.
— N‘est-ce pas qu’elle est jolie ? demanda Alise.
Chloé avait les lèvres rouges, les cheveux bruns, l’air heureux et sa robe n’y était pour rien.
— Je n’oserai pas, dit Colin.
Et puis, il lâcha Alise et alla inviter Chloé. Elle le regarda. Elle riait et mit la main droite sur son épaule. Il sentait ses doigts frais sur son cou. Il réduisit l’écartement de leurs deux corps par le moyen d’un raccourcissement du biceps droit, transmis du cerveau, le long d’une paire de nerfs crâniens choisis judicieusement.
Chloé le regarda encore. Elle avait les yeux bleus. Elle agita la tête pour repousser en arrière ses cheveux frisés et brillants, et appliqua, d’un geste ferme et déterminé, sa tempe sur la joue de Colin.
Il se fit un abondant silence à l’entour, et la majeure partie du reste du monde se mit à compter pour du beurre. »

Jérôme Robbins et Robert Wise avaient-ils lu l’Écume des jours ? En tout cas, c’est cet « abondant silence » qui règle la fameuse scène de la rencontre entre Tony et Maria dans West Side Story — au milieu du vacarme d’un dancing. Et sans doute Shakespeare, qui a fourni l’archétype du coup de foudre, ne l’imaginait-il pas autrement :

« ROMÉO, à un valet, montrant Juliette.
— Quelle est cette dame qui enrichit la main — de ce cavalier, là-bas ?

LE VALET.
Je ne sais pas, monsieur.

ROMÉO.
Oh ! elle apprend aux flambeaux à illuminer ! — Sa beauté est suspendue à la face de la nuit — comme un riche joyau à l’oreille d’une Éthiopienne ! — Beauté trop précieuse pour la possession, trop exquise pour la terre ! — Telle la colombe de neige dans une troupe de corneilles, — telle apparaît cette jeune dame au milieu de ses compagnes. — Cette danse finie, j’épierai la place où elle se tient, — et je donnerai à ma main grossière le bonheur de toucher la sienne. — Mon cœur a-t-il aimé jusqu’ici ? Non ; jurez-le, mes yeux ! — Car jusqu’à ce soir, je n’avais pas vu la vraie beauté. »

Le très anglophile Abbé Prévost n’a pas fait mieux lors de la rencontre à Amiens du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut :

« J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens. Hélas ! que ne le marquai-je un jour plus tôt ! j’aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s’appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d’Arras, et nous le suivîmes jusqu’à l’hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes qui se retirèrent aussitôt ; mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule dans la cour, pendant qu’un homme d’un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s’empressait de faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante, que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention ; moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport. J’avais le défaut d’être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais, loin d’être arrêté alors par cette faiblesse, je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur. »

Le plus drôle, c’est que ces éclairs d’amour résultent, d’après les littérateurs, du premier regard. C’est vrai même lorsque — fatalitas ! — le coup de foudre est à sens unique. On se rappelle Phèdre :

« À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ;
Athènes me montra mon superbe ennemi :
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler :
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables ! »

Même sens unique dans La Princesse de Clèves :

« M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu’il fut proche d’elle, et qu’elle lui fit la révérence, il ne put s’empêcher de donner des marques de son admiration. »

Ou Frédéric, dans L’Éducation sentimentale — le plus fameux des paragraphes de cinq mots :

« Frédéric, pour rejoindre sa place, poussa la grille des Premières, dérangea deux chasseurs avec leurs chiens.
Ce fut comme une apparition.
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu’il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda.
Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent, derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l’ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu.
Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler sa manœuvre ; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le banc, et il affectait d’observer une chaloupe sur la rivière.
Jamais il n’avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des doigts que la lumière traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une chose extraordinaire. Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu’elle avait portées, les gens qu’elle fréquentait ; et le désir de la possession physique même disparaissait sous une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n’avait pas de limites. »

Cette vieille ganache d’Aragon a cru malin de raconter un non-coup de foudre — ce qui en définitive revient au même. C’est l’incipit d’Aurélien, et il procède là aussi de la vue :

« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n’aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu’il n’aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu’il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d’Orient sans avoir l’air de se considérer dans l’obligation d’avoir du goût. »

Il n’y a guère qu’au Moyen Age que le regard est second, et où le sentiment premier naît, alors même que les protagonistes ne se sont pas encore rencontrés, de la réputation. Lancelot est amoureux de Guenièvre avant même de l’avoir vue. Et je ne parlerai pas de Tristan et Yseult, victimes d’un élixir d’amour, comme dit Donizetti.
Les contes fonctionnent eux aussi sur le regard, capable d’exhorter le prince charmant à violer le tabou le plus profond qu’est le respect des morts. Dans Blanche-Neige, c’est d’un vrai cadavre que le prince tombe amoureux — et dans la Belle au bois dormant, imaginez à quoi ressemble Aurore après un petit somme de cent ans.

En fait, l’œil cherche des excuses à un sentiment soudain dont la cause biologique passe par cet organe roturier qu’est le nez. C’est ce qu’explique en détail Jean-Didier Vincent dans La Biologie des passions (1986), et dans ce joli documentaire, mis partiellement en fiction, intitulé Biochimie du coup de foudredisponible en quatre épisodes sur DailyMotion. On y pose des questions essentielles, auxquelles Shakespeare n’avait pas pensé : « Quelques grammes de lulibérine dans le cerveau d’Abélard peuvent-ils expliquer sa passion pour Héloïse ? Quelques milligrammes d’oxyde nitrique dans le sang de Roméo seraient-ils la cause de son désir pour Juliette ? Casanova était-il le jouet de sa dopamine ? »

Jean-Didier Vincent lui-même, tout biologiste qu’il soit, explique que les hormones sont inextricablement liées à une culture, qui fait du coup de foudre un « déjà vu » (ou « déjà lu ») auquel les protagonistes de l’orage biochimique se réfèrent inconsciemment pour expliquer ce qui se passe alors dans la psyché. Les phéromones provoquent dans notre hypothalamus une réaction en chaîne, qui à son tour aguiche les référents culturels de l’événement.
Et, au passage, en dilatant les vaisseaux, cette réaction biochimique fait rougir (rappelez-vous Phèdre, mais Louise Labé n’est pas en reste, elle qui a « chaud extrême en endurant froidure »), elle permet le gonflement des lèvres d’en haut et d’en bas, dilate l’iris, et provoque l’érection chez les messieurs qui n’ont pas l’aiguillette nouée, comme on disait au XVIIIe siècle.

L’autre facteur de production du coup de foudre tient au terrain sur lequel il tombe. Un couple constitué depuis lurette a nécessairement épuisé les sollicitations hormonales ravageuses de l’événement pur. D’où la fragilité des couples installés, et leur capacité à tomber amoureux comme on tombe malade. La conjugalité ne fournit aucun anticorps pour lutter à égalité face à la violence soudaine de la sollicitation hormonale. Si l’amour dure trois ans (dixit Frédéric Beigbeder), que dire lorsque cela fait dix ou vingt ans que l’on s’attelle au même brancard ? Un an, trois ans, cinq ans, peu importe : au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable.

Bien sûr, c’est un leurre, un piège dans lequel vous font tomber les hormones, mâtinées d’exemples littéraires ou cinématographiques de façon à atténuer la culpabilité (parce qu’il n’est pas de « passion simple », n’en déplaise à cette buse d’Annie Ernaux). Un feu de paille : aucune union durable ne se fonde sur un coup de foudre, et les écrivains sont bien inspirés de faire mourir précocement leurs héros. Dans Pyrame et Thisbé, ils se poignardent, dans Roméo et Juliette, il s’empoisonne et elle se tue, et dans Tristan et Yseult, il est assassiné par le vilain roi Marc, et elle se pâme à mort sur son cadavre.
Il n’y a guère qu’Abélard et Héloïse qui survivent à leur coup de foudre — mais Abélard a été châtré, et Héloïse est entrée en religion : ils ont un mot d’excuse pour continuer à s’aimer, puisque c’est de façon purement intellectuelle, et à distance.

« Il est de bons mariages, il n’en est point de délicieux », écrit La Rochefoucauld, qui s’y connaissait en amour. En fait de mariage, il n’y a de durable que les mariages de raison ; la passion est bien trop brutale et éphémère pour qu’on fonde sur elle une liaison durable. À moins que d’autres perturbateurs culturels se substituent aux références premières, faisant du couple une image de la durée, jusque dans la mort : voir et revoir le très beau et insoutenable film de Michael Haneke, Amour (2012), où Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva s’aiment jusqu’au dernier soupir. C’est ainsi que l’on devient de « vieux amants », comme dit Brel :

« Bien sûr tu pris quelques amants,
Il fallait bien passer le temps,
Il faut bien que le corps exulte…
Finalement, finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes… »

Jean-Paul Brighelli

510 commentaires

  1. « cette buse d’Annie Ernaux »
    Vous avez des rancunes tenaces, M’sieur Brighelli !

    Et à part ça, le plus beau coup de foudre de la littérature française ne serait-il pas celui reçu par Frédéric Moreau lors de sa première vision de Madame Arnoux, « ce fut comme une apparition » ?

  2. « C’est ce qu’explique en détail Jean-Didier Vincent dans La Biologie des passions… »

    Tiens,tiens, je me disais aussi:ça fait un moment que le Maestro nous parle hormones,écheveau nerveux,hypothalamus (le fouet qui sollicite l’arc-dorso-fessier truc-muche etc.)

  3. « Les phéromones provoquent dans notre hypothalamus une réaction en chaîne, qui à son tour aguiche les référents culturels de l’événement. »

    Et ces « référents culturels »,sous quelle forme sont-ils présents dans notre organisme ?
    Et comment se fait-il qu’Elizabeth Taylor fait bander Untel mais pas Bukowski ?

  4. Faut-il être sévèrement phéromoné pour être éligible au coup de foudre ?

    Je pose la question.

  5. « ce fut comme une apparition », suite :

    Peut-on considérer que c’est une forme de coup de foudre qui a frappé Bernadette Soubirous?
    Que dit la Physique sur ce point?
    Est-il question, charité chrétienne aidant, de faire aumône?

    • En tut cas, si les saintes ne se prenaient pas des pieds géants, seraient-)elles aussi nombreuses ? Et les représenterait-on avec ces regards extatiques — voir la sainte Thérèse du Bernin dont j’ai parlé jadis…

    • Si Bernadette avait été isolée dans une cage de Far(f)aday, on n’aurait jamais été pollué par toutes ces enculeries et Lourdes serait restée une petite bourgade sans prétention galactique.

  6. Merci JPB.
    Un cours classique, illustré de références littéraire, que tout élève bien né (bien éduqué !) est supposé connaître ;
    tout aussi classique que le choix es cinéma (WS story et ses incessants clichés, année(s) soixante) ;
    je suppose que dans le « très beau » Haneke, Trintignant ne doit pas être très bavard (?!).

    Il arrive que l’attachement de vieux a(i)mants, ne se délie pas, jusqu’à la mort ; le reflet qu’on a de l’autre peut être très puissant, tout comme… la force de l’habitude ; d’ailleurs, la mort de l’un est assez souvent rapidement suivie de la mort de l’autre.

    Ceci étant, rares sont les Ernault, buses ou pas, qui se racontent, avec un plus jeune ama(i)nt (je rappelle que je n’ai pas lu l’œuvre) ;
    ce sont plutôt les plus jeunes a(i)mantes, qui font tradition.

    Et ces plus jeunes a(i)mantes ont tendance à quitter leurs plus vieux a(i)mants quand le poids des os se fait quelque peu plus lourd ;
    il arrive qu’ un testament les convainque de faire des efforts ; entre intérêt et devoir… Mais, là encore, ce n’est pas monnaie courante ;
    l’appât du talent, voire plus, (pour un Gainsbourg, par ex), tient très bien la rampe ; l’appât du gain (pour un Jagger, par ex), ou du pouvoir, c’est une (toute) autre histoire (d’amour), et qui pèse, encore plus lourd, dans la balance.

  7. Dans ce billet,un seul coup de foudre éprouvé par une femme (Phèdre).
    Et dans l’ensemble de la littérature française ? Combien de coups de foudre féminins ?

    J’ai l’impression que quand une meuf a un coup de foudre,elle le cache;question de prudence.

    • à moins que « Louise Labé n’est pas en reste, elle qui a « chaud extrême en endurant froidure » » ne nous parle d’un coup de foudre.

      • Je vis, je meurs, je me brûle et me noie,

        J’ai chaud extrême en endurant froidure,

        La vie m’est trop molle et trop dure.

        J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

        Tout à un coup je ris et je larmoie,

        Et en plaisir maint lourd tourment j’endure ;

        Mon bien s’en va et à jamais il dure ;

        Tout en un coup je sèche et je verdoie.

        Ainsi Amour inconstamment me mène

        Et, quand je pense avoir plus de douleur,

        Sans y penser je me trouve hors de peine.

        Puis, quand je crois ma joie être certaine

        Et être au haut de mon désiré heur,

        Il me remet en mon premier malheur.

        C’est pas un coup de foudre.

  8. je donnerai à ma main grossière le bonheur de toucher la sienne.

    And, touching hers, make blessèd my rude hand.

    blessed:bénie…l’idée est absente de la traduction.

    NB On apprécie d’autant plus la finesse et douceur d’une peau qu’on a soi-même une peau rugueuse;une jeune peau qui couche avec une jeune peau goûte moins son plaisir qu’une vieille peu dans la même situation.

  9. « — Au Ritz, un soir de destin, à la réception brésilienne, pour la première fois vue et aussi tôt aimée, dit-il (…)
    En ce soir du Ritz, soir de destin, elle m’est apparue, noble parmi les ignobles apparue, redoutable de beauté, elle et moi et nul autre en la cohue de réussiseurs et des avides d’importances, mes pareils d’autrefois, nous deux seuls exilés, elle seule comme moi, et comme moi triste et méprisante, et ne parlant à personne, seule amie d’elle-même, et au premier battement de ses paupières je l’ai connue.  » Albert Cohen

  10. Latour voulait faire causer Gaïa dans un dialogue démocratique élargi aux « non-humains ».

    Mais déjà la faire jouir est une autre paire de burnes sans compter que, dans ce causement, la Lune est laissée de côté (pas citoyenne, la gueuse).

    Les cons…

  11. « Tomber amoureux », reste « to fall in love ;
    par contre, le « coup de foudre » se réduit à « love at first sight » ; c’est très réducteur.
    Sauf avec Shakespeare, un exemple parmi tant d’autres :
    « O, she doth teach the torches to burn bright!
    It seems she hangs upon the cheek of night
    As a rich jewel in an Ethiope’s ear » (…)

    (« And, touching hers, make blessèd my rude hand » – toucher sa main, une bénédiction pour la fruste mienne – qui en a donné une bonne traduction ?)

    « Did my heart love till now? Forswear it, sight,
    For I ne’er saw true beauty till this night ».

    • le « coup de foudre » se réduit à « love at first sight »

      Y a quand même « smitten » et « love-struck » (qu’on peut mettre en parallèle avec thunderstruck)

      Tatiana is smitten with Onegin and declares her love in a letter to him.
      — Harold C. Schonberg

  12.  » le coup de foudre » se réduit à « love at first sight » ; c’est très réducteur  »
    Pauvres Anglais !
    « flechazo » en espagnol.
    Il n’y a que les Anglais et les Réunionnais qui n’ont pas d’équivalent.
    Et encore, pour les Réunionnais, je ne suis pas certain, faudrait demander à Dugong.

    • « flechazo » fait penser à la flèche (de Cupidon) ! il a des centaines de langues sur la planète, et certainement autant de façons de dire ; et difficile de faire plus laid, que les langues créoles…

    • Nobn, faut demander à la Flole qui connaît tout de l’orthographe créole authentique, entièrement bâtie par les linguistres locaux.

  13. Beau billet.

    J’ai toujours été assez fasciné par le regard, comment, lorsque vous êtes attablé à tailler le bout de gras avec un ami et que passe une charmante créature, vos yeux viennent se fixer sur son doux visage, comme aimantés, sans que vous n’y puissiez vraiment rien – alors que dans la même situation un laideron (ou une personne de l’autre sexe) ne serait même pas vu… C’est donc que la beauté est traitée et reconnue par la vision périphérique !

    • Dans le même genre : comment paraître ne pas voir quelqu’un de manière naturelle ? Impossible.

  14. Pourquoi la « flèche » (Cupidon), ou la (le coup de) « foudre » ; violent et inattendu, certes ; ça secoue, mais l’après le vaut bien ; et puis ça ne se produit pas tous les jours…
    Quant aux « extases » des saintes : réalité ou (sur)interprétation ? et pour les saints, quid de l’extase ?! prendre son pied par simple élévation de l’âme ?

      • Saint Jean de la Croix : « Je meurs de ne pas mourir. »

        Jugez par vous-même :

        1. Ô vive flamme d’amour,
        qui tendrement blesses
        de mon âme dans le centre le plus profond
        car désormais tu n’es plus cruelle,
        achève si tu veux,
        brise la toile de cette douce rencontre.

        2. Ô cautère délectable !
        Ô savoureuse plaie !
        Ô douce main, ô touche délicate
        qui sent la vie éternelle
        et paie toute dette;
        en tuant, la mort tu l’as changée en vie.

        3. Ô flambeaux de feu
        dans les splendeurs de qui
        les profondes cavernes du sens,
        qui était obscur et aveugle
        avec de singulières excellences
        chaleur et lumière
        ensemble donnent à son bien-aimé.

        4. Combien doux et amoureux
        t’éveilles-tu dans mon sein
        où, secrètement seul tu demeures
        et en ton souffle savoureux
        riche de bien et de gloire
        combien délicatement tu m’énamoures !

  15. « le coup de foudre est l’affaire d’un instant »

    Le coup de foutre aussi. À chacun ses éléments de langage de l’amour.

  16. « Ce fut comme une apparition. »

    Exactement. Le coup de foudre c’est se prendre aveuglément et se quitter en y voyant clair.

  17. « les hormones sont inextricablement liées à une culture »

    Les phéromones aussi. Quand en sortant du restaurant où je l’avais invité à diner, j’ai voulu embrasser Bingbing sur la bouche, elle a détourné sa tête en reculant en me disant: « Non, très cher, pas après un repas asiatique »

  18. « parce qu’il n’est pas de « passion simple », n’en déplaise à cette buse(*) d’Annie Ernaux »

    Je suis d’accord. L’amour, c’est une passion joyeuse, n’en déplaise à Phèdre.

    (*)buse c’est moyen, mon JP. Pour une fois, tes insultes volent bas.

  19. Les coups de foudre c’est de l’intrication (quantique) :

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/10/10/la-medecine-quantique-de-fausses-therapies-qui-surfent-sur-les-revolutions-de-la-physique-quantique_6145232_1650684.html

    Interagir (bibliquement ?) dans le passé, c’est ne faire qu’un(e) dans un présent qui se décale sans cesse. Qui a intriqué le premier ? Mystère… Mais gare à la réduction brutale du paquet d’onde dans le slip.

    Annie Ernaux, elle, extrique ses jeunes amants. Ca n’a rien de quantique…

  20. “Au moment où je souffrais du malaise causé par le piétinement auquel nous oblige une foule, un officier marcha sur mes pieds gonflés autant par la compression du cuir que par la chaleur. Ce dernier ennui me dégoûta de la fête. Il était impossible de sortir, je me réfugiai dans un coin au bout d’une banquette abandonnée, où je restai les yeux fixes, immobile et boudeur.

    Trompée par ma chétive apparence, une femme me prit pour un enfant prêt à s’endormir en attendant le bon plaisir de sa mère, et se posa près de moi par un mouvement d’oiseau qui s’abat sur son nid.

    Aussitôt je sentis un parfum de femme qui brilla dans mon âme comme y brilla depuis la poésie orientale. Je regardai ma voisine, et fus plus ébloui par elle que je ne l’avais été par la fête; elle devint toute ma fête. Si vous avez bien compris ma vie antérieure, vous devinerez les sentiments qui sourdirent en mon cœur. Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j’aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie. Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main. Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d’une gaze, mais dont les globes azurés et d’une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelle. Les plus légers détails de cette tête furent des amorces qui réveillèrent en moi des jouissances infinies: le brillant des cheveux lissés au-dessus d’un cou velouté comme celui d’une petite fille, les lignes blanches que le peigne y avait dessinées et où mon imagination courut comme en de frais sentiers, tout me fit perdre l’esprit.

    Après m’être assuré que personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère, et je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête. Cette femme poussa un cri perçant, que la musique empêcha d’entendre; elle se retourna, me vit et me dit : « Monsieur ? » Ah ! si elle avait dit : « Mon petit bonhomme, qu’est-ce qui vous prend donc ? » je l’aurais tuée peut-être mais à ce monsieur ! des larmes chaudes jaillirent de mes yeux. Je fus pétrifié par un regard animé d’une sainte colère, par une tête sublime couronnée d’un diadème de cheveux cendrés, en harmonie avec ce dos d’amour. Le pourpre de la pudeur offensée étincela sur son visage que désarmait déjà le pardon de la femme qui comprend une frénésie quand elle en est le principe, et devine des adorations infinies dans les larmes du repentir.

    Elle s’en alla par un mouvement de reine. Je sentis alors le ridicule de ma position; alors seulement je compris que j’étais fagoté comme le singe d’un Savoyard. J’eus honte de moi. Je restai tout hébété, savourant la pomme que je venais de voler, gardant sur mes lèvres la chaleur de ce sang que j’avais aspiré, ne me repentant de rien, et suivant du regard cette femme descendue des cieux. Saisi par le premier accès charnel de la grande fièvre du cœur, j’errai dans le bal devenu désert, sans pouvoir y retrouver mon inconnue. Je revins me coucher métamorphosé” Le Lys dans la Vallée, Balzac.

    “Il n’y a guère qu’au Moyen Age que le regard est second, et où le sentiment premier naît, alors même que les protagonistes ne se sont pas encore rencontrés, de la réputation.”

    Voilà qui mériterait fortement d’être nuancé : Les Lais de Marie de France, Jaufré Rudel prouvent le contraire et surtout Guillaume de Lorris dans “Le roman de la rose” qui montre bien le rôle premier du regard dans le coup de foudre qui advint. Sans parler de Thibaut de Champagne dans “Je suis pareil à la licorne…”.
    Les poètes de la Renaissance useront et abuseront du mal d’amour qui entre par les yeux et se propage dans tout le corps. Maurice Scève , Louise Labé, et Ronsard pratiquement à chacun de ses poèmes lyriques.

    • Félix est entreprenant,hardi, Frédéric beaucoup moins.
      Cependant, Frédéric manœuvre habilement pour continuer à regarder la dame;(cette dernière se rend-elle compte du petit manège ? je ne me rappelle plus.)

      Quoiqu’il en soit, il y a un « après le coup de foudre »;dans le pire des cas, la « victime » finit en amoureux transi.

      « Il n’y a guère qu’au Moyen Age que le regard est second… »

      « Voilà qui mériterait fortement d’être nuancé… »

      Suffirait-il d’ajouter un adverbe ? « parfois » ?

  21. 1 Jean-Paul Brighelli 11 octobre 2022 At 0h17
    Saint Jean de la Croix : « Je meurs de ne pas mourir. »

    Jugez par vous-même :

    2 Jean-Paul Brighelli 10 octobre 2022 At 15h00
    En tout cas, si les saintes ne se prenaient pas des pieds géants, seraient-)elles aussi nombreuses ? Et les représenterait-on avec ces regards extatiques — voir la sainte Thérèse du Bernin dont j’ai parlé jadis…

    1:c’est du discours 2: c’est une sculpture ; le regard extatique suggère une une « prise de pied géant ».
    Rien ne dit que Saint Jean de la Croix raconte un orgasme.

  22. Dugong 10 octobre 2022 At 17h27
    Latour voulait faire causer Gaïa dans un dialogue démocratique élargi aux « non-humains ».

    Latour (docteur en théologie) a confié à La Vie (vous êtes abonné,je crois) qu’il aurait aimé être prédicateur.

  23. Scoop : ne supportant pas les Fatous beuglant dans le métro, je suis raciste ! Quelle surprise !

  24. « …que désarmait déjà le pardon de la femme qui comprend une frénésie quand elle en est le principe, et devine des adorations infinies dans les larmes du repentir.

    savourant la pomme que je venais de voler, gardant sur mes lèvres la chaleur de ce sang que j’avais aspiré, ne me repentant de rien  »

    Madame de Mortsauf se serait-elle trompée sur la nature des larmes de Félix ?

  25. Femmes succombant à un coup de foudre:on peut voir au fond de leurs yeux comme des pierres fines.

  26. abcmaths 11 octobre 2022 At 10h43
    Le plus fatal, c’est le coup de foudre dans l’étang.

    le coup de fouTre dans les Dents

  27. Fausse question. Balzac n’utiliserait pas le verbe “pardonner” si Mme de Mortsauf n’avait pas perçu le geste comme éminemment transgressif. Et puis enfin il ne se contente pas de pleurer, le petit, il baise toutes ces épaules, (et l’adjectif indéfini est remarquable ici ) et il y roule sa tête.
    Exemple rigolo pour montrer à des élèves que Balzac n’est pas que réaliste.

    Évidemment, en comparaison, la rencontre avec Mme de Warrens est nettement moins drôle.

    “Prête à entrer dans cette porte, madame de Warens se retourne à ma voix. Que devins-je à cette vue ! Je m’étais figuré une vieille dévote bien rechignée ; la bonne dame de M. de Pontverre ne pouvait être autre chose à mon avis. Je vois un visage pétri de grâces, de beaux yeux bleus pleins de douceur, un teint éblouissant, le contour d’une gorge enchanteresse. Rien n’échappa au rapide coup d’oeil du jeune prosélyte ; car je devins à l’instant le sien, sûr qu’une religion prêchée par de tels missionnaires ne pouvait manquer de mener en paradis.”

    • « … devine des adorations infinies dans les larmes du repentir.

      ne me repentant de rien »

      Si Madame de Mortsauf a pensé que les larmes de Félix étaient des larmes de repentir,elle s’est trompée…mais si c’est Félix qui a pensé qu’elle le pensait,alors il s’est trompé.

      Pourquoi est-elle « désarmée » ?*
      j’ai envie de relire Le Lys dans la Vallée…ce passage est léché;pas toujours le cas chez Balzac.

      *Ca s’rait i pas qu’elle aime un peu ce qu’il lui a fait ,finalement la meuf ?

        • Bon, pour en finir avec les larmes de crocodile de Félix : ce sont évidemment des larmes de joie de ne pas avoir été pris pour un petit bonhomme mais pour un “Monsieur”. Le prétendu repentir est là pour étoffer le fonds romantique. Balzac n’est pas Flaubert, il n’avait pas le temps de s’arrêter sur chaque mot, il fallait faire vite. Madame pardonne parce qu’elle est flattée, bien sûr. Ce n’est pas son mari qui… Bref, ils sont flattés tous les deux.
          C’est Compagnon qui dit que lorsqu’il part en vacances et qu’il regarde sa bibliothèque ne sachant quoi choisir ( expérience partagée par tant de lecteurs ), il prend toujours un Balzac .
          Quant à Annie Erneaux, avec ses romans, elle aura au moins fait sa psychanalyse et peut-être rassuré une partie de ses lecteurs.
          Mais bon, je ne peux rien en dire, je ne m’occupe que de littérature.

  28. Cette vindicte à l’encontre d’Annie Ernaux est pour moi totalement incompréhensible.
    J’attends qu’ici, à son propos, on parle réellement de littérature et non de ses prises de position idéologiques.
    Je tiens La Place (mais pas que) pour un grand bouquin. Celles et ceux qui ont eu la chance de pouvoir changer de statut socio-culturel et qui ont vu se creuser le fossé qui les séparait de leurs parents me comprendront.

    • Le billet est consacré aux coups de foudre en littérature; Erneaux est qualifiée,en passant,de buse;le passage la concernant n’est pas essentiel…mais c’est celui que vous retenez.

      Si vous vouliez argumenter vraiment sur ce sujet subsidiaire,vous nous diriez où et quand Erneaux a affirmé l’existence de « passions simples » .

      Etait-ce dans une œuvre littéraire, ou bien s’agit-il d’une « prise de position idéologique » ?

      Car si c’est dans une œuvre littéraire,votre impérieux:

      « J’attends qu’ici, à son propos, on parle réellement de littérature et non de ses prises de position idéologiques. »

      tombe à l’eau.

      (Et j’ajoute que,de toute façon, le Maestro parlera d’Erneaux si ça lui chante,pas si on lui enjoint d’en parler. )

    • Le nombrilisme des « transfuges de classe » est la marque même de leur intégration à la bourgeoisie. Le prolo est fier de sa réussite, le bourgeois se paluche sur ses tourments.

      • Encore et toujours la marque de la bourgeoisie gôcharde : cracher sur ceux qu’on prétend défendre, s’en servir comme marche-pied pour se pousser du col. Édouard Louis avait au moins le bon goût de pisser ouvertement sur ses parents – Ernaux, pffff…

  29. (Changement de perspective) –

    Autre coup de fou(t)dre – à une lettre près, on aurait échappé à un vaste pan (avec une majuscule, c’était celui qui veillait sur la fécondité des troupeaux) – de la littérature française et étrangère.

    Et dans les dents, ça fait mal ; c’est maintenant au tour de la police : la PJ « l’aristocratie » du métier, d’en prendre pour son grade.

    La police, « Au service le l’Etat »*, ce n’est pas une grande nouveauté – mais comme le Darma-nain veut prendre un peu de hauteur, sans l’aide de talonnettes -…

    Il s’agit de « faire du chiffre », à tout prix, donc d’en finir avec le travail de fourmis, sur de lourds dossiers, et d’atteler la PJ aux « tâches dévolues aujourd’hui à la police urbaine ».

    La police au service des Citoyens, de la Cité, une époque révolue.

    Avec l’exemple (!) de la caillera marseillaise, JPB montre clairement combien cette dernière est essentielle à la vie de certaines cités ;
    d’abord parce que « la vente de produits illicites permet d’équilibrer une économie locale absolument ruinée »,

    et aussi, parce qu’elle fait régner sa, autant que la Loi, i.e. le respect de l’ordre (marchand) :
    en cas d’une quelconque tentative de rébellion, comme des gilets jaunes bloquant un carrefour, en raison de la gêne occasionnée pour ses « affaires » par de telles désordres, la caillera intervient, pour la mater, en douceur ( !) sans besoin d’intervention d’une quelconque force dite publique.

    (merci donc à JPB ; avec mes excuses, pour une nouvelle fois, signaler un de ses articles ; habitude, ou presque, dont j’ai du mal à me défaire !).
    *
    https://www.causeur.fr/police-detat-244008

  30. Sanseverina:

    « Quant à Annie Ernaux… je ne peux rien en dire, je ne m’occupe que de littérature. »

    Cet art de la vacherie !

    Dans le billet du Maestro, tous les coups de foudre cités (à l’exception d’un:Phèdre) sont des coups de foudre éprouvés par des hommes.

    Il me semble que les récits de coups de foudre féminin sont plutôt rares.

    • Dans le roman, mais comme vous l’avez fait remarquer, en poésie c’est autre chose :

      Très haut amour, s’il se peut que je meure

      Sans avoir su d’où je vous possédais,

      En quel soleil était votre demeure

      En quel passé votre temps, en quelle heure

      Je vous aimais,

      Très haut amour qui passez la mémoire,

      Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,

      En quel destin vous traciez mon histoire,

      En quel sommeil se voyait votre gloire,

      Ô mon séjour…

      Quand je serai pour moi-même perdue

      Et divisée à l’abîme infini,

      Infiniment, quand je serai rompue,

      Quand le présent dont je suis revêtue

      Aura trahi,

      Par l’univers en mille corps brisée,

      De mille instants non rassemblés encor,

      De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,

      Vous referez pour une étrange année

      Un seul trésor

      Vous referez mon nom et mon image

      De mille corps emportés par le jour,

      Vive unité sans nom et sans visage,

      Cœur de l’esprit, ô centre du mirage

      Très haut amour.

      Catherine Pozzi

      Il y a la passante baudelairienne, aussi, mais toujours du pont de vue masculin.

    • Oui, je ne m’étais jamais fait la réflexion sur les coups de foudre majoritairement masculins dans la littérature. Il faudrait peut-être aller revoir chez Colette. Elle a des pages amoureuses pour Renaud mais pas de description de coup de foudre ( de coup de” fifre” tape mon clavier en autonomie, c’est joli, j’ai eu un coup de fifre pour machin ) à proprement parler. Pour ces conquêtes amoureuses féminines, c’est pareil. D’ailleurs, elle dit qu’il lui faut du temps, si je me souviens bien. Le beau texte de Catherine Pozzi, que j’avais oubliée. Pas sûr qu’il fût pour Valéry d’ailleurs. Et ce n’est pas à proprement parler un coup de foudre.
      Eh bien, voilà de quoi alimenter les querelles de genre, pour qui a du temps à perdre.

  31. Je vois qu’aujourd’hui cracher sur A. Ernaux est devenu le comble du snobisme, le top du top de la hype.
    Question récurrente chez moi : l’avez-vous lue? Vraiment lue? Ce qui s’appelle lue? Combien de ses livres? Lesquels ? Suffisamment pour se faire une idée solide de la cohérence d’une œuvre?

    • J’ai lu La place il y a très longtemps et je n’en garde pas un souvenir inoubliable.

      Je n’ai aucun avis sur son obtention du Nobel, mais on l’a bien donné à Modiano, qui ne me paraît pas être un écrivain d’un génie renversant.

      Et ça m’avait fait plaisir pour Dylan, mais là encore, je comprends que ça ait pu faire polémique. Les critères du jury semblent extrêmement obscurs.

    • L' »œuvre » d’A.E. a été récompensée de nombreuses fois, notamment par le prix Renaudot pour La Place ou le prix Marguerite-Duras pour Les Années.
      Le Nobel en plus, cela fait vraiment beaucoup, cela passe mal, il n’y a que des idéologues pour approuver.
      Moi, j’aurais préféré qu’on recompensât un auteur moins connu et plus jeune, Taizé par exemple.
      Un Nobel pour Taizé, c’eût été plus gai.
      Oui…

  32. Sanseverina:
    « Quant à Annie Ernaux… je ne peux rien en dire, je ne m’occupe que de littérature. »

    Je vois bien que vous n’avez pas pu résister à la tentation du trait d’humour vache, mais il me semble qu’il faut être très « sûr de soi et dominateur » pour dire cela.
    Je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler la liste des grands écrivains rejetés par leur temps parce que ce qu’ils écrivaient, « ça n’était pas de la littérature »…
    Un peu d’humilité, que diable !

  33. « En fait de mariage, il n’y a de durable que les mariages de raison ; la passion est bien trop brutale et éphémère pour qu’on fonde sur elle une liaison durable. »

    Considérons cependant un couple flagellant/flagellée qui,en plus, aime les flageolets;est-ce que
    ce couple (marié) n’est pas destiné à durer…car c’est dans la durée (avec ou sans macarons )que se peaufine la technique flagellatoire ?

    • Entre flageolets et Ladurée – macarons usinés depuis des années, et en plus à l’étranger – durée d’un couple = zéro.
      (il me faut un temps de réflexion en ce qui concerne la « technique flagellatoire »).

  34. Soit un pro de la drague qui accumule les conquêtes (on en rencontre beaucoup chez les névrosés obsessionnels- qui ne considèrent les femmes que comme des objets de plaisir): ce pro est-il susceptible d’avoir un coup de foudre ?
    Si ça lui arrive…il va changer du tout au tout.

    • La fin de vie de Casanova* est cruelle. Devenu vieux, il céda à la volupté de ce fameux sentiment qu’il s’était toujours interdit pour une ravissante fraîcheur qui le fit souffrir par des moqueries et exacerba sa frustration sans jamais céder à ses avances.

      *Casanova n’était pas sadien ; un sadien ne change pas.

      • Il déclare même avoir tous les caractères possibles au cours de sa vie, si je me souviens bien.

      • Imaginer qu’un sadien puisse changer reviendrait à imaginer qu’il n’utilise que la souffrance charnelle pour assouvir son besoin, celle de l’esprit le soulage tout autant. Il maîtrise parfaitement les rouages d’une psyché féminine amourachée, il lui suffira de se montrer délicieux, attentif, jaloux et prévenant durant un temps avec une de ses proies avant de récolter les fruits d’une attitude aussi méchante qu’inattendue.

        • Et quand il joint le geste à sa connaissance ?

          Partons pour un sadienque, qu’en dites-vous ?

        • Question subsidiaire : existe-t-il réellement des spécialistes du marquis qui ne joignent pas le geste à la connaissance ?

          Non.

  35. Qu’est-ce qui caractérise le bourgeois ? La possession du capital sous toutes ses formes. Quel est celui qui caractérise la gauche moderne ? Le capital moral : non seulement j’ai réussi *mais en plus* je suis un gars bien – ce que j’appelle le supplément bourgeois. Et comment l’obtenir ce capital moral ? Ou bien je me suis fait tout seul, je suis un self-made-man ; ou bien je défends les pauvres (à défaut d’en être). De là deux phénomènes bien connus dans la bourgeoisie : 1º mentir sur ses origines, les travestir comme étant abominables et fangeuses, etc., etc. 2º ne pas voir de contradiction à prétendre défendre les prolos et à les insulter s’ils ont le malheur de ne pas suivre le bourgeois jusqu’au bout (genre s’ils votent Le Pen) – logique, le prolo ne vaut que comme abstraction, comme marche-pied pour accéder au capital moral (ce qui explique aussi du reste qu’ils puissent prétendre défendre des gens qu’ils n’ont jamais rencontré : le pauvre n’existe qu’en tant que victime à défendre – ce qu’il dit, ce qu’il pense, au fond on s’en fout : il est pauvre et on le défend, c’est tout ce qu’il y a à retenir).

    • Qui s’extasiaient que Rachel Keke soit la première femme de ménage à l’AN ? Les bourgeois… Quel moyen de plus l’insulter, de plus la nier que de la réduire à sa condition sociale ? Pour le bourgeois cette dame n’existe qu’en tant que pauvre, ce qu’elle a à dire il s’en fout, elle n’est que l’instrument de satisfaction de sa moralité.

  36. C’est la pudeur qui caractérise le pauvre, certainement pas le grand déballage nombriliste !

  37. Je crois me souvenir d’une très belle scène de coup de foudre dans Septentrion de Louis Calaferte, un roman où il est (pourtant?) principalement question de sexe.

    (Je l’ai retrouvé, ben voilà, c’est tout bête, c’est le texte de la quatrième de couverture !)

    « Elle ouvre la porte.

    Eteint la lumière derrière elle. Elle reste sans bouger, dans l’encadrement, présentée, offerte… les cheveux noirs coulants, déployés autour de sa tête, sur les épaules découvertes dans la robe à grands ramages qui glisse le long de son corps, pelure de tissu soyeux presque de la couleur de sa peau bronze. Elle est belle… Elle attend. C’est un tel abandon, une telle offrande de sa présence que cela me trouble, me semble étrange, insensé, fascinant et pur comme la première approche du couple au seuil des noces.

    Je la porte, je l’encercle dans mon regard… A la vue de cette femme, quelque chose de moi se déchire… »

    Louis Calaferte – Septentrion

      • Vous savez, moi je n’en suis jamais très loin. D’autant moins depuis les horreurs d’hier. Mais toujours confiant quant à l’issue du conflit. J’attends la mort du monstre.

  38. Josip Gavrilovic 11 octobre 2022 At 18h06
    Je vois qu’aujourd’hui cracher sur A. Ernaux est devenu le comble du snobisme, le top du top de la hype.

    A quoi le voyez-vous ?

  39. Voilà que je clique -par nostalgie- et que je constate la renaissance de Bonnet d’âne. Tel un Terminator corse, JPB est donc revenu…

    Et en plus, il traite la prix no belle de « buse », cherry on the cake!

    Pour mémoire, Arnaud Hennit écrivait en 2008, pour évoquer le 11/09, que « le prodige de l’exploit émerveillait » et que « quelque chose se payait ». Cette apologiste sénile du génocide urbain (merci Desproges!) démontrait ainsi qu’avant de recevoir un prix Nobel, elle avait déjà obtenu le prix ignoble, elle. On subodore qu’elle a été élue à la deuxième tour de scrutin. Logique pour une ancienne prof de lettres, issue du coran saignant.

    Un peu plus tard, Annie Herr No, entre deux boycotts d’Israël, fut à l’origine de l’excommunication de Richard Millet (« sors, go! » lui aurait-elle hurlé) pour cause de…fascisme littéraire. Excusez-moi, je vais vomir plus loin (merci encore, Pierre!).

    Aujourd’hui, elle doit regretter d’être trop âgée pour recevoir une invitation à un sperminaire privé de Tarik Ramadan (sur le thème: « le porc, no! ») au Campanile de Montreuil.

    Je sais qu’on ne doit pas juger de la qualité d’une oeuvre à l’aune de la moralité de son auteur (Céline, si tu nous regardes…), mais en ce qui me concerne, les pages d’Hernie Anneau méritent d’aller à la benne (laden, évidemment).

    • Ouahou ! époustouflant ! un souffle nettement plus puissant que celui qui n’a fait qu’égratigner le pont de Kertch…

    • Hello Cyrano58.
      Ravi de vous lire!
      J’entends bien vos griefs sur Ernaux en tant que « citoyenne ».
      Mais….en tant qu’ecrivaine…l’avez-vous lue? Vraiment lue? Ce qui s’appelle lue? Combien de ses livres? Lesquels ? Suffisamment pour se faire une idée solide de la cohérence d’une œuvre?

  40. Retour de « vieilles » pointures ; l’appel aurait été entendu – celui de début octobre ; le temps d’un renouveau ?

  41. Cyrano58:
    « A. Ernaux écrivait en 2008, pour évoquer le 11/09, que « quelque chose se payait ».

    Cyrano, il aurait fallu préciser qu’il était question du 11/09/2001. Préciser l’année est important car il y a eu un autre 11/09 impliquant les USA : le 11/09/1973. Ce jour-là, à Santiago du Chili, un président de la République, Salvador Allende, élu démocratiquement par son peuple, était renversé par un coup d’état militaire du général Pinochet, coup d’état commandité par les USA (avec un rôle majeur de Henry Kissinger) et organisé avec le soutien de la CIA. Allende y a laissé la vie.
    Au lendemain de l’attaque sur le World Trade Center et sur le Pentagone du 11/09/2001, le journal Le Monde titrait « Nous sommes tous américains ». Et c’était vrai : nous étions tous victimes, ce jour-là, de Al Qaida, Ben Laden et ses sbires, auteurs d’un meurtre de masse au nom d’une religion aussi peu respectable que n’importe quelle religion.
    Au lendemain du 11/09/1973, Le Monde n’a pas titré « Nous sommes tous chiliens ». Il aurait pu. Il aurait dû. C’etait un coup terrible porté à l’idée même de démocratie. Et ce coup d’état signé USA a fait combien de victimes à court, moyen, long terme ?
    Alors, voyez-vous, bien sûr, dire que le 11/09/2001 à New-York « quelque chose se payait », c’est très stupide, c’est irresponsable, c’est même moralement indéfendable, et pourtant ça recèle une part de vérité.
    Ce qui me semble insupportable, c’est le « deux poids, deux mesures ». Le 11/09/2001 et le 11/09/1973, le vainqueur du moment est le même : la bêtise brutale et absolue. Et la victime est la même : un peuple qui aspire à vivre à peu près libre et en paix.
    Anecdote personnelle : le 11/09/2001 je me trouvais dans un car dans un pays d’Europe de l’Est. Quand l’information de l’attaque sur New-York a été diffusée par la radio du car, il y a eu une explosion de joie spontanée incroyable. Les USA n’ont pas que des amis, les passagers du car avaient à coup sûr le sentiment que, oui, « quelque chose se payait ».

    • Je trouve votre paragraphe tiré par les cheveux de Yul Brynner. On peut condamner l’impérialisme américain sans pour autant cautionner le terrorisme islamique. Le premier 11/09 ne justifie pas le second.
      Quant à Ernaux, j’ai lu « la place », comme tout le monde… Ce « voyage au bout de l’Annie » m’a plutôt évoqué un « voyage au bout de l’ennui ». Je reconnais volontiers une cohérence à l’oeuvre puisque l’auteur semble parler d’elle-même dans tous ses livres. Mais n’est pas Jean-Jacques qui veut. Bref, appliquant moi-même l’attitude d’Ernaux à l’égard des Juifs, je boycotte son oeuvre.

      • Tout le monde sait que ce sont les indiens Hopis (« peuple de la paix », mon cul!) qui ont fait le coup du 11/09

      • « sophisme de la double faute » : exemple typique des errements de la zététique webinesque !

        Un sophisme relève du jugement de fait, de la connaissance, de la science à proprement parler, alors qu’un raisonnement sur la double faute appartient bien sûr à la philosophie morale (et n’est donc pas objectivable au fond – contrairement, en première approche, à la logique). Que vous jugiez frontalement ma logique passe encore, que vous jugiez ma morale…

        • Non. C’est vous qui employez une définition restrictive du sophisme. J’ai parlé de sophisme et non de paralogisme. Vous préférez qu’on parle de stratagème? De toute manière, dans le sophisme de la double faute, le jugement moral porté sur deux les événements comparés est le même pour l’interlocuteur A que pour l’interlocuteur B, vous savez comme moi que ce n’est pas ça qui entre en ligne de compte. On pourrait aussi bien déclarer que ce n’est pas parce que vous êtes capable de courir un marathon que je le peux moi aussi.

          Vous répétez à l’envi que vous ne faites pas de morale. Grand bien vous fasse (mais pas du bien au sens moral, bien ((sic.))) sûr.)

          • « C’est vous qui employez une définition restrictive du sophisme. »

            J’emploie uune définition standard mon bon Monsieur !

            * Larousse (1.) : « Argument qui, partant de prémisses vraies, ou jugées telles, aboutit à une conclusion absurde et difficile à réfuter. »
            * Wikipédia (introduction) : « Un sophisme est un procédé rhétorique, une argumentation, à la logique fallacieuse. C’est un raisonnement qui porte en lui l’apparence de la rigueur, voire de l’évidence, mais qui n’est en réalité pas valide au sens de la logique, quand bien même sa conclusion serait pourtant « vraie ». »
            * TLFi (1.) : « Argument, raisonnement qui, partant de prémisses vraies, ou considérées comme telles, et obéissant aux règles de la logique, aboutit à une conclusion inadmissible. »

            Donc, dans tous les cas, l’ordre du discours scientifique, certainement pas de la morale.

            « De toute manière, dans le sophisme de la double faute, le jugement moral porté sur deux les événements comparés est le même pour l’interlocuteur A que pour l’interlocuteur B, vous savez comme moi que ce n’est pas ça qui entre en ligne de compte. »

            Bah non. Pourquoi donc une morale ne pourrait-elle pas contenir un axiome de l’excuse de la double faute ? Je ne dis pas que c’est la mienne, hein, je dis que, comme il n’y a pas d’axiomes moraux objectivables – à la manière de ceux de la logique classique (par rapport à la logique intuitionniste) ou de la géométrie euclidienne (par rapport à Lobatchevski) –, il y a, disons, liberté ontologique dans le choix desdits axiomes.

            « On pourrait aussi bien déclarer que ce n’est pas parce que vous êtes capable de courir un marathon que je le peux moi aussi. »

            (Je ne comprends pas où vous voulez en venir.)

            « Vous répétez à l’envi que vous ne faites pas de morale. »

            La philosophie morale n’appartient pas à la morale directement : distinction objet-discipline. (Si Mycroft passe par là, j’attends toujours ma définition mathématique des mathématiques !)

          • Alors l’argument d’autorité n’est pas non plus un sophisme? Je suis censé dire quoi ? « Faux raisonnement » ? Puisque vous citez Wikipédia, voici un article où cet abus de langage est également employé – et il est bien question de morale ET de logique :

            https://fr.wikipedia.org/wiki/Two_wrongs_make_a_right#:~:text=En%20morale%2C%20et%20en%20logique,ne%20l'est%20pas%20toujours.

            De toute manière, je m’en balance joyeusement. Cela aussi, c’est un stratagème éculé (chez les grecs) que de chicaner sur la forme au détriment du fond, comme quand WTH m’a repris sur la définition de « lampiste » ou l’orthographe de « Maffia ». Vous remarquerez que je ne me suis jamais abaissé à reprendre les fautes de langue de Flo, tout comme je me suis abstenu de vous suggérer d’apprendre à écrire « imbécillités » dans l’un de vos derniers messages.

            (Pour le reste je n’ai rien compris. Mais c’est bon, je peux continuer à cultiver mon ignorance tout en ayant vaguement conscience qu’elle existe.)

          • Alors l’argument d’autorité n’est pas non plus un sophisme? Je suis censé dire quoi ? « Faux raisonnement » ? Puisque vous citez Wikipédia, voici un article où cet abus de langage est également employé – et il est bien question de morale ET de logique :

            (Je supprime le lien pour que le message reste lisible.)

            De toute manière, je m’en balance joyeusement. Cela aussi, c’est un stratagème éculé (chez les grecs) que de chicaner sur la forme au détriment du fond, comme quand WTH m’a repris sur la définition de « lampiste » ou l’orthographe de « Maffia ». Vous remarquerez que je ne me suis jamais abaissé à reprendre les fautes de langue de Flo, tout comme je me suis abstenu de vous suggérer d’apprendre à écrire « imbécillités » dans l’un de vos derniers messages.

            (Pour le reste je n’ai rien compris. Mais c’est bon, je peux continuer à cultiver mon ignorance tout en ayant vaguement conscience qu’elle existe.)

  42. Et voilà les morts (du vaccin ?) qui se mettent à parler… C’est vraiment une catabase cette renaissance ! Au plaisir de lire vos imbécilités, cyrano.

  43. La vérité (suite)

    Poutine a eu un coup de fourre pour une bombasse du Donbass qui le repousse par nationalisme étroit.

    Depuis, il joue à l’ours blessé qui souffre.

  44. Lormier 11 octobre 2022 At 22h16
    Josip Gavrilovic 11 octobre 2022 At 18h06
    Je vois qu’aujourd’hui cracher sur A. Ernaux est devenu le comble du snobisme, le top du top de la hype.

    A quoi le voyez-vous ?

    Reply
    Josip Gavrilovic 12 octobre 2022 At 4h10
    A la même chose que vous à condition que vous mettiez vos lunettes.

    Où voyez-vous du snobisme,ICI ?
    Comment savez-vous que tel ou tel est snob ?

  45. Anecdote personnelle : le 11/09/2001 je me trouvais dans un car dans un pays d’Europe de l’Est.

    C’est imprécis;la Serbie peut-être ?

      • Les Serbes ont sans doute plus de raisons d’en vouloir aux Américains que les Hongrois;Josip Gavrilovic est serbe,il me semble.
        Quant aux Russes,ils ont exprimé leur sympathie aux Américains lors de l’attentat du 11 septembre.

        • Au temps pour moi. C’est vrai que le patronyme de Josip aurait dû me mettre la puce à l’oreille.

        • Objection majeure, votre Honneur : je suis Français.
          Origines croates.
          Et le 11/09/2001, j’étais effectivement en Serbie.
          Très intéressant pays à observer, la Serbie : nationalisme/chauvinisme à un niveau très élevé, aversion avérée du monde musulman, énorme fierté d’avoir résisté héroïquement à l’Allemagne nazie.
          Sur les deux premiers points, ça ressemble assez aux discours d’un de nos candidats à la dernière présidentielle, n’est-ce pas?

          • J’ai bien dit « il me semble »…j’aurais dû aussi préciser « d’origine ».

            Bon, on nous affirme que Serbes et Croates ne s’entendent pas…
            Mais,avant la guerre,je crois qu’il y eut beaucoup de mariages entre Serbes et Croates;dans la Yougoslavie de Tito, y avait-il des tensions ?

  46. Le pont de Kerch à peine égratigné? C’te blague ! Les poutinolâtres se rassurent comme ils peuvent.

  47. Lormier 11 octobre 2022 At 20h03
    « En fait de mariage, il n’y a de durable que les mariages de raison ; la passion est bien trop brutale et éphémère pour qu’on fonde sur elle une liaison durable. »

    Je répète:soit un couple aux pratiques sexuelles non-standard (par exemple:flagellant/flagellée);ils invesissent peu à peu dans l’achat de matériel, perfectionnent leurs techniques et parcourent un gradus ad orgasmum qui les mène à des voluptés inouïes.
    Ce couple risque-t-il la dissolution?
    L’un ou l’autre de ses membres aura-t-il envie de chercher ailleurs ?
    Il faudrait tout reprendre à zéro et il est peu probable que cette sexualité éminemment spécifique puisse s’épanouir encore avec un(e) autre partenaire ; s’ils se séparent comment diviseront-ils leurs installations,assemblages complexes de pièces diverses achetées chez Leroy-Merlin et Castorama ?
    A mon avis ce couple uni par ce qu’on appelait naguère une « perversion » a peu de chances de se défaire.
    Après tout,on peut appeler cela un « mariage de raison ».

    • – Le flagellant a-t-il déjà été plusieurs fois en couple ?
      – Par le passé, ses autres partenaires aux pratiques sexuelles identiques, lui auraient-elles procuré un gradus ad orgasmum plus inouïe que celle obtenue avec la dernière en date qui n’aurait que pour elle une même déviance et une jeunesse que le flagellant ne pourrait pas obtenir autrement qu’avec une monnaie sonnante et trébuchante ?
      – La flagellée a-t-elle de grosses fesses ?

      Si la réponse est oui, ce n’est pas un « mariage de raison » mais un « mariage de dépit ».

      • Une foule de questions pertinentes;si on entreprenait de les traiter, on verrait fleurir une myriade de sous-cas et de sous-questions;je suis trop paresseux pour me lancer.

        Mais je veux bien réfléchir à la notion de mariage de raison.

    • Le gros popotin est la plaie cette décennie. Le Maestro alerte dans son article Génération gros luc parut sur Causeur :
       » Allez en classe en vélo — un vrai vélo, pas une machine électrique qui ne vous demande aucun effort sérieux. Bougez, courez, transpirez — et mangez des fruits et légumes plutôt que des friandises bourrées d’huile de palme. »

      • « La stimulation des fibres musculaires agite les neurones dans le bon sens. »

        D’où l’utilité de la fessée.

  48. Sanseverina 12 octobre 2022 At 11h19
    Oui, je ne m’étais jamais fait la réflexion sur les coups de foudre majoritairement masculins dans la littérature. Il faudrait peut-être aller revoir chez Colette.

    Il pourrait y avoir des récits de coups de foudre frappant des femmes chez des écrivains de sexe masculin…

    Le Maestro nous en dénichera peut-être quelques uns mais pour le moment nous n’avons que Phèdre.

  49. Sanseverina 12 octobre 2022 At 11h30
    « …il se faisait quelques secondes de silence total, de temps suspendu, voire une larme dans les yeux d’une des racailles. Rare moment de grâce ! »

    Donc peut-être pas 100% racaille ?

  50. Josip, mon petit blablabla, en passant :
    le 11/9 a une signification précise pour les Américains, vous le savez bien ; cette date n’a pas été choisi pour rien.
    Quant à celui de 1973, il n’a pas intéressé grand monde, sauf ceux qui, en effet, savaient à quoi se tenir au sujet du grand-pays… frère.

    Les EU se voulaient propriétaires de l’Amérique du Sud – c’est à leur porte – comme du maximum de la planète.

    « quelque chose se payait » : on comprend aisément cette réaction à chaud.
    Le fin mot de l’affaire, on le connait : excellent prétexte, pour eux de continuer leur business – à coups de centaines de milliers de morts – au Moyen-Orient.

    Les choses sont peut-être en train de changer – n’en déplaise à Mendax, et quel que soit le sentiment qu’on peut avoir à l’égard du tsar – l’équilibre du monde tente de se refaire.

    Nous entrons sans doute dans une nouvelle ère, où le reste du monde en a assez d’un Etat qui fait tout pour qu’aucun « peuple ne vive à peu près libre et en paix », et va peut-être oser sortir de ses griffes.

    (« réaction à chaud » ; j’ai d’abord écrit chaude ; c’est la faut’à Lormier et ses expositions de lingerie dites fine).

    • (choisiE ; s’EN tenir) : c’est la faut’à Mendax, qui se plaint d’avoir été « repris » sur la définition de « lampiste » ; bien sûr que non ! de même que « mafia » peut s’écrire avec deux « f ».
      J’en perds mes petites facultés, comme ma petite cervelle,
      très loin d’être une spécialiste de la langue (je précise, parlée et écrite).

    • Vous cliquez à vos risques et périls;vous savez ce qui est arrivé aux femmes de Barbe Bleue,n’est-ce pas ?

    • « C’est la faut’à Mendax, qui se plaint d’avoir été « repris » sur la définition de « lampiste » ; bien sûr que non ! de même que « mafia » peut s’écrire avec deux « f ». »

      Bien sûr que oui. Et c’est moi qui vous avais fait remarquer que « Maffia » pouvait s’écrire ainsi.

      Quant au changement d’équilibre de l’ordre mondial, on verra bien. Pour l’instant, je n’ai pas l’impression que ce soit la Chine ou la Russie qui aient le meilleur jeu. N’en déplaise à WTH.

    • Un maire expliquait récemment le racket organisé sur les communes qui n’ont pas d’autre choix que de souscrire à des contrats proposant le prix du kw 15 fois plus cher qu’à la normale, menaçant ainsi le fonctionnement des lieux municipaux accueillant le public, dont celui des écoles, le gouvernement ne s’en émeut nullement.( Une même mœurs mercantile abusive appliquée par l’ami étasunien avec son GL est pourtant dénoncée par Bruno Lemaire)
      Jean Lassale, homme politique, élu n’engageant pas sa parole sans en mesurer les conséquences, confie, dans cette vidéo, que Toufriquet ne serait pas vacciné contre le covid comme beaucoup d’autres députés. À partager.

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=-ze1mLOA3MM&feature=emb_logo

  51.  » l’équilibre du monde tente de se refaire. »

    « L’équilibre du monde » est-il animé d’une volonté propre , Peut-il tenter quelque chose ?

    Ce qui me désespère dans cette affaire,c’est que je ne peux rien anticiper; que signifie le mot victoire (des Russes ou des Ukrainiens ?) Poutine semble décidé à détruire entièrement le pays.

    Mendax a raison:la guerre s’arrêtera si Poutine est destitué ou dégommé…

      • Selon Mme Colonna, «la Biélorussie serait bien avisée de ne pas entrer dans la guerre en Ukraine».

        Très bien ; pourtant la Biélorussie partage ses frontières avec la Russie et l’Ukraine ;
        donc, on peut lui accorder le bénéfice du choix, même s’il ne satisfait pas à… Mme Colonna.

        Par contre, que la France, à près de 1 500 kms, qui ne devrait être en rien concernée,
        – si ce n’est que son « choix » pré-déterminée la prive de matières 1ères –
        continue de déverser en Ukraine armes et bagages (quelques millions d’euros),
        ne semble gêner personne, du moins parmi les « représentants » du peuple (!), comme du 4ème pouvoir.

      • « l’équilibre du monde… »
        Mal dit ! pauvre de moi ! il n’en reste plus qu’une pour faire des fautes !
        Ce mal dit reste cependant compréhensible : près de 80 % des pays se désintéressent de cette guerre, et s’entendent (plus ou moins bien sûr !) pour resserrer leurs liens, car seul compte (vraiment) le « business » – BRICS, systèmes russes et chinois hors SWIFT, etc, etc…

        • Ni polluant, ni coûteux.
          D’ailleurs les nupes et autres verdâtres, n’en parlent pas, ayant bien d’autres soucis sur le feu.

      • Le « gaz » qu’il soit usbek (et rika) ou russe est une grosse merde génératrice de dioxyde de carbone. Je suggère qu’en faire l’apologie, à des fins nationalistes ou commerciales, devrait valoir une balle dans la tête.

        Au suivant !

  52. « Allez en classe en vélo… »

    faire du vélo dans la rue,c’est risquer sa vie à chaque instant.

    « un vrai vélo, pas une machine électrique qui ne vous demande aucun effort sérieux. »
    su l’asphalte,on peut toujours passer (plutôt lentement,s’il y a de la pente ).

    Mais à VTT,avec pente +racines et/ou cailloux…
    a) le Maestro ne passera pas en musculaire
    b) je lui suggère de tenter l’expérience avec un VTTAE;il verra que l’effort est « sérieux. »
    Qu’il aille se taper un dénivelé de 1000 mètres sur sentier rocailleux dans les Alpes;après on en reparlera.

    • « à vélo » – « à moto » – « en voiture »

      Monsieur Brighelli se fend d’un salut pour Cyrano58 nouvellement revenu mais prive de cette courtoisie Sanseverina réapparue dans le même temps sans avoir perdu de sa jolie plume, elle est heureusement accueillie avec joie par les féaux.

  53. « AE en a-t-elle ?(Dugong, 8h15) de quoi ? des « actions de Total » ? dont « 7% détenues par les salariés » : des tenues telles que celles présentées par Lormier, qu’elle n’aurait jamais portées, fidèle à ses principes ; pas plus qu’elle n’aurait utilisé les services d’un « salarié », encore moins d’un « N », (ghost-writer, j’entends).

    • Dans Passion Simple, l’héroïne se ruine en vêtements et sous-vêtements;elle veut porter quelque chose de différent chaque fois qu’A vient la voir. Quels sous-vêtements ?

      En quelques minutes,tout est par terre,en boule;le trou de balle d’Annie Ernaux est prêt à accueillir la pine d’A.

      PS Le Maestro dit que contrairement à ce qu’affirme « cette buse » d’Ernaux,il n’y a pas de passion simple…mais c’est juste un titre,pas forcément une revendication idéologique.

      • Vous m’en direz tant !
        pas très « féministe » alors la « buse » ; la bonnefemme, quoi ;
        bien loin d’une Sardine qui a pris soin de « déconstruire » – pas de sens (sans) dessus-dessous, ni de dessous affriolants.

  54. A propos d’Annie Ernaux et de son Nobel de littérature, et si on parlait de…..littérature ?

    Cyrano : »Je reconnais volontiers une cohérence à l’oeuvre puisque l’auteur semble parler d’elle-même dans tous ses livres. »
    C’est incontestable, Annie Ernaux parle d’elle-même. Mais ni plus ni moins que tous les écrivains. Et en parlant d’elle-même elle nous parle de nous. C’est vieux comme le monde, et ça vous étonne encore?
    Faites appel à vos souvenirs des grands classiques:
    « Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère! » disait Baudelaire…
    « Ah! Insensé qui crois que je ne suis pas toi! » disait Hugo…

    Chacun a le droit de boycotter un auteur ou de ne point l’aimer. Mais alors, que ce soit pour de bonnes raisons.
    PS: Certains vont croire que je suis chargé de la promo de l’œuvre d’Ernaux. Ça n’est évidemment pas le cas. Mais j’ai du mal à comprendre qu’on puisse dénigrer une œuvre sans l’avoir lue.

    • Je ne dénigre pas l’oeuvre, je dis juste que « la place » m’a assommé.
      Et je n’ai pas envie de m’infliger l’introspection d’une personne qui pratique le boycott des Juifs.
      Sauf à m’équiper d’une bassine.

      • Je comprends tout à fait vos raisons. Les prises de position « idéologiques » de Ernaux sont effectivement parfois plus que contestables.
        Je me suis permis de développer un peu sur le 11/09/2001 et l’idée sous-jacente « quelque chose se payait ». Mais que cela ne cache pas l’essentiel : le terrorisme islamiste ne mérite aucune indulgence, aucun début de commencement d’absolution.

        • Et bien nous sommes d’accord.
          Je n’aime pas les écrivains d’extrême-droite.
          Surtout quand ils sont d’extrême-gauche.

    • Insupportable, absolument insupportable, cet auto-film commenté par Ernaux. Grrrrrrr !
      La caricature intégrale : le Chili, Moscou. Et elle ne nous épargne rien : la gastro du petit et les chansons de Joe Dassin ( je ne suis pas très sûre de l’orthographe de son nom ) .
      Etmoncouplequisedéchire… Nian, nian,nian. Avec une voix de quasi mourante y compris quand elle parle de ses vacances. Cela doit faire plus profond, plus intellectuel, sans doute, plus Marguerite Duras en voix off.
      Et que j’me regarde et que j’me contemple. Et moi dans toutçaquiétaitunécrivainsansque personnenelesache. Nian,nian,nian. Vous vous rendez compte comme je suis extraordinaire. Mon mec est parti, ma vie a basculé ( on le comprend ! ) Deux de tension.
      Comment peut-on être tombé si bas ?
      Que des gens se délectent de ce genre d’écrivains, cela ne me paraît pas pire que bien d’autres qui se vendent actuellement. Qu’on lui donne le prix Nobel ! On vit une époque qui évalue les choses bizarrement.
      Bon, cela dit très bien. Cela m’apprendra à m’occuper des dernières lubies à la mode.
      Ce qui est étrange tout de même, c’est d’oser. Oser étaler la banalité, sa banalité, sans honte, ne pas avoir suffisamment de recul ou de distance pour ne pas patauger dans le nombrilisme.Mais il est vrai qu’en cela, c’est une femme parfaitement en adéquation avec son temps.

      • En remontrer, à 82 ans, aux filles qui passent maintenant leurs journées à vivre avec, sur, dans, leur(s) écran(s), et à faire « partager » toutes leurs banalités ?

  55. J’ai lu, un peu plus haut, que l’on reparlait de la « fessée » ; attention ! Le « va dans ta chambre » est même maintenant déconseillé aux parents ; une punition inadmissible.
    Punition(s) (?) non remis en cause côté adultes.

  56. « Selon Mme Colonna, «la Biélorussie serait bien avisée de ne pas entrer dans la guerre en Ukraine».

    Très bien ; pourtant la Biélorussie partage ses frontières avec la Russie et l’Ukraine ;
    donc, on peut lui accorder le bénéfice du choix, même s’il ne satisfait pas à… Mme Colonna. »

    Réflexion parfaitement oiseuse. Bien sûr que Loukachenko (et non pas « la Biélorussie ») a le bénéfice du choix… mais pas trop quand même. Dans la situation présente, il vaudrait mieux pour lui qu’il ne bouge pas du tout. Mais c’est drôle de voir que vous laissez le bénéfice du choix à une canaille comme lui alors que les ukrainiens devraient céder leur terre et se laisser massacrer « au nom de la paix ».

    Quant à la position de la France qui n’a aucun intérêt à apporter son soutien, je crois que vous l’avez déjà sortie, celle-là. Ou bien c’était Flo? J’imagine que ça doit bien vous faire enrager de savoir que nous participons à la guerre, même si de mon point de vue à moi, nous devrions en faire beaucoup plus.

    Puisque vous semblez détester les USA, l’UE et l’OTAN? vous devriez quand même en vouloir un max à Poutine, parce que depuis sept mois, on dirait qu’il fait tout pour renforcer ces trois entités.

    • Je n’ai plus le temps de répondre ; on verra plus tard ;
      ne détournez pas les choses ; j’ai déjà dit à quel point j’estimais – pour des raisons personnelles – entre autres, les EU…
      Je ne suis que (!) contre « l’état profond », ici, et ailleurs, ces « états profonds » qui imposent leurs lois, aux peuples, quels qu’ils soient, quels que soient les pays.

      Allez, récré ! il m’en faut très peu pour rigoler :

      https://pbs.twimg.com/media/Fe24XzpXoAAZ_nS?format=jpg&name=medium

  57. WTH 12 octobre 2022 At 16h27
    J’ai lu, un peu plus haut, que l’on reparlait de la « fessée » ; attention !

    « La stimulation des fibres musculaires agite les neurones dans le bon sens. »
    JP Brighelli
    La fessée stimule les fibres musculaires.
    Plus d’une élève de Thiers doit son intégration aux fessées administrées par le Maestro, fesseur pro.

  58. Documentaire Annie Ernaux;abcmaths a dit « bouleversant »;je crois qu’on peut aller jusqu’à « bouleversifiant ».

  59. Le documentaire ne dit pas ce qui a miné le couple Ernaux.(La publication de La Femme Gelée n’a pas arrangé les choses.)

    Mais il y a cette maxime, à méditer,que je cite à peu près:pas d’humiliation plus grande pour une fille que de laisser voir à sa mère,témoin silencieux, le délitement de son couple; on croit comprendre que si la mère (qui longtemps a habité avec les Ernaux) est repartie pour Yvetot,c’est à cause de cela.

    • Les romans de Patrice Jean sont un régal, une fête de l’intelligence et de l’ironie.
      « Rééducation nationale » est du même niveau que « Festins secrets » de Pierre Jourde.

    • Merci à vous ; j’ai noté les mots du « plus vivant des personnages », Tahichi, du « Goûter du lion » :
      « S’énerver, se mettre en colère, c’est fatigant, et ça ne fait que blesser l’autre. C’est souvent stérile ».
      Oui, et dieu sait que je m’en veux – bien que ça n’ait qu’une importance, somme toute, relative – de m’être laissée entraîner (« suiviste »), dans l’emploi de certaines formules grossières, tout à fait hors de propos…

  60. Josip Gavrilovic 12 octobre 2022 At 14h23
    A propos d’Annie Ernaux et de son Nobel de littérature, et si on parlait de…..littérature ?

    Justement,j’allais vous dire: donnez nous à lire une page que vous jugez belle, faites-la nous goûter grâce à vos commentaires.

  61. « Usbek et Rika » (Dugong, 17h58 ) ; c’est un peu comme « Zadig et Voltaire » ; mais ce n’est pas la même marchandise.

    « Usbek et Rica » tombé dans l’escarcelle de Křetínský – le milliardaire (T)chèque, qui peut se permettre de ne pas gagner d’argent, avec la Presse française.

  62. Dans le documentaire de/sur Ernaux, il est assez choquant de voir qu’une femme qui se dit « assignée ( terme galvaudé et employé à tort et à travers par tout le monde et repris sans cesse par elle ) à être nourricière », mère … raconte qu’elle s’en veut d’avoir houspillé sa mère qui était à demeure et qui lui servait de bonne et de nounou pour les enfants et lui permettait d’avoir autant de temps libre.
    On n’arrête pas de lire partout que la brave dame a écrit « pour venger sa race » ( sic), pour venger sa classe de dominés, mais elle commence par mettre elle-même sa mère sous domination en en faisant sa bonne, doublée d’une nourrice.
    C’est génial, ces gens de gauche, les contradictions, c’est pour les autres. Ah, non, c’est vrai, il suffit de dire qu’ils les assument.
    On aurait pu aussi attendre, qu’à 82 ans en revoyant des images sur Moscou, elle fît un commentaire un peu nuancé et modifié. Idem sur la corrida. On voit le cadavre du taureau nageant dans son sang et traîné par des chevaux : pas un mot de notre grand Nobel.
    Lamentable, pitoyable et honteux.

  63. Coup de foudre ? C’est quasi-mystique,c’est abstrait mais c’est féminin:

    J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
    Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
    Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
    Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
    Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
    Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
    Mon être avec le tien venait de se confondre,
    Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.

    Savais-tu ce prodige ? Eh bien, sans te connaître,
    J’ai deviné par lui mon amant et mon maître ;
    Et je le reconnus dans tes premiers accents,
    Quand tu vins éclairer mes beaux jours languissants.
    Ta voix me fit pâlir, et mes yeux se baissèrent ;
    Dans un regard muet nos âmes s’embrassèrent ;
    Au fond de ce regard ton nom se révéla,
    Et sans le demander j’avais dit : Le voilà !

    Marceline Desbordes-Valmore

    • Alors, Lormier, avec tout le respect que j’ai pour votre savoir grammatical et linguistique, là, quand même, aller déterrer la Marceline ! Vous connaissez un texte bien d’elle ?
      J’y ai pensé mais n’ai rien trouvé. Des petites choses chez Balzac, dans « La femme de trente ans » des petits coups de foudre mais tout moyens, tout rikiki, pas mis en scène comme les grands que nous citions récemment. Je pensais aller regarder du côté de « Béatrix » que j’avais adoré, mais ma lecture est trop lointaine. « Portait of a lady » je vais aller voir.
      Très drôle cette petite recherche.
      M’enfin je pensais qu’avec votre grande culture…

    • « Vous connaissez un texte bien d’elle ? »

      Verlaine et Rimbaud l’admiraient beaucoup. Je suppose qu’ils avaient de bonnes raisons pour cela.

      Sinon, j’ai déterré ceci (sentiment amoureux mais peut-être pas coup de foudre) :

      AVEU MONOSYLLABIQUE

      Tu as mon cœur sur la main,
      Tu as mon pas dans le tien,
      Tu as mes pleurs dans tes yeux,
      A toi seul tu es nous deux.

      Ce soir je suis dans ton lit
      Tu bats des cils et tu ris
      De me voir si près de toi
      Et moi, je ris dans ta voix.

      C’est en toi que j’ai mon nid
      Et ce nid que tu me fis
      Est le lieu de mes beaux jours.

      Et seul tu sais où je suis
      Où je dors au creux des nuits
      Quand tu m’as bien fait la cour.

      Louise de Vilmorin

      • Pas mal ! Je ne la connaissais quasiment que de nom. Lu un ou deux textes. Je vais aller y voir de plus près. Enfin, quelqu’un qui est capable d’humour, d’un peu de légèreté et donc de distance.
        Période que je ne connais pas très bien d’ailleurs.
        Grazie.

      • « Vous connaissez un texte bien d’elle ? »

        « Elle »,c’était Marceline Desbordes Valmore,pas Louise de Vilmorin…mais ça fait rien;ce qu’on cherche,c’est un récit de coup de foudre féminin.

        Marceline (si j’ai bien compris) nous parle d’un coup de foudre précédant la rencontre,un truc prédestiné en somme;et l’émoi amoureux (pas très sensuellement raconté) est provoqué par le seul nom du mec !

        A l’école primaire,y avait aussi Lucie de Larue-Mardrus et Anna de Noailles…mais je vous parle d’un temps que les moins de cent ans ne peuvent avoir connu.

  64. Mendax : Ce qui me gêne (juste un peu, s’entend), c’est qu’avec moi, vous vous permettez un langage, que vous ne vous autoriseriez pas avec les autres, sur ce blog.
    Je sais bien que je suis quantité ultra négligeable, mais quand même !

    Comme avait rétorqué, une fois, la reine Elizabeth, au tél., à sa mère, qui lui disait « mais enfin, tu te prends pour qui ? »
    « mais pour la Reine, maman » !

    Donc, je sais que je vous ai quelque peu « maltraité », mais j’ai eu droit, plusieurs fois à « sotte », « idiote », et là « vous l’avez déjà sorti, celle-là » (!).

    j’ai déjà parlé de mes « liens » avec les EU – mais vous faites comme si vous n’aviez rien lu, ou oublié…

    Bien. Nous ne parlerons plus de cette affaire Est/Ouest, qui d’ailleurs est loin d’être le 1er de mes soucis !

    Juste un dernier texte, qui évidemment, va vous faire bondir, mais qui pourtant, me semble brosser un tableau plutôt réaliste, de la situation actuelle.*

    Quel que soit le résultat de cette guerre – souhaitons que les peuples ukrainiens s’en sortent pour le mieux, comme les autres, d’ailleurs –
    Voyez-vous, le monde a changé !
    extrait :
    « En 1970, la population occidentale représentait 25% de la population mondiale pour un PIB de 90% du total.
    Aujourd’hui, les chiffres sont tombés à 12% (Japon compris) et 40% pour le PIB. Cette évolution de la démographie et de l’activité économique est incontournable et influence la géopolitique mondiale.
    On ne peut, avec de tels chiffres, imposer un monde mono-polaire qui serait dirigé par un pays dont la population ne représente que 4% de la population totale.
    De plus, peut-on encore parler d’un bloc occidental alors qu’on assiste à une main mise des États-Unis sur l’Union Européenne via l’OTAN, ramenant les membres de cette dernière à l’état de vassaux ? »

    Nous en sommes là, et il y a de quoi le regretter très amèrement ; mais c’est ainsi…
    *
    https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/10/12/ukraine-qui-se-bat-contre-qui-par-jean-goychman/

    • Vous faites erreur, il m’arrive assez rarement d’insulter les gens. Ce n’est pas moi qui vous ai traitée de sotte (ce n’est pas un mot que j’emploie – de mémoire, je dirais que j’ai lu cette insulte dans un message de Bugeaud) et encore moins d’idiote. La seule qui a eu droit à des invectives était Flo – et encore, j’ai dit qu’elle était « bête », ce qui n’est guère urbain mais très loin du niveau de grossièreté qu’elle se permettait d’employer à mon égard. En revanche, j’ai été ordurier avec un certain Jean-Pierre qui a directement ouvert les hostilités en me souhaitant de finir mes jours dans un goulag et je ne regrette pas de lui avoir répondu. Comme disait notre hôte, si on donne des coups il faut s’attendre à en recevoir. Je suis tout à fait capable de répondre quand on m’insulte mais mon seuil de tolérance est je pense assez élevé par rapport à ce que j’ai pu voir ici et en tout cas, ce n’est pas dans mon tempérament d’insulter le premier.

      Envers vous, il m’est arrivé de faire preuve d’ironie que vous avez prise pour du mépris et si c’est le cas, je vous réitère mes excuses. Vos déclarations ont tendance à m’irriter mais ça n’a rien à voir avec le mépris.

      La majorité des liens que vous postez ici pour me répondre proviennent de sources controuvées, complotistes, délirantes, je ne sais plus quels mots employer pour les qualifier… Et la dernière ne fait pas exception : il n’y a aucune argumentation dans cette phrase de Goychman, juste une affirmation péremptoire et aucune articulation logique entre les chiffres énoncés et l’opinion défendue. Voilà ce que je vous reproche. Vous ne semblez pas faire de discrimination entre une information fiable, sourcée, vérifiée, et les thèses les plus abracadabrantesques… qui comme par hasard vont toujours dans le sens du même biais pro-poutine et anti-américain. Et lorsque je vous le fais remarquer, vous finissez invariablement par me dire que tout est propagande. Mais alors pourquoi choisir d’en épouser une plutôt qu’une autre?

    • « Je sais bien que je suis quantité ultra négligeable »

      Surtout qu’en manipulant, sans gants, du fake fumant tout frais tombé dans la cuvette des chiottes, vous vous positionnez comme candidate au Pulitzer du Faux.

      • Laissez pisser le mérinos, WTH, il est en très bonne place pour se voir décerner un ig-Nobel, pour sa dynamique des laitues.

        • Ou comment pousser des laitues à bien se pommer sans monter en tige. C’est une dynamique qui n’a rien d’hamiltonien.
          Même avec un Ig en vue, c’est une impasse…

      • Il y à des débris qui finissent dans la cuvette, et d’autres en poussière ; du grain à moudre, pour Dugong ; son thème de prédilection – avec les rondelles, bien sûr.
        Pulitzer ou Nobel, ce n’est souvent rien de p’lus que d’la littérature !

    • J’ai lu l’article – enfin, ce qui est disponible sans abonnement.

      Non, ça ne m’a pas fait « bondir », c’est simplement risible.

      Il y a un commentaire d’un certain David en fin d’article que je me permets de copier/coller :

      « Aucun des pays de l’ Organisation de Coopération de Shangaï n’est en guerre contre l’Ukraine à part la Russie bien sûr.
      Seul l’Iran et la Corée du Nord (qui ne fait pas parti de l’OCS) vendent des armes à la Russie.
      De plus la Chine et l’Inde ont vivement critiqué la guerre en Ukraine.
      Le premier ministre indien a interpellé devant la presse Poutine pour lui dire que le temps n’est pas à la guerre obligeant Poutine à répondre devant la presse.
      La Chine a appelé à reconnaître les frontières de l’Ukraine de 1991. De fait ne reconnaît pas les référendums de la Russie.
      Alors comme allié c’est pas terrible…
      Non la Russie est bien seule.
      En fait non il y a bien la Biélorussie qui les soutient mais bon c’est léger quoi.
      Et les sanctions quoi que vous en disiez rongent l’économie russe.

      Et pour après la guerre ?
      Vainqueur ou perdant l’armée est déjà à genoux.
      Ces pertes sont énormes et avec les sanctions il faudra des décennies pour la reconstruire.
      L’économie russe avec les sanctions va s’effondrer…
      Mais le pire, la Russe a déjà un problème démographique avec une population vieillissante.
      Avec la guerre et la mobilisation des jeunes qui vont partir au front sans équipement, sûrement que beaucoup ne vont pas rentrer.
      Aggravent encore plus le problème démographique.
      Et vous dites que le temps joue pour la Russie ?

      Pour la fin de non recevoir pour rentrer dans l’Europe.
      L’UE impose des règles pour rentrer notamment pour réduire la corruption.
      Quand ils ont demandés de voir les comptes russes Poutine à refusé en disant que ça nous regarde pas.
      Donc oui fin de non recevoir. »

      Je ne serais pas aussi péremptoire que lui car l’Inde et la Chine ont fait preuve de plus de circonspection qu’il le dit, mais dans l’ensemble, il a raison. Et il s’appuie sur des données objectives, pas sur un vague ressenti.

      L’impérialisme russe est notre ennemi depuis au moins une quinzaine d’années. Pas les USA. La Russie. On peut le regretter amèrement mais c’est ainsi, comme vous dites.

  65. « AE est une buse, elle voit double voire triple…

    Peut-on traiter ainsi certaine(s) intervenante(s) du blog ?

  66. I blog often and I genuinely appreciate your information. This article
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    • « to peak » n’est pas transitif; c’est « piqued » qu’a voulu dire PTS Terbaik ASEAN

      https://preply.com/en/question/what-does-peak-my-interest-mean-53148

      The phrase is « piqued my interest. » The verb « to pique » means to arouse or stimulate. « Peak » is a high point, like the top of a mountain, and « peek » means to take a quick look. To pique one’s interest means that his/her interest in a topic or something has been increased, raised to the maximum.

  67. l’Asie du sud-est envahit BdA ? Une opportunité pour les quelques bullshiteurs encore en activité ici d’aller s’y faire pendre (la peine de mort est encore légale dans de nombreux pays de la région).

  68. L’oeil des tigres asiatiques bondissant porté, comme par magie, sur le blog de Bd ? Une notoriété qui s’étendrait maintenant à l’Est ?
    Voyez, Mendax, la sagesse nous impose donc de renoncer à toute velléité propagandiste.

    Car personne n’a envie de finir en sauce Satay ; nous nous contenterons dorénavant de la sauce de salade (avec ou sans moutarde).

  69. Je préfère lire Ernaux que Michon, mais il a incontestablement plus de talent qu’elle.

    • Donnez-nous donc une définition rigoureuse (et qui sait, peut-être même talentueuse) du talent.
      Personnellement, depuis que M’sieur Brighelli a qualifié Zemmour et E. Lévy d’ « éditorialistes de talent », je ne sais plus ce que c’est vraiment.

        • Et avant que vous ne veniez me chercher des noises, je suis à Porte d’Orléans, c’est-à-dire dans le sud : tous les /o/ sont ouverts !

      • Lormier 12 octobre 2022 At 20h49
        Josip Gavrilovic 12 octobre 2022 At 14h23
        A propos d’Annie Ernaux et de son Nobel de littérature, et si on parlait de…..littérature ?

        Justement,j’allais vous dire: donnez nous à lire une page que vous jugez belle, faites-la nous goûter grâce à vos commentaires.

        • Actuellement je ne puis satisfaire votre demande si légitime.
          Une fois mes pénates retrouvées ainsi que mon immense bibliothèque, j’accéderai volontiers à votre requête.
          Et nous pourrons enfin polémiquer – si besoin est – sur Ernaux, texte en main, texte à l’appui.
          Sanseverina pourrait même se risquer à parler de littérature…qui sait?

    • Michon sait écrire.
      Même si je ne me suis pas jetée sur un de ses autres bouquins après « Les vies minuscules ».

      • Ernaux, faudrait que je la rééssaie en italien, peut-être que, alors. Mais j’en doute. Et puis maintenant que j’ai vu The documentaire de Arte. C’est un peu cuit.
        Tiens, elle ferait bien de lire Italo Calvino, la dame, elle verrait comment un véritable écrivain sait parler des « dominés » de manière fine et sans ramener ses états d’âme personnels.

      • « Michon sait écrire ».
        Ernaux aussi, mais sans doute pas selon vos goûts. Elle n’en est pas moins écrivain.
        Un artiste qui avait du style – son style propre – a un jour écrit ceci :
        « Je n’écris pas comme De Gaulle ou comme Perse. Je cause et je gueule comme un chien. Je suis un chien! »
        Relire en boucle Flaubert et Stendhal est évidemment un plaisir intense. Mais il y a d’autres auteurs à apprécier. Ne vous en privez pas.
        Ensuite, il y a bien sûr les goûts et les couleurs…

        • « sans ramener ses états d’âme personnels »
          Non, Sanseverina, pas vous, pas ça.
          Tous les romanciers sans exception étalent d’une façon ou d’une autre leurs états d’âme personnels. Mais pour nous tendre un miroir.
          Nous sommes les « hypocrites lecteurs » de l’écrivain qui est « notre semblable, notre frère ». Ou notre sœur.

          • Je n’ai pas lu Annie Ernaux…mais je l’ai (un peu écoutée);son ambition,dit-elle, a été de « restituer » une époque,un temps vécu;pour ce faire elle se raconte,elle raconte une famille;le documentaire en super 8 n’est pas du tout nombriliste.

        • Que savez-vous de ce que je lis ? Rien. Est-ce que je vous fais la morale sur ce que vous lisez ? Non. Donc, abstenez-vous de me réduire à des lectures en boucle de Stendhal et de Flaubert. C’est stupide et vous vous doutez bien que c’est faux. Provocation crétine et inutile qui va me faire partir un’altra volta.
          Il y a en effet différentes manières de parler de soi. Qu’un écrivain parle de lui quand il écrit, quoi que ce soit, c’est une évidence. Qu’il décide de se prendre comme « matière de (son) livre » ( j’ai fait cours, je sais, cessez de me rappeler votre ritournelle « notre semblable, notre frère ») dans tous ses écrits est un choix délicat. Il ne viendrait à l’idée de personne de critiquer Montaigne ou Rousseau pour leur choix, ni de leur reprocher de patauger dans le nombrilisme. Demandez-vous pourquoi.
          Si le documentaire d’Ernaux vous comble, grand bien vous fasse. Il vous en faut peu pour vous satisfaire. Il ne présente pas un intérêt particulier sur l’époque. On aurait pu filmer n’importe quelle famille lambda de profs de gauche dans les années 70, encartée au PS et gavée d’admiration mitterrandienne, cela eût été la même chose. On peut même penser que certains ont eu des vies plus palpitantes. Son commentaire est sans intérêt, sans analyse, sans recul malgré les années.
          Son écriture sèche devant laquelle tout le monde se pâme est une absence de style. En donnant dans le sec, on ne prend pas beaucoup de risques sinon celui de montrer qu’on n’arrive pas à avoir de style.
          Je me demandais combien de temps allait se passer avant qu’on ne me reproche quelque chose. Hé bien, fort peu. Comme d’habitude.
          J’ose dire qu’Ernaux ne mérite pas le prix Nobel. Quel scoop !
          Mais je n’ai jamais dit, moi en revanche, que Rousseau était un con, que Hugo était un con and so on.
          Et je n’ai jamais dit ni pensé qu’Ernaux était conne.
          Sur ces bonnes paroles, ciao.

          • Vous exagérez Sansev ! Josip ne dit pas plus de conneries que d’habitude… – et nous cohabitons très bien, on va même se marier !

          • Ce qu’il y a de bien avec Sanseverina, c’est qu’elle démarre au quart de tour, injection électronique, plus besoin de starter !
            Faire de la provoc avec elle est un plaisir devenu hélas trop rare…ce qui fait le prix de chaque occurrence !
            (Je n’ai pas vu et ne verrai pas ce documentaire sur Ernaux. La lecture, c’est tellement mieux…)

          • je n’ai jamais dit, moi en revanche, que Rousseau était un con, que Hugo était un con and so on.

            Ça c’est le style Brighelli,qui grossit le trait.

    • Est-ce un coup de foudre ?

      « Et j’ai tendu les bras et je t’ai reconnue,

      Pour l’épousée en pleurs de mon rêve béant, »

      Si c’est un coup de foudre,il vient après une longue attente,une anticipation;il est désiré.

      L’amante marine

      Je hantais, par des soirs de songe et de douleur,

      Le désert maritime et rocailleux des grèves,

      Toujours criant, hélant la sirène ma soeur.

      Et mes bras étaient pleins de la force des sèves

      Printanières par qui se gonflent les bouleaux,

      Et mon front s’inclinait sous le faix de mes rêves.

      Et jamais ne venait à moi du fond des eaux

      Et de l’ombre, tordant à sa nudité pâle

      Ses cheveux ruisselants de sel et de joyaux,

      Celle, pensive, lente et septentrionale

      Qui m’eût enfin souri de son visage clair

      Et par qui mon désir eût apaisé son râle,

      Dont les poulpes parlaient, plus doux que de la chair,

      Et les vagues s’enflant vers moi comme des hanches,

      Et tout le rythme, et tout le spasme de la mer…

      Mais debout devant moi tu souris et penches,

      Et voici déborder mes sanglots orgueilleux

      Sur tes seins redressés et dans tes paumes blanches.

      Enchevêtrés aux fils légers de tes cheveux

      Demeurent des matins marins voilés de brume;

      Deux gouttes d’eau de mer sont au fond de tes yeux;

      Tout le long de ton corps je retrouve et je hume,

      Sous tes vêtements pleins de flux et de reflux,

      Le parfum d’infini du sable et de l’écume;

      Tes doigts sont surchargés de chatons surperflus,

      Ton col est trois fois ceint de perles et de pierres…

      Ah ! je ne crierai plus, je ne hélerai plus !

      Les vagues écoutaient dans le vent mes prières

      Profanes, la marée a pris pitié de moi,

      L’horizon a comblé mes mains tristes et fières.

      Et j’ai tendu les bras et je t’ai reconnue,

      Pour l’épousée en pleurs de mon rêve béant,

      La sœur de ma beauté passionnée et nue.

      O toi tout mon pays de tristesse et de vent,

      Toi tous mes flots roulant des nudités de femmes,

      Toi le glauque baiser du natif océan,

      Toi le bonheur, l’horreur, l’énigme de mon âme !…

      Lucie Delarue-Mardrus
      Nos secrètes amours
      https://poetesses.blog4ever.com/nos-secretes-amours

  70. Dugong 13 octobre 2022 At 13h01
    Une métaphysique des rondelles est dans les tuyaux et même dans les tubes.
    Références khulturelles de Dugong:
    i) rondelle (cette référence ,il la ressasse avec humour)

    https://www.youtube.com/watch?v=fW4dctsRT3A

    ii) pour Nothomb, c’est nouveau: Dugong ne fait pas que radoter.

  71. Josip Gavrilovic 13 octobre 2022 At 17h48
    Actuellement je ne puis satisfaire votre demande si légitime.

    Merci pour le « légitime ».

    « nous pourrons enfin polémiquer – si besoin est – sur Ernaux, texte en main, texte à l’appui. »

    Je n’ai pas du tout l’intention de polémiquer;je n’ai pas envie de lire Ernaux,j’aimerais lire juste une page,commentée.

    • Je suis déjà surpris de voir autant d’allogènes quand je reviens dans ma campagne, alors s’ils nous les livrent par charter entier…

  72. « Tous les romanciers sans exception étalent d’une façon ou d’une autre leurs états d’âme personnels. »

    Il n’y a aucun mal à se regarder le trou de balle. Mais quand c’est mal fait, ça pue un peu…

    • A mon sens, le pire dans ce genre, c’est quand même Emmanuel Carrère.

      Et j’ose trouver Montaigne et Rousseau un peu nombrilistes, en dépit de tout leur génie.

      « Le moi est haïssable », etc.

  73. WTH 12 octobre 2022 At 15h23

    pour que l’Europe n’ait plus accès au gaz russe, abondant et peu cher ?

    D’après le Canard Enchaîné de cette semaine, la France continue de se fournir en gaz (et en pétrole) russes; ils nous viennent de pays intermédiaires,comme le Kazakhstan;ainsi nos devises soutiennent l’effort de guerre russe.

  74. Josip Gavrilovic 13 octobre 2022 At 20h01
    Ce qu’il y a de bien avec Sanseverina, c’est qu’elle démarre au quart de tour, injection électronique, plus besoin de starter !
    Faire de la provoc avec elle est un plaisir devenu hélas trop rare…

    Sanseverina

    « Provocation crétine et inutile qui va me faire partir un’altra volta. »

    Alors, Monsieur Gavrilovic,vous êtes content de vous ?

    A cause de vos gamineries,nous sommes tous punis.

    • Être aussi intelligente, cultivée et italophile que Sanseverina, et s’offusquer pour si peu….est-ce bien raisonnable ?

      • Vous aggravez votre cas au lieu de vous confondre en excuses;je m’étonne qu’un homme aussi fin ne comprenne pas qu’il faut tenir compte de la sensibilité des êtres avec qui nous souhaitons avoir un commerce.

  75. (@Floldetoua : bistro libertés, sur tvlib, avec Bercoff, et d’autres : vraiment un très bon moment…)

    • (je l’avais vu… Je me marre : Quand la réalité de nos vies clandestines (non vaccinés, circulez !) se fond dans le virtuel de bdâ, qui l’eut crû ?)

    • Les chevau-légers du fake lourd ont de l’avoine à volonté au bistro. On voit bien qu’ils éclusent des liquides assez colorés pour faire passer tout ça.

      Il n’en restera rien.

  76. …ces yeux animés par le désespoir et enflammés par les pensées du matin, s’offrirent tout à coup aux regards de Suzanne. La grisette… ressentit cette étincelle électrique, jaillie on ne sait d’où, qui ne s’explique point, que nient certains esprits forts, mais dont le coup sympathique a été éprouvé par beaucoup de femmes et d’hommes. C’est tout à la fois une lumière qui éclaire les ténèbres de l’avenir, un pressentiment des jouissances pures de l’amour partagé, la certitude de se comprendre l’un et l’autre… Le regard est fasciné par une irrésistible attraction, le cœur est ému, les mélodies du bonheur retentissent dans l’âme et aux oreilles, une voix crie : — C’est lui…. En un moment, aussi rapide qu’un coup de foudre, Suzanne reçut une bordée de pensées au cœur. Un éclair de l’amour vrai brûla les mauvaises herbes écloses au souffle du libertinage et de la dissipation.

    La Vieille Fille Balzac

      • Coup de foudre éprouvé par un personnage féminin et raconté par un narrateur extérieur.
        La perle (que recherchait Sanseverina, jusqu’à ce que les initiatives malheureuses de certain Croate ne la fassent fuir) ce serait:un récit intime de coup de foudre,par une femme qui l’aurait connu.
        Tout se passe comme si la tradition imposait aux femmes une auto-censure:la femme n’aurait pas le droit au coup de foudre.
        Lucie Delarue Mardrus raconte un coup de foudre…mais c’est dans un texte clandestin (nos secrètes amours) et c’est un coup de foudre pour une autre femme.
        Peut-être que le mâle dominateur tolère le coup de foudre lesbien car pour lui, de toute façon, la lesbienne est une détraquée irrécupérable.

          • Une doctorante féministe pourrait s’intéresser au coup de foudre féminin en littérature.
            Elle démontrerait peut-être qu’alors que le coup de foudre masculin est noble, celui féminin est de nature maladive,produit d’une longue frustration et d’imaginations grotesques nourries par la lecture de romans à l’eau de rose.

    • amours horticoles (suite)

      Le coup de foudre, c’est le round up des mauvais sentiments pris à la racine…

      Quand c’est (é)rogène, c’est que la dose prescrite par la faculté a été largement dépassée.

  77. Dugong 14 octobre 2022 At 8h46
    Le bouleau ça eût chauffé. Fendre du bouleau c’est un truc pour taflole bielorusse

    Dans le temps,Wojciech Jaruzelski avait fait envoyer aux Etats Unis des couvertures pour les sans-abris de New York et d’ailleurs.

  78. « La grisette… ressentit cette étincelle électrique… »
    Il a été remarqué que la façon de décrire les coups de foudre en littérature (et l’usage même de l’image) sont liés aux travaux des physiciens sur la foudre.

  79. Un exemple exemplaire de bullshit écolo : la grange autosuffisante en « énergie »:

    https://reporterre.net/IMG/jpg/des_panneaux_solaires_ainsi_qu_une_eolienne_produisent_l_energie_du_lieu.jpg

    Une minuscule éolienne qui, les jours où il y a un peu de vent, pourra alimenter 2 ou 3 dels. D’autre part, 2 à 3 m2 de panneau photovoltaïques soit 300-400 W maxi au mieux de la journée. A peine de quoi faire fonctionner un réfrigérateur pendant quelques heures

    Les ordres de grandeurs sont durs mais ce sont les ordres…

  80. Lormier: « je n’ai pas envie de lire Ernaux ».

    Cette déclaration a quelque chose d’étrange. Comment sait-on qu’on n’a pas envie de lire tel ou tel auteur?
    Est-on à ce point influencé par les « on-dits » et par les « critiques littéraires »? Par les verdicts sans appel mais souvent à l’emporte-pièce de celui qu’il nomme le Maestro?
    Qu’est-ce qui retient Lormier d’emprunter un Ernaux dans une bibliothèque et de se faire une idée ? Qu’est-ce qui le retient de prendre ce risque insensé ?
    Je pose ces questions.

    • « Comment sait-on qu’on n’a pas envie de lire tel ou tel auteur? »

      Quand l’envie de le lire est absente ou refoulée ?

      « Qu’est-ce qui retient Lormier d’emprunter un Ernaux dans une bibliothèque ? »

      La crainte de l’opprobre ?

      Il peut toujours en voler un…

    • Vous ne savez pas que vous n’avez pas envie de lire Marc Lévy ou Guillaume Musso ? Un jour j’ai essayé pour voir parce qu’on m’en avait offert un en guise de blague. Eh bien ça correspondait tout à fait à l’idée que je m’en faisais. L’être humain a tendance à se simplifier la vie, qui est trop courte pour consacrer du temps à des mauvais livres.

      Les préjugés peuvent être fondés ou bien démentis. J’adore la SF tout en sachant pertinemment que c’est considéré comme une littérature de seconde zone par l’intelligentsia mais ça ne m’empêche pas de dormir. Je continue de lire des romans de SF sans ennuyer mon voisin qui ne sait pas ce qu’il loupe.

      En revanche, Annnie Ernaux, j’en ai lu un et ça m’a suffi. Et j’aurais pu m’abstenir car je savais déjà que je ne goûtais guère l’autofiction.

      • Faire des études (« aller aux études », disait-on à une époque), c’est (c’était?) rencontrer à un moment donné de son cursus un professeur qui vous donne le goût de la lecture et qui vous aiguille dans le choix des livres à lire. C’est en général de cette façon qu’on lit ce qu’il est convenu d’appeler « les grands classiques ». D’ailleurs, je vais certainement me faire des ennemis et me faire reprendre de volée (de bois vert) en disant que certains de ces grands classiques m’ont profondément ennuyé : Eugénie Grandet (pas du grand Balzac à mon avis, très loin de là, même), Les Misérables (je garde un souvenir cruel des descriptions interminables…), voilà par exemple des romans que je n’ai jamais relus (et pour moi, c’est un signe fort).
        Mais comment les choses se passent-elles pour les lecteurs autodidactes, non-guidés, lâchés en liberté dans le foisonnement d’écrits à leur disposition ? Eh bien ils se fient aux on-dits, aux critiques, et au hasard. Ils prennent des risques après avoir lu la 4ème de couverture.
        Vous évoquez Musso et Marc Lévy. Je suis un peu comme vous, j’ai essayé, j’ai trouvé ça facile à lire, un passe-temps pas désagréable, du roman de quai de gare. Aussitôt fini, aussitôt oublié. Mais je voudrais partager avec vous deux remarques au moins :
        – l’activité cognitive mise en jeu par l’acte de lecture n’est jamais négligeable. Donc lire Musso vaut un milliard de fois mieux qu’écouter Hanouna.
        – j’ai bien connu une brillante thésarde en Lettres, qui maîtrisait sur le bout des doigts son Barthes, son Genette, son Todorov, son Starobinski et son Lejeune, qui s’était mise en tête d’écrire une étude universitaire pour démontrer le caractère pitoyable de sous-culture et de sous-littérature qu’étaient, pensait-elle, les romans à l’eau de rose de Guy des Cars. Son étude n’a jamais vu le jour. Devinez pourquoi? Eh bien elle m’a avoué avoir été littéralement happée, à son corps défendant, par les histoires racontées ! L’intérêt suscité par les événements du récit avait annihilé ses préventions ironiques et dépréciatives devant une langue écrite avec les pieds et une absence totale de style méritant d’être appelé style.
        Comme quoi, les tours, retours et détours de l’acte de lecture sont imprévisibles, et c’est aussi bien comme ça.

        • Que le hasard procure un intérêt insoupçonné à la lecture d’un roman de seconde zone est fort possible, comme un petit jaja acheté deux francs six sous et qui, une fois en bouche, développerait un caractère que son petit prix gardait dans des aprioris. C’est ce même plaisir qui anime Monsieur Brighelli pour l’art pompier. Ernaux serait en quelques sortes à la littérature ce que l’art pompier serait à Monsieur Brighelli. Non ?

          • Parler d’art pompier au sujet d’Ernaux, surtout lorsqu’on sait que dans un de ses bouquins assez récents (le titre m’échappe) elle raconte sa première fellation, voilà ce qu’on peut appeler « avoir le sens de l’à-propos »!

          • Extraits de La Place de Annie Ernaux

            « J’écris peut-être parce qu’on avait plus rien à se dire. »

            « Règle : déjouer constamment le regard critique des autres, par la politesse, l’absence d’opinion, une attention minutieuse aux humeurs qui risquent de vous atteindre. »

            « Faire paysan signifie qu’on est pas évolué, toujours en retard sur ce qui se fait, en vêtements, langage, allure. Anecdote qui plaisait beaucoup : un paysan, en visite chez son fils à la ville, s’assoit devant la machine à laver qui tourne, et reste là pensif, à fixer le linge brassé derrière le hublot. A la fin, il se lève, et dit à sa belle-fille et : « on dira ce qu’on voudra, la télévision c’est pas au point. »

            « Il n’avait pas appris à me gronder en distingué et je n’aurais pas cru à la menace d’une gifle proférée sous une forme correcte. »

            « Faire paysan signifie qu’on est pas évolué, toujours en retard sur ce qui se fait, en vêtements, langage, allure. Anecdote qui plaisait beaucoup : un paysan, en visite chez son fils à la ville, s’assoit devant la machine à laver qui tourne, et reste là, pensif, à fixer le linge brassé derrière le hublot. À la fin, il se lève, hoche la tête, et dit à sa belle-fille : « On dira ce qu’on voudra, la télévision c’est pas au point. »

            « Je ne pensais pas à la fin de mon livre. Maintenant je sais qu’elle approche. La chaleur est arrivée début juin. A l’odeur du matin, on est sûr qu’il fera beau. »

          • Si vous m’ajoutez à ces extraits, l’indispensable récit de sa première fellation comme base culturelle littéraire…

        • « Donc lire Musso vaut un milliard de fois mieux qu’écouter Hanouna. »

          Antisémite !
          Le donc et le milliard sont de trop.

  81. Josip Gavrilovic 14 octobre 2022 At 10h43
    Lormier: « je n’ai pas envie de lire Ernaux ».

    Cette déclaration a quelque chose d’étrange. Comment sait-on qu’on n’a pas envie de lire tel ou tel auteur?

    Décidément,vous avez du mal à sortir de vous-même…

    Il se trouve que Lormier lit très peu de fiction aujourd’hui;il trouve l’arithmétique plus excitante…et les heures nous sont comptées.
    Mendax dit fort bien:
    « L’être humain a tendance à se simplifier la vie… »
    Quoi de plus simple et direct qu’une envie ou une absence d’envie ?
    Je n’ai pas besoin de m’interroger longuement pour savoir si j’ai envie d’une glace au calamansi.
    Confidence:l’extrait du Lis dans la vallée offert par Sanseverina m’a donné une (petite) envie de m’y replonger; relire quelque chose qu’on a lu très jeune, c’est peut-être une forme de salut.

    • Lormier: « Quoi de plus simple et direct qu’une envie ou une absence d’envie ? »
      Non, non et non. Tout cela n’est ni simple ni direct.
      Un certain Rimbaud l’a très vite compris : « C’est faux de dire « je pense ». On devrait dire « on me pense ».
      Vous êtes comme tout le monde, Lormier : puisque vous aimez l’arithmétique, permettez-moi de vous dire que vous pensez être celui qui pose l’opération, alors que vous n’êtes que le produit de cette opération.

  82. « Comment sait-on qu’on n’a pas envie de lire tel ou tel auteur? »
    Dugong : « Quand l’envie de le lire est absente ou refoulée ? »

    C’est bien là la question qui m’occupe : qu’est-ce qui donne envie (mais vraiment envie, très envie) de lire un auteur?
    Et a contrario?
    La Physique a-t-elle des éléments de réponse stables sur un sujet aussi évanescent?

  83. Mendax:

    « Je continue de lire des romans de SF sans ennuyer mon voisin qui ne sait pas ce qu’il loupe. »

    Josip Gavrilovic, lui, voudrait me convertir.

    • Pire, alors que vous parliez de la beauté de l’arithmétique, il dit:
       » vous n’êtes que le produit de cette opération »
      C’est presque insultant.
      Si vous vous laissez faire, bientôt il prétendra que vous n’êtes que le produit de fouilles curieuses .
      Oui…

      • Chaque être humain est une concrétion singulière;je n’ai pas parlé des « beautés de l’arithmétique »,j’ai dit qu’aujourd’hui,elle m' »excite ». (plus qu’une fiction).

        vous n’êtes que le produit de fouilles curieuses .
        vous n’êtes que le produit de Couilles Furieuses .

    • Convertir? Réussir une conversion, c’est aussi de l’arithmétique.
      Et de conversion à conversation, l’écart n’est pas si grand que ça.

      • Y a-t-il un coup de foudre dans Passion Simple ?
        Ce « roman » a beaucoup déplu aux féministes parce qu’une femme y déclarait sans ambages avoir été heureuse de s’abandonner totalement à une emprise;d’autres ont trouvé scandaleux qu’une femme dise crûment qu’elle adorait se faire baiser par un sur-mâle ne l’aimait pas.

        • ça se vit très bien… – à supposer qu’être « heureux », dans ce cas, se limite à prendre son pied comme jamais ;
          mais ça ne peut se vivre que sur un temps court ;
          l’adjectif « simple » me semble approprié, du moins dans ce que j’y vois : c’est une « relation » un peu trop sommaire – comme celui d’un livre ; on ne peut vivre sans ouvrir d’autres chapitres.

          Le désir (fou) est autant féminin que masculin ; quant à en remplir des pages ?
          La littérature a sans doute mieux à dire

          • Mal dit : la littérature, la Littérature, a su et peut encore, le dire, mieux ;
            il faut un doigté que n’ont pas les petits littérateurs.

  84. « Donc lire Musso vaut un milliard de fois mieux qu’écouter Hanouna. »

    Je ne trouve pas.

  85. « [Elle] s’était mise en tête d’écrire une étude universitaire pour démontrer le caractère pitoyable de sous-culture et de sous-littérature qu’étaient, pensait-elle, les romans à l’eau de rose de Guy des Cars. »

    Elle était donc déjà pas bien finaude.

    • Non, elle était vraiment brillante. Son projet de mettre à profit ses connaissances (en littérature en général et en narratologie en particulier) pour démonter (pas déconstruire, mais bien dé-mon-ter) Guy des Cars était parfaitement cohérent et, d’ailleurs, tout à fait faisable. Il est donc d’autant plus amusant qu’elle se soit laissé emporter par le récit, même mal écrit et bourré de facilités.
      Et à part ça, elle était d’une beauté à damner le Saint-Siège au grand complet. Même ce vieux couillon puceau de Blaise Pascal y aurait succombé.

        • Disons qu’il y a dans une existence des moments enfiévrés où même la littérature, la narratologie et la linguistique baissent pavillon…

      • Faire un travail de critique littéraire universitaire – donc scientifique au sens large – pour « démonter » un auteur, oui, c’est n’être pas bien finaud.

        (Après, je veux bien croire qu’il y ait l’œuvre et son exégète…)

        Mais bon, vous allez encore m’expliquer – sans le comprendre vous-même – que la littéracité est une notion transcendante de la même nature que le jugement de fait. Il n’y a pas que des curés du bien, il y a aussi les curés du beau !

        • Je ne vais rien vous expliquer car vous êtes incorrigible, bien que méritant une bonne correction, garnement effronté que vous êtes!

  86. Y a-t-il un coup de foudre dans Passion Simple ?
    Ce « roman » a beaucoup déplu aux féministes parce qu’une femme y déclarait sans ambages avoir été heureuse de s’abandonner totalement à une emprise;d’autres ont trouvé scandaleux qu’une femme dise crûment qu’elle adorait se faire baiser par un sur-mâle ne l’aimait pas.

    • Se faire baiser par un sur-mâle qui ne vous aime pas est le must absolu partagé par 80% des femmes, (la raison est simple mais c’est une autre histoire). Quand Guy des Cars verse dans le rêve érotique, Ernaux s’arroge le fantasme ; les deux sont à la même enseigne.

      • « Se faire baiser par un sur-mâle qui ne vous aime pas est le must absolu partagé par 80% des femmes, (la raison est simple mais c’est une autre histoire). »

        « Se faire baiser » : personne n’y tient ! on préfère s’envoyer en l’air, ensemble, si possible ;
        je doute fort que ce soit le « must absolu partagé par 80 % des femmes. »
        ce ne sont que des présupposés, un fantasme, et d’abord masculin.

        • Evidemment que personne n’y tient. Un fantasme a pour définition de pas pouvoir être vécu quand le rêve érotique l’est. Ernaux présente ce fantasme sous une autre forme que celui très classique du viol.

  87. « L’être humain a tendance à se simplifier la vie, qui est trop courte pour consacrer du temps à des mauvais livres. »
    Quelle découverte !

    Une mauvaise habitude qui a même envahi tout l’espace vital ; il n’était donc pas question que la cul-ture y échappât.

    Et ne parlons même pas de « l’Education », qu’on ne devrait d’ailleurs plus appeler « nationale ».

    Le système qui nous dirige (et que certains ont beaucoup de mal à digérer) est allé aussi loin qu’il le pouvait, et il a en effet, parfaitement réussi.

    Les cerveaux en prennent un bon coup…
    comme les estomacs, autre organe prioritairement visé par les maîtres de ce monde.
    La vie est-elle trop courte pour consacrer aussi le moins de temps possible… aux fourneaux ? – vive le tout fait, le « click and pick », la livraison à domicile, et que sais-je (PUF, ça existe encore ?).

    Encore une fois (foie, foi) tout est lié ; des nœuds si bien entrelacés, qu’il est autrement plus difficile de les défaire que ceux du Kinbaku ou shibari, ; c’est tout un art…

    • (PUF, ça existe encore ?)

      La nouvelle librairie des Puf a ouvert ses portes le 12 mars 2016 dans le Quartier latin.

      Cette librairie du XXIe siècle est d’une conception totalement novatrice. Tous les livres proposés y seront imprimables en quelques minutes, le temps d’un café, ou d’une rencontre avec nos auteurs, parmi près de 5 000 titres du fonds et des nouveautés des Puf, ainsi que plusieurs millions de titres internationaux du domaine public. Expérimentale, novatrice et sans stock, elle permet aux lecteurs d’imprimer leur livre à la demande en quelques minutes seulement.
      https://www.puf.com/actualites/Ouverture_de_la_premi%C3%A8re_librairie_en_Europe_du_savoir_%C3%A0_la_demande

      « click and collect »,on vous l’a déjà dit.

        • Je ne sais pourquoi je m’accroche à « pick » au lieu de « collect » ;
          il n’y avait pas que Puf ; vous avez omis la pub pour « La Découverte ».

          • A vrai dire, je crois que Click and Pick (up) se dit aussi,dans certains pays.
            Ce qui était vraiment fautif,c’était votre formule antérieure: pick and collect.

  88. Dugong 14 octobre 2022 At 10h57
    Ou la remettre dans le droit chemin par quelques allers-retours dans la rondelle.

    Dans Dolorosa Soror,c’est un processus inverse qu’on observe;JP, le personnage masculin ,enkhule à tire larigot une étudiante qui a eu un coup de foudre pour lui,la soumet à toutes sortes de pratiques sadiques (il la suspend à des anneaux scellés dans le plafond par son pote-physicien-bricoleur pour la fouetter etc.etc);elle adore…elle jouit de mieux en mieux et puis il la pousse dans les bras d’une meuf et là elle vire de cuti;JP est réduit au rôle de voyeur,les meufs trouvant le plaisir qu’elles se procurent l’une à l’autre infiniment supérieur à celui qu’un sur-mâle comme JP peut leur donner.

    moralité:faut pas jouer avec les rondelles.

  89. « Fautif », vous y allez un peu fort, M. Lormier ; erroné, d’accord ; avec vous, attention aux volées de bois vert ; vous n’êtes pas le seul, mais vous avez le talent de faire feu de tout bois.

  90. « trois fois de suite » : seulement trois ?!
    il arrive un moment, où l’on a plus qu’une envie c’est d’entartrer ces obsédés des rondelles et autres fantasmagories, de gros cacas, coulant, fumant, puant.

    • Récit qui a largement ma préférence à celui de la première fellation d’A.E. Une écriture qui se situe des crans au-dessus, n’en déplaise à Josip.

      • No doubt ; c’est le maestro.
        Mais cette insistance des vieux obsessionnels- compulsifs, plutôt, rondelles-pulsifs se fait parfois très lourde, trop lourde, au point d’être malsaine.

      • Des goûts et des couleurs…
        Le récit par Ernaux de sa première fellation se trouve dans « Mémoire de fille », paru en 2016. Pas son meilleur bouquin, loin de là. Je ne citerai aucun extrait de ce bouquin-là.
        « La Honte » (voir extrait ci-dessous ») est excellent, mais ça n’est que mon avis, un parmi tant d’autres.
        Concernant ce que Gérard appelle « l’écriture », on peut se livrer à des débats sans fin. Barthes parle d’écriture « blanche », Ernaux me semble pratiquer exactement ça.

  91. Lormier et WTH m’ont demandé de leur proposer puis de commenter quelques extraits d’œuvres d’A. Ernaux susceptibles de leur plaire. Tâche évidemment impossible.
    Lormier demande « une belle page ». Je ne sais vraiment pas ce qu’est une belle page.
    Je propose donc ici, pour commencer, un extrait qui m’a parlé. A moi. Je ne le commenterai pas tout de suite. J’attends de voir les réactions, s’il y en a.
    Ce qui suit est extrait de La Honte, pp. 15 à 17 puis pp. 30-31.
    Le livre commence ainsi : « Mon père a voulu tuer ma mère un dimanche de juin, au début de l’après-midi. » Suit la description de la dispute familiale qui vire à la tentative de meurtre. La narratrice rapporte cet événement qui a eu lieu alors qu’elle était âgée de 12 ans, événement qu’elle raconte pour la première fois dans un livre.

    Extrait pp. 15 à 17 :
    « C’était le 15 juin 1952. La première date précise et sûre de mon enfance. Avant, il n’y a qu’un glissement des jours et des dates inscrites au tableau et sur les cahiers.
    A quelques hommes, plus tard, j’ai dit : »Mon père a voulu tuer ma mère quand j’allais avoir douze ans. » Tous se sont tus après l’avoir entendue. Je voyais que j’avais commis une faute, qu’ils ne pouvaient recevoir cette chose-là.
    J’écris cette scène pour la première fois. Jusqu’à aujourd’hui, il me semblait impossible de le faire, même dans un journal intime. Comme une action interdite devant entraîner un châtiment. Peut-être celui de ne plus pouvoir écrire quoi que ce soit ensuite. (Une sorte de soulagement tout à l’heure en constatant que je continuais d’écrire comme avant, qu’il n’était rien arrivé de terrible.)Même, depuis que j’ai réussi à faire ce récit, j’ai l’impression qu’il s’agit d’un événement banal, plus fréquent dans les familles que je ne l’avais imaginé. Peut-être que le récit, tout récit, rend normal n’importe quel acte, y compris le plus dramatique. Mais parce que j’ai toujours eu cette scène en moi comme une image sans mots ni phrases, en dehors de celle que j’ai dite à des amants, les mots que j’ai employés pour la décrire me paraissent étrangers, presque incongrus. Elle est devenue une scène pour les autres. »

    Puis extrait pp.30-31 :
    « Depuis plusieurs jours je vis avec la scène du dimanche de juin. Quand je l’ai écrite, je la voyais « en clair », avec des couleurs, des formes distinctes, j’entendais les voix. Maintenant, elle est grisée, incohérente et muette, comme un film sur une chaîne cryptée regardé sans décodeur. L’avoir mise en mots n’a rien changé à son absence de signification. Elle est toujours ce qu’elle a toujours été depuis 52, une chose de folie et de mort, à laquelle j’ai constamment comparé, pour évaluer leur degré de douleur, la plupart des événements de ma vie, sans lui trouver d’équivalent.
    Si, comme j’en ai le sentiment, à divers signes – le besoin de revenir sur les lignes écrites, l’impossibilité d’entreprendre autre chose -, je suis en train de commencer un livre, j’ai pris le risque d’avoir tout révélé d’emblée. Mais rien ne l’est, que le fait brut. Cette scène figée depuis des années, je veux la faire bouger pour lui enlever son caractère sacré d’icône à l’intérieur de moi (dont témoigne, par exemple, cette croyance qu’elle me faisait écrire, que c’est elle qui se trouvait au fond de mes livres. »
    Extraits de « La Honte », Gallimard, 1997.

    • La Honte

      La honte ça vous possède
      plus que l’odeur sous vos aisselles
      il n’y a pas de traitement
      pour ça il n’ y a pas de remède
      Il n’y a pas de déodorants

      Quand ma femme m’a quitté
      Que je lui ai demandé un peu d’argent
      Mon père m’a dit qu’il était tellement désolé
      Mais qu’il pourrait pas même en le voulant
      ma mère a fait du café
      Je la voyais remuer la tête parler toute seule dans la cuisine
      depuis l’ombre dans l’entrée
      Je suis resté dormir pendant un an.

      Pascal Bouaziz

    • Récit de Tomas O’Crohan alors qu’il était enfant et vivant sur une île d’Irlande, quelques années suivant la grande famine (1845-1852) :

      « En arrivant, nous entendîmes maman crier que les bateaux étaient là et quelques-uns refermaient un cercle derrière les marsouins, tentant de les repousser vers le rivage. À cette époque, il y avait dans l’île trois grands bateaux opérant avec des seines ; on en trouvait sept à Dunquin. Ils étaient tous sur place pour s’occuper des marsouins, ceux de l’île tentant de les chasser vers la rive alors que les équipages des bateaux de Dunquin restaient à l’écart et se moquaient d’eux. À la fin, l’un des marsouins débarqua au sec sur la plage. Un habile gaillard le saigna et, quand les autres marsouins sentirent l’odeur du sang, ils vinrent à la rive, pêle-mêle, rejoignant leur congénère haut et loin au sec sur le sable.
      Quand les équipages de Dunquin virent ces riches proies sur la rive et les hommes débarqués en train d’égorger les marsouins, ils entrèrent dans la danse pour embarquer des chargement entiers chez eux, mais ceux qui avaient débarqué refusèrent de les laisser en prendre un seul. Ce ne fut pas bien long ; les intrus furent bientôt couverts d’autant de sang que les marsouins et les gens de l’île les chassèrent de la plage, couverts d’estafilades et de blessures. (…) Certains eurent même bien du mal à s’en retourner. Il fallut trimer dur pour ramener les marsouins chez nous et les mettre au sel. Personne n’épargna sa peine, car en ce temps là, on trouvait difficilement quelqu’un pour échanger un marsouin contre un cochon. Le visage de mon père était rouge de son propre sang et du sang des marsouins, mais je le reconnus quand même parfaitement, car j’étais déjà un gamin éveillé à l’époque. (…) Devrais-je vivre jusqu’à cent ans, il n’y a pas de risque que j’oublie jamais cette journée. Tous les gens qu’on rencontrait étaient cramoisis du sang versé au lieu d’être pâles ou basanés. »

      Trois dernières phrases que j’échange volontiers contre toutes celles d’A.E.

      • Il fallait lire : « Trois dernières phrases que je n’échange pas contre toutes celles d’A.E. »

        • Les écrivains capables de nous toucher, de nous parler de nous en se racontant, ne manquent pas. La littérature échappe heureusement aux hit-parades.
          L’écriture de certains nous touche plus que l’ecriture d’autres. Et pas seulement pour des raisons techniques que les spécialistes de stylistique pourraient décrypter. Il y a autre chose, et ce quelque chose est en nous. Totalement individuel, lié à notre histoire, à ce que nous sommes, à ce que notre existence à fait de nous…Vous aimez O’Crohan plus qu’Ernaux, c’est ainsi…Let it be.

          • J’ose (pour une fois) emprunter au Maestro cette expression si juste,si parlante: « Voilà. »

  92. « Trois dernières phrases que je n’échange pas contre toutes celles d’A.E. » : absolument d’accord – du moins avec l’extrait donné plus haut par Josip.

    C’est au-delà de « l’histoire individuelle » ; l’extrait donné par Josip laisse de glace, ou presque ; ça ne remue en rien les tripes ;
    l’extrait donné par Gérard peut tirer des larmes, ou presque – les écrivains irlandais savent y faire (je repense aux « simples » à J . Mc Gahern, ou F. McCourt).
    Le talent fait la différence.

    • (« simples », par rapport à ceux reconnus comme les grands noms de la littérature irlandaise)

      • bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronntonnerronntuonnthunntrovarrhounawnxkawntoohoohoordenenthnuk !

  93. « l’extrait donné par Josip laisse de glace, ou presque ; ça ne remue en rien les tripes »
    Il VOUS laisse de glace et ne remue point VOS tripes.
    Votre remarque est évidemment révélatrice : elle montre que dans la littérature vous ne cherchez pas la même chose que moi. La relation d’Ernaux à l’écriture, à sa fonction, ne vous a pas intéressée. Moi, si.

    « Le talent fait la différence » : définition rigoureuse du talent, svp? Je suis preneur.

    • La gravité et/ou la profondeur et/ou le relief d’un propos dans un style adéquat, le talent est un équilibre savamment rythmé par la conjugaison de ces axes. Balzac narrant la scène des marsouins et le visage ensanglanté de ce père ne vous livrait pas la même émotion.

      O’Crohan a su garder intact, son émotion d’enfant dans sa narration, ce que A.E fut infoutue de faire dans l’extrait que vous nous avez partagé.

      • Je crois que vous ne voulez pas voir que le propos d’Ernaux n’est pas de garder intacte son émotion d’enfant, et que c’est même le cadet de ses soucis.
        Une phrase-clé chez elle, que je cite de mémoire : « dans une vie, l’important n’est pas ce qui arrive, mais ce qu’on fait de ce qui arrive. »
        Mais je vous comprends tout à fait : Ernaux ne vous parle pas, O’Crohan si. Ernaux ne peut pas vous donner ce qu’elle n’a pas, et ce qu’elle a à vous donner ne vous intéresse pas.

        • « dans une vie, l’important n’est pas ce qui arrive, mais ce qu’on fait de ce qui arrive. »
          Mais enfin, Josip, c’est d’une platitude. Pas vous ! Annie nous invente le fil à couper le beurre.

          • (Dans le même genre que celle que JPB nous a faite il y a six mois environ — il en fait une par an et quand il en fait une, il ne se loupe pas : « Les animaux sont plus sympas que les humains, bah, eux, ils méritent vraiment qu’on les aime »)

          • Cette phrase d’Ernaux que je cite de mémoire est d’une telle platitude qu’elle correspond à votre propos : vous aimez les écrivains qui vous transmettent l’émotion de ce qui arrive. La distance qu’ils pourraient y mettre vous importe peu.
            Pour reprendre des termes éminemment todoroviens, vous aimez le récit comme histoire et beaucoup moins comme discours. Aucun jugement de valeur de ma part. Chacun trouve son bonheur où il peut.

          • Dans chaque histoire il y a un discours. Je vous accorde par avance que cette dernière réflexion soit plate.

    • Le contrat entre les maisons de production et Henri-IV stipule qu’« il ne doit pas y avoir de scènes de nudité, ne doit pas choquer les bonnes mœurs, ni porter atteinte à l’image du lycée ».

      Et ben si le clip en question ne porte pas atteinte à l’image du Lycée, je suis le fils de l’archevêque de Perpignan.

      En plus je suis sûr que la « chanteuse » a un gros luc.

  94. Josip, c’est l’Hippias majeur ! La confusion perpétuelle du beau, du vrai, du juste, du bon, de l’utile, du valide…

    • Je pensais que vous alliez exiger une définition mathématique du talent.

      Finalement c’est Josip qui en a demandé une définition non mathématique.

    • « Josip, c’est l’Hippias majeur ! La confusion perpétuelle du beau, du vrai, du juste, du bon, de l’utile, du valide… »
      De toutes les choses que j’ai pu lire à mon propos, celle-là est de très loin la plus idiote.

  95. Savoir « rendre l’émotion », l’émotion d’enfant ; comme à 6 ans, pleurer toutes les larmes de son corps, sur les genoux d’une mère, après avoir fini la lecture de « sans famille »…

    • « Le Jazz a renversé la valse, l’Impressionnisme a tué le « faux-jour », vous écrirez télégraphique ou vous écrirez plus du tout !

      L’Émoi c’est tout dans la Vie !
      Faut savoir en profiter !
      L’Émoi c’est tout dans la Vie !
      Quand on est mort c’est fini !

      À vous de comprendre ! Émouvez-vous ! « C’est que des bagarres tous vos chapitres » ! Quelle objection ! Quelle tourterie ! Ah ! attention ! La niaise ! En botte ! Volent babillons ! Émouvez-vous bon Dieu ! Ratata ! Sautez ! Vibrochez ! Eclatez dans vos carapaces ! fouillez-vous crabes ! Éventrez ! Trouvez la palpite nom de foutre ! La fête est là ! Enfin ! Quelque chose ! Réveil ! Allez salut ! Robots la crotte ! Merde ! Transposez ou c’est la mort ! »

      Céline, Guignol’s Band

    • Je tiens à dire que cette attaque est gratuite, peut-être totalement infondée, mais elle me fait mourir de rire ! (Oui, mes vendredis sont chargés…)

      • Il me faut ici rappeler l’origine de cette conversation.
        J’ai dit que je trouvais insupportables les quolibets, lazzi et horions lancés à Ernaux par des gens qui ne l’avaient pas lue.
        J’ai donc demandé (poliment) que l’on parle de littérature, et sur demande j’ai proposé un texte d’Ernaux en précisant qu’il me parlait, à moi.
        Je n’ai aucune envie de polémiquer sans fin. Libre à chacun d’aimer ou de ne pas aimer le style d’Ernaux, ou celui de Brighelli, ou celui de Balzac, ou celui de Faulkner, de Eco, de Dostoievski, de qui l’on voudra.
        Tout ce que je demande, c’est qu’on reconnaisse que les noms que je viens de citer sont des noms d’écrivains authentiques et pas des imposteurs, Ernaux comprise. Ernaux est un écrivain authentique, il n’y a pas d’imposture dans le succès qu’elle rencontre. Son écriture « blanche » pose problème? Affaire de goût pour qui la lit, mais aussi d’adéquation à son projet littéraire pour elle qui écrit.
        J’ajoute que je tiens Brighelli (pour ce que j’en ai lu) pour un écrivain authentique.
        Il est tout de même piquant de se souvenir qu’il a été dissuadé de continuer à mettre en ligne son roman, par des BdAnautes qui ont contesté sa qualité d’écrivain authentique…

        • Il est tout de même piquant de se souvenir qu’il a été dissuadé de continuer à mettre en ligne son roman, par des BdAnautes qui ont contesté sa qualité d’écrivain authentique…

          Ce n’est pas mon souvenir.
          Une lectrice (ancienne élève de Brighelli au lycée) a dit qu’elle ne retrouvait pas dans ce roman la légèreté qu’elle appréciait tant chez le Maestro;un lecteur mal élevé a écrit: JPB,on s’en fout de ton roman.
          Personne n’a parlé d’authenticité.
          La quasi-totalité des lecteurs était tenue en haleine,attendait son chapitre.
          Comme l’a dit le Maestro ailleurs (belle lucidité):s’il n’y a pas unanimité en ma faveur,je m’imagine qu’il y a unanimité contre moi.
          Sous des dehors rugueux…

        • Une écriture blanche pour une sympathisante des indigénistes et décoloniaux, c’est un comble!
          En tout cas, après le Nobel à Ernaux, Soral et Dieudonné peuvent légitimement nourrir des ambitions pour le prochain. Pour Brasillach, c’est trop tard.

          • @Gerard
            Merci de m’avoir rafraîchi la mémoire, et toutes mes excuses pour avoir insinué des inexactitudes.

        • Il me semble que JPB a donné son texte à lire à deux profs de Lettres BdAnautes, pour avis.
          Les avis en retour ont été, me semble-t-il, sinon négatifs du moins réservés, d’où décision de mettre fin à la mise en ligne.
          Ma mémoire me trahirait-elle? Si c’est le cas, toutes mes excuses.

          • Faux. Gus et Sanseverina, tous deux agrégés, les deux seuls agrégés du blog, avaient été mandatés à la tâche ; chacun de leur retour fut positif. Ce fut la remarque d’un seul et unique commentateur non agrégé, et supprimée du fil, qui fit perdre les sangs d’un JPB déjà crispé par la remarque précédente de l’ancienne élève (peut-être encore amourachée) et dont l’intervention aux arguments pauvres prêtait plus à la volonté de se démarquer du fil qu’à la volonté d’apporter une critique constructive et honnête.

          • @Gerard
            Merci de m’avoir rafraîchi la mémoire, et toutes mes excuses pour avoir insinué des inexactitudes.

  96. Josip Gavrilovic 14 octobre 2022 At 15h09
    « Non, elle était vraiment brillante. Son projet …était parfaitement cohérent et, d’ailleurs, tout à fait faisable. etc;etc. et bla bla bla…

    Et à part ça, elle était d’une beauté à damner le Saint-Siège au grand complet. »

    « à part ça » introduit l’essentiel

  97. Jean-Paul Brighelli à propos de l’écriture d’Ernaux :
    « Pas blanche : décolorée. »
    Difficile de résister à un bon mot d’humour vachard, n’est-ce pas M’sieur Brighelli ? Mais vous, au moins, on peut supposer qu’Ernaux, vous l’avez lue. Et que vous préférez les écritures plus charnues, ce qui est évidemment votre droit.

    Je vais finir par penser que je suis, avec le jury Nobel, le seul à avoir compris que cette écriture-là, minimaliste, sans effets, était la seule pouvant convenir à ce que Ernaux avait à dire.

  98. bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronntonnerronntuonnthunntrovarrhounawnxkawntoohoohoordenenthnuk !
    M’avait échappé, « celle-là » (pour reprendre une de vos récentes expressions) ;
    vous tentez de vous moquer ; encore bien du boulot vous attend avant d’atteindre le savoir-faire Dugongesque !

    • C’est pas de moi. C’est d’un auteur irlandais pas « simple ». Arrêtez de voir de la moquerie partout.

  99. @Lormier
    Je ne détourne rien. J’établis des liens et je constitue des réseaux de signification. Rien d’autre.

    • A propos d’un billet sur le coup de foudre,vous parvenez à entraîner plusieurs personnes dans une discussion sur Annie Ernaux (qui n’est mentionnée qu’une fois,en passant). Vous créez une tumeur,qui grossit.
      Et en plus,vous ne faites même pas semblant de vous intéresser le moindrement au coup de foudre.
      Chapeau !

      • Sur ce blog, c’est la règle plus que l’exception : le sujet de départ est vite oublié et d’autres thèmes sont rapidement abordés et deviennent omniprésents.
        Rien de nouveau sous le soleil qui soit dû à un quelconque machiavélisme de ma part.

  100. Je sors de Triangle of sadness très enthousiaste, et assez surpris de l’être. Je préfère celui-ci à The square, et je le mets au niveau des premiers(Play reste imbattable selon moi et dans les récents j’aime particulièrement Snow Therapy que j’ai dû voir au moins 5 fois).
    Concernant Triangle of Sadness, j’ai néanmoins trouvé à plusieurs moments que quelques scènes étaient un peu ratées (Ostlund a dit être parti d’une première version de 3 heures et demie pour aboutir à 2h30 et je me demande s’il n’aurait pas dû en couper encore un peu) : par exemple la scène de sexe dans la cabine avec YaYa où Carl joue au domestique ne fonctionne pas, ou encore celle du vol des Bretzels que je ne trouve pas très bien jouée (le chien Denver, comme tous les animaux-acteurs, est bien meilleur interprète).
    Le film est impressionnant de constance dans l’exécution, même si la partie sur l’île est un peu moins dense et drôle car les gens y sont empotés. Qu’ils soient aussi nuls après toutes ces saisons de koh-lanta n’est pas très réaliste. Il y a des gestes de survie basique: faire un feu, chercher du manioc, appeler un uber eats, je sais pas moi…Mais elle est précédée d’1h40 impeccables, ce qui suffit quand même largement à faire un grand film(dans
    plein de films chroniqués par jp dans bda ancienne version je n’ai parfois pas pu trouver trente secondes de cinéma) car Ostlund est un tel filmeur, un si génial artisan du cinéma, un tel metteur en situation, qu’en dernière instance, aucune scène ne peut ennuyer.
    Je pourrais développer en au moins 10000 caractères, ponctuation comprise, ce que j’ai pensé de ce film. Qui d’autre que moi le ferait point d’interrogation ici? Personne point
    Même pas moi point A quoi bon point d’interrogation uhuhupoint point point

    Pour ce qui concerne AE, JP tourne en rond dans sa haine pour cette femme, et n’arrive à rien en dire, ni des ses forces ni des ses faiblesses.
    Sa force, c’est qu’elle arrive toujours à rendre intéressant le moindre truc, grâce à un admirable effort de clarté, presque de pédagogie.
    Sa force c’est en somme, par son talent de narratrice (AE est une narratrice plus qu’un écrivain), d’arriver à embarquer tout le monde.
    Sa faiblesse c’est qu’à vouloir embarquer tout le monde dans son sillage elle ne risque rien narrativement, formellement, stylistiquement.
    Toujours elle se tient, idéologiquement autant que stylistiquement(*), dans une sorte d’espace médian qui ne heurtera personne. Où tout est clair.
    Sa faiblesse c’est sa peur de l’obscur.
    Dans la vraie vie, idéologiquement parlant, c’est une autre histoire.

    (*) j’ai écrit deux fois stylistiquement…nique sa race comme dirait AE.

    ps:
    https://www.lefigaro.fr/medias/prix-nobel-de-litterature-les-ventes-des-romans-d-annie-ernaux-ont-ete-multipliees-par-dix-20221012

    Les Armoires sont vides mais les coffres sont pleins.

  101. Quelqu’un m’explique ce que c’est, l’écriture blanche?

    Ecrire à l’encre sympathique ? Au Tipex ? A l’eau blanche ? En vers blancs ? Exorciser le syndrome de la page blanche en racontant des histoires de traites des blanches et de mariages blancs entre russes blancs criminels en col blanc qui mangent de la viande blanche et du fromage blanc en buvant du vin blanc ? Rédiger des manifestes suprémacistes blancs ? Ecrire des notices pour la prise d’aspirine ? Des recettes pour cuisiner le boudin blanc, la blanquette, les haricots blancs? Être publié dans la collection blanche ? Et Blanche-Neige, Moby Dick ou Croc-Blanc, c’est de l’écriture blanche ?

    Parce que vous avez tous l’air de dire que c’est quelque chose de connu comme le loup blanc mais pour moi ce n’est pas clair du tout.

    • @mendax
      Ci-dessous ce que dit Wikipedia, qui me semble assez bien vu :
      « L’écriture blanche est une forme de littérature minimaliste définie dans les années 1950 à la suite des travaux de Roland Barthes sur le nouveau roman francophone, en particulier dans son ouvrage Le Degré zéro de l’écriture (1953).
      Roland Barthes analyse un type d’écriture « neutre » dont le principal exemple est L’Étranger d’Albert Camus. D’autres auteurs se caractérisent par l’écriture blanche, dont Maurice Blanchot et Jean Cayrol, ou encore Michel Houellebecq, Louis-René des Forêts et Marguerite Duras, ou Annie Ernaux, dont le type d’écriture distancié est également qualifié d’ « écriture plate ».
      Des équivalences dans la littérature anglophone sont représentées par le minimalisme de Raymond Carver ou de Brett Easton Ellis. »

      Ce que j’en comprends (et qui peut être contesté) : l’écriture blanche est minimaliste, sans effets, où le travail de l’écrivain vise paradoxalement à n’avoir aucun style « reconnaissable entre mille ». D’où cette impression de détachement, de platitude, de factualité dépourvue d’émotion.
      Dans le cas d’Ernaux, lui reprocher son absence apparente d’émotion revient selon moi à occulter la nature de son projet littéraire, ou à ne pas l’avoir compris.

      • « Dans le cas d’Ernaux, lui reprocher son absence apparente d’émotion revient selon moi à occulter la nature de son projet littéraire, ou à ne pas l’avoir compris. »

        Le principe du Nobel est universel. Avouez qu’une idéologie récompensée comme le suggère l’institution suédoise dans la remise du prix, qui ne serait pas accessible à tous serait un comble et pourtant, c’est bien ce que vous semblez dire.

        • Sartre a refusé le Nobel en disant:si le Nobel avait existé au XVIIème siècle, Boileau l’aurait eu mais pas Corneille ?
          Attribuer des prix à des écrivains n’avait selon lui pas de sens. (remarque :le premier Nobel de littérature fut décerné à Sully Prudhomme.)
          Sur le fond je donne raison à Sartre.
          Mais je suis vieux et je suis devenu indulgent avec l’humanité – qui fait plein de trucs bêtes;ce n’est pas une mauvaise chose que des écrivains puissent mettre du beurre dans leurs épinards;et si le Nobel fait lire des livres,tant mieux.

      • Est-ce que vous répondez toujours quelque chose d’intelligent quand on vous pose une question idiote ?

        Je vais dire les choses plus clairement : je ne crois pas à l’écriture blanche. Qu’on parle ou qu’on écrive, on fait forcément des choix sur la manière de s’exprimer. Le refus de la rhétorique n’est donc pas l’absence de style, mais bien au contraire un choix stylistique délibéré. Reste à savoir ce que l’on en fait. Est-ce que vous trouvez beaucoup de points communs entre Camus, Ernaux, Ellis et Carver ?

        Prenez Racine : son lexique est très limité, mais les effets produits sont très puissants.

        Less is more, comme dirait l’autre. Mais chez certains, less is only less.

      • J’ai copié et collé (l’autre recension, je ne la rtrouve plus;elle aussi était élogieuse)
        danymuze2014 · a year ago
        Text
        Soleil noir
        Vous vous souvenez peut-être de ces quelques chapitres dont j’avais cru pouvoir égayer le premier confinement, l’année dernière. Publiés sur Bonnet d’Âne, ils ne rencontrèrent pas un franc succès, ce qui me chagrina fort, étant d’un caractère à prendre pour argent comptant toute critique. Alors j’ai demandé à deux membres éminents du Blog de bien vouloir lire le texte en son entier, et d’en faire une critique sans complaisance. Je les ai choisis hors de ma garde rapprochée, si je puis dire, de façon à n’en attendre nulle complaisance. Et profs de Lettres de surcroît, de façon à en craindre les foudres. Je vous les livre l’un derrière l’autre — le premier dû à S***, le second à G*** : je ne saurais trop les remercier l’un et l’autre pour le soin qu’ils ont pris, d’autant que lire un texte de 450 pages (potentielles) sur écran n’est pas une sinécure. Cela ne signifie en rien que je le juge publiable. Les lecteurs que j’aimerais avoir — Dumas ou Paul Féval — ne sont apparemment plus disponibles. Mais la question reste posée : qu’en auraient-ils dit ? JPB
        ………………………………………………………………………………………….
        S*** écrit :
        Il y a des romans à prix. Le Goncourt par exemple. Certes, depuis 1903, quelques noms immenses sont restés, Proust, Malraux, Gracq, Simone de Beauvoir, des grands à l’époque et qui resteront grands pour toujours. Et puis tant d’autres dont vous lisez les titres, tant d’autres que vous avez lus et dont il ne reste rien. Pas le plus pâle souvenir. Des Goncourt d’avant-guerre ou d’après-guerre, bien datés, que plus personne ne regarde. Et des Goncourt plus contemporains. Prenez « L’Anomalie » par exemple. Qu’en reste-t-il après quelques semaines de lecture ? Pas grand-chose : un truc. Oui, un truc. Le coup du même avion qui arrive une deuxième fois. Bien. Fort bien. Les orages dans le temps, la machine à remonter le temps. Oui. La SF américaine nous a déjà proposé cela. Sinon ? Sinon, pas grand-chose, un amalgame de tous les thèmes qui plaisent actuellement, qui sont à la mode et qui font vendre : l’inceste, l’inévitable écrivain de service, l’épouse qui se sacrifiera, et puis je ne sais plus. A vrai dire, j’ai déjà oublié. Je me souviens surtout de cet enchaînement laborieux de chapitres dans le premier tiers du roman : un chapitre pour un personnage et un deuxième et un troisième. Arrive le commandant de bord : ouf, enfin, quelque chose va se passer. L’écriture ? Il paraît qu’elle est corrosive. Ah ! L’humour ? Je n’ai même pas ri. Et la fin, attendue comme le soleil après l’averse de pluie. Et puis il y a des romans qu’on aime, tout de suite. Parce qu’ils savent créer un monde qu’il soit contemporain ou passé. Parce que vous découvrez des personnages qui vont devenir au fil des pages, des frères, des amis, des semblables. Parce que vous avez envie que tout se passe mal pour certains et que tout réussisse pour d’autres. Bien sûr que ce vicomte d’Aumelas, on le suit avec attention, on s’inquiète pour lui, au plus fort du piège qui s’est refermé sur lui. Et on tremble qu’il ne se fasse déchiqueter dans la grande scène de duel, très intelligemment décalée, et on le voudrait déjà, goûtant les plaisirs amoureux quand tout l’en empêche, quand tout s’y oppose. Son frère de lait, le mystérieux Balthus, n’est pas moins sympathique au lecteur. Le doute, le savoir, la ténacité, l’humanité nous le rendent attachant. Son geste est sûr et sa découverte des rudiments de la médecine moderne est étonnante. Comme ses silences qui le font souvent ressembler à un personnage de tableau. Et puis il y a la neige, le givre, partout, la petite ère glaciaire du XVIIème siècle. Les forêts et les villages traversés dans le grand froid et les rafales de vent. Les petites gens qui supportent une vie qui n’est que survie. A l’opposé des grands. La cour de Versailles est omniprésente, in absentia dans la lutte que mène le roi contre les protestants, in praesentia lorsque le petit Balthus se fera grand au point de soigner le roi lui-même. Les intrigues, les coups bas, les portraits des Grands, les petitesses des uns, la corruption des autres, tout nous ramène à notre époque. L’affreux Souvré dont les yeux lancent des éclairs jaunes. Louvois l’implacable hypocrite. Tout nous parle. Oui, la belle Eléonore serait en droit de s’insurger d’avoir obtenu un rôle mineur dans cette histoire, c’est vrai. Elle n’est que le trophée d’une lutte engagée entre deux seigneurs. Peut-être que certaines mises au point historiques, à la manière de Dumas, mais beaucoup mieux écrit, tant pis pour Dumas, ou de Balzac pourraient être un peu raccourcies, « ébréchées » à l’inverse des magnifiques épées qui sont à l’honneur. Le nom de « Louve » pour l’une d’entre elle, assoiffée de sang, est magnifique. « …l’impression que la lame possédait une vie propre, prête à jaillir, comme si elle n’était qu’en sommeil, comme un chat. » Mais ce n’est pas la perfection qu’on recherche dans un roman. Et dans « Soleil noir », on trouve aussi une belle amitié qui élève le vicomte d’Aumelas et Balthus au rang des héros que le lecteur aime, qu’il voudrait ne jamais quitter à la fin de l’histoire et qu’il n’oubliera pas. Un vrai roman, en fait. G*** écrit :
        « The true alchemists do not change lead into gold; they change the world into words » – William H. Gass Il y a toujours eu plusieurs Brighelli : l’anthologiste de textes littéraires, l’essayiste polémiste jusqu’au-boutiste qui sévit dans les médias, celui qui écrit des récits érotiques sous un alias féminin, le mercenaire de plume pour personnalités politiques, j’en passe et des meilleurs, sans même évoquer le groupe pop The Brighellis – les frères Jean, Paul, George et Ringo – qui enflammèrent les cœurs et les corps dans le Swingin’ Marseille des Sixties. Et puis il y a le romancier. Jean-Paul Brighelli m’a honoré de sa confiance en me laissant lire le manuscrit de Soleil noir, son dernier roman historique, un formidable récit dont l’action se situe à l’orée du dernier tiers du règne de Louis XIV, juste après la révocation de l’Edit de Nantes. Nous sommes en janvier 1685 à Aumelas-le-vieux, un petit village cévenol dont les habitants sont tous de confession protestante. Pendant quatre-vingts ans, ils ont vécu tranquillement à l’écart du reste du pays, bien à l’abri des montagnes et des torrents, mais depuis quelque temps, de sombres rumeurs font état de conversions forcées, de déportations, et même de tueries de masse. Ce matin-là, les dragons du roi pénètrent dans le village avec leur tête le marquis de Souvré, personnage délicieusement odieux tenant lieu d’âme damnée au marquis de Louvois, ministre de sa majesté chargé de convertir de force tous les protestants du royaume. Les villageois se font tous massacrer, brûlés vifs à l’intérieur du temple ou fusillés après avoir été plongés nus dans les eaux glacées de la fontaine. Tous, sauf le vieux Mathieu Lens qui a déjà survécu à plusieurs guerres et parvient in extremis à s’échapper. Blessé, il s’enfuit pour aller témoigner au Seigneur d’Aumelas de quelles monstrueuses exactions son village a été la proie… Le roman se déguste comme on lirait un Dumas inédit – parmi de nombreuses autres allusions plus ou moins voilées, on croise par exemple au détour d’un chapitre le fantôme de Porthos (à moins qu’il ne s’agisse d’un de ses proches parents : Porthos meurt une quinzaine d’années avant le début du récit). Pastiche ? Non : palimpseste. En effet, le roman de Brighelli recèle plusieurs couches de lecture, comme le feuilletage de l’épée forgée par Manuel Herrero, trempée et retrempée jusqu’à atteindre le parfait équilibre. C’est d’abord un roman d’aventure, dans sa forme la plus classique et la plus efficace : une quête pour la justice menée par deux frères de lait qu’en apparence tout oppose. D’un côté, Pierre d’Aumelas, bon catholique au tempérament impétueux, joyeux amateur de la dive bouteille, vicomte ruiné et vétéran du siège de Maastricht ; de l’autre, Balthazar Herrero, jeune médecin abstème au caractère réservé et circonspect, juif par sa mère et musulman par son père, bien en fonds et totalement athée. Les deux personnages principaux forment ainsi les deux faces complémentaires d’une même pièce : le bras et la tête, la voie sèche et la voie humide, celui qui tue et celui qui soigne – tous deux unis par une indéfectible amitié. Très agréable, ce premier niveau de lecture est sans grande surprise, mais à vrai dire, ce n’est pas ce qu’on demande au genre tant que le roman est bien construit. Tous les codes sont respectés : il y a des duels, des traîtrises, du mystère, de la ruse et de la passion, mais surtout des personnages très attachants et une intrigue aussi bien rythmée que solidement charpentée. N’étaient quelques scènes particulièrement cruelles, on pourrait sans problème recommander ce roman à de jeunes lecteurs un tant soit peu sensibles au registre héroïque, d’autant plus que sur le plan du style, le livre est remarquablement bien écrit, dans une langue presque classique, avec parfois quelques ornementations baroques pour mieux faire ressortir par contraste la limpidité globale du propos. Je pourrai citer ici quelques morceaux de bravoure qui ont autant suscité mon enthousiasme que retenu mon admiration : le façonnage de la Louve dans la forge de Manuel Herrero, la description du souper du roi, ou encore les passes d’armes entre Pierre d’Aumelas et Malatesta, ombrageux spadassin qui s’exprime dans le sabir babélien des comprachicos. C’est à dessein que j’ai employé le mot « classique », car il correspond bien au deuxième niveau de lecture du roman, à savoir sa dimension didactique, l’auteur n’hésitant pas à sacrifier à la formule bien connue de ce cher Horace. Pas étonnant que La Fontaine soit si souvent cité dans le récit : le « placere et docere » est très régulièrement mis à profit, mais moins dans sa fonction morale que dans sa dimension historique. En effet, Soleil noir est un roman très immersif, déployant page après page un univers où toutes les fictions communiquent – les clins d’œil littéraires implicites ou explicites sont légion et c’est un régal de s’amuser à les repérer – et s’entremêlent aux fils de l’Histoire authentique, comme chez Dumas, encore, ou plus proche de nous, comme chez Hugo Pratt ou Patrick Cothias. On apprend ainsi une multitude d’anecdotes sur la famille royale, sur la médecine de l’époque, sur l’économie, la gastronomie, la mode ou l’art de l’escrime… Tels sont les romanciers qui font aussi profession d’enseigner : ils veulent toujours tout expliquer. Mais ce qu’on pardonne à Umberto Eco, on peut aussi le pardonner à Brighelli, qui pourrait bien vous dévoiler en passant et sans que vous vous en rendiez compte qui a inspiré le personnage du Misanthrope ou quelle était la véritable identité du Masque de Fer. Enfin, bien sûr, il y a la dimension symbolique, ou plutôt alchimique, puisque c’est au fond presque la même chose. À bien des égards, je me demande si on ne peut pas considérer l’une ou l’autre scène du récit comme l’illustration romanesque de certaines thèses personnelles que l’auteur a théorisées ailleurs. Par exemple, les trois personnages principaux, tous orphelins de mère, pourraient bien constituer une triple variation sur ce que Brighelli nomme « le complexe d’Orphée », tout comme les villageois exécutés dans la fontaine puis réduits par le froid à l’état de statues de glace pourraient renvoyer à sa théorie de « la porte de l’enfer ». Mais peut-être vaut-il mieux s’attacher à interpréter des symboles moins cryptiques. Le Soleil noir éponyme, d’abord, c’est avant tout Louis XIV, et, par métaphore et métonymie, quelque partie honteuse de son anatomie qui depuis des années le fait terriblement souffrir et influe par conséquent de manière déterminante sur sa politique. À quoi tient le destin d’un pays ? L’anus de Louis XIV, s’il eût été en meilleure forme, toute l’assise du royaume aurait été changée. Mais le soleil noir, c’est aussi en alchimie le symbole de Saturne, qui représente le plomb, ainsi que la phase de putréfaction dans la réalisation du Grand Œuvre. En dépit de ses apparences fastueuses, le règne de Louis XIV serait donc l’âge de plomb, au terme duquel la France ressortira complètement ruinée par les dépenses militaires et le mercantilisme, mais aussi l’ère de putréfaction et de fermentation des idées, nécessaire à l’avènement de la Pierre Philosophale au siècle prochain : le mouvement des Lumières. Et suivant la même symbolique, sans doute n’est-il pas fortuit que le vicomte d’Aumelas se prénomme Pierre (comme d’ailleurs le père de sa promise Eléonore), que la forge de Manuel Herrero ressemble beaucoup à un athanor et que cet artisan signe son œuvre d’un H qui est à la fois l’initiale de son nom et celle d’Hermès Trismégiste, mais également le symbole astrologique de la planète Saturne… Quant à la Louve, cette épée vivante fabriquée par Manuel Herrero pour le vicomte d’Aumelas, elle s’offre comme l’image métatextuelle de toute la fiction : « Une lame d’un rouge sombre » – couleur de la pierre philosophale – dont « le processus de fabrication dura une bonne semaine » – les alchimistes donnent parfois à leur magistère le nom de « semaine des semaines » – et qui possède une fois achevée « autant de pages qu’un gros livre ». Ajoutons que cette lame est faite d’acier de Damas qui en arabe se dit « Chams », qu’on peut à la fois traduire par « noir » et par « soleil », et dont l’étymon renvoie peut-être à « Chemesh », le prophète juif que d’aucuns considèrent comme le père de l’alchimie. Le fil doré de la métaphore resplendit alors de tous ses feux : l’épée, c’est à la fois la plume et le livre, le processus et le produit. Et le style, bien sûr, comme le souligne le maître d’armes Malatesta (un ancêtre d’Errico ?) lorsqu’il donne sa plus importante leçon au vicomte d’Aumelas : l’important n’est pas de reproduire les bottes déjà connues, mais de les étudier à fond jusqu’à trouver son propre style, celui qui prendra l’adversaire de court et permettra de le tuer sans peine. Voilà peut-être l’une des leçons de l’alchimie romanesque : une grande fiction est un mélange de réel et d’imaginaire ; il faut une longue pratique et beaucoup d’expérience pour mêler ces deux ingrédients jusqu’à les fondre en un. Il y a toujours eu plusieurs Brighelli. Nabokov disait qu’un écrivain peut être considéré selon trois points de vue : conteur, pédagogue et enchanteur, un bon romancier combine les trois, mais chez un grand écrivain, c’est l’enchanteur qui domine. Brighelli est autant conteur que pédagogue, mais chez lui, l’enchanteur qui domine a cédé sa place à un alchimiste — Brighelli Trismégiste.

  102. WTH 14 octobre 2022 At 16h40

    il arrive un moment, où l’on a plus qu’une envie c’est d’entartrer ces obsédés des rondelles et autres fantasmagories, de gros cacas, coulant, fumant, puant.

    Si les « profschantillyonneurs » de l’Orénais avaient aspergé Blanquer de caca au lieu de chantilly,ils auraient été plus lourdement condamnés.

  103. Josip Gavrilovic 15 octobre 2022 At 8h38
    @Gerard
    Merci de m’avoir rafraîchi la mémoire, et toutes mes excuses pour avoir insinué des inexactitudes.

    Pour clore ce chapitre, il est indispensable de signaler les comportements auxquels se heurtent les personnalités publiques œuvrant sur la toile et quelque soit le canal utilisé (twitter, instagram, youtube, etc) à la diffusion d’un contenu. Il est connu que lorsque vous générez plus de 30 000 lecteurs (abonnés) par parution vous exposez im-man-qua-ble-ment à un pourcentage de haineux qui sont une des composantes de la population de vos abonnés. Souhaitez qu’un écrit réunissent les faveurs de 100% du lectorat est une pure utopie quand elle n’est pas le signe d’une profonde immaturité qu’aucune sensibilité ne pourrait justifier.

  104. Je crois me souvenir qu’Ernaux déclarait ne pas prétendre à la littéracité. Curieux de voir ses zélateurs allaient contre leur maîtresse au nom de la transcendance du beau !

  105. Moi, moi, moi!
    Je ne fais de Torah personne.
    Moâ, mauah…moi? Oui, moi! Moi au carré et moi au cube.
    Je pense à moi ou à moi, parfois à moi.
    Je suis dieu, Yahvé que moi. Dieu donné à moi. I’m Raël mais pas he’s Raël.
    Je suis moi. « Je est moi », je hais breu.
    Je n’aime pas les falafels et la carpe farcie.
    J’ai eu le Nobel au premier tour et je l’aurai au second tour, car j’aime quand à chaque tour ça tombe (sur moi). Un jour j’irai à New York avec moi, ou peut-être à Toulouse avec mes rats, car j’aime mes rats puisqu’ils pensent comme moi.
    Je m’aime, i love myself. Ouh ça m’a fait plaisir.
    J’ai un lave-vaisselle Laden.
    Moi, moi, moiiiiiiiiiiiiiii! (mais pas les juifs).
    Le monde est moi, le monde émoi, l’immonde est moi.

    Annie Ernaux: « Exercices de masturbation littéraire »

    • Cyrano58 brocarde et parodie Ernaux citoyenne idéologue et ses prises de position « politiques ».
      Le jury Nobel a hélas donné le coup d’envoi de cette confusion déplorable entre l’idéologue et l’écrivain, en évoquant autre chose que la littérature produite par sa lauréate.
      Pourquoi Cyrano58 n’essaierait-il pas de se montrer plus fin et plus pertinent que le jury Nobel?

      • « Pourquoi Cyrano58 n’essaierait-il pas de se montrer plus fin »

        On parle de cyrano, hein…

        • Finalement ce gros teubé fait la même chose que les féministes tombant sur ce youpin de Polanski : i’ sépare pas l’homme de l’artiste !

          • Prenez quelqu’un d’un peu plus fin comme ma modeste pomme ! Les avis politiques d’Ernaux, je n’en ai pas grand chose à carrer, et, cela mis à part donc, elle est littérairement nulle.

      • Ne soyons pas dupes: elle a obtenu le Nobel pour son engagement politique, pas pour son oeuvre.

      • Josip, 2 rappels:
        -l’antisionisme est le cache-sexe de l’antisémitisme islamo-gauchiste
        -l’antisémitisme n’est pas une « opinion politique » mais un délit (certes de moins en moins reconnu et puni par la justice ne France)

        • Votre point 2 est incontestable et j’y adhère.
          Votre point 1 est totalement contestable et je le conteste.
          – Combien de résolutions de l’ONU non respectées par Israël ? Renseignez-vous, le chiffre est impressionnant.
          – La colonisation des territoires occupés qui continue envers et contre tout, au point qu’un certain nombre d’Israeliens eux-mêmes essaient de faire entendre leur voix pour protester contre ces colonisations totalement irrecevables au regard du droit?
          Les deux points que je rappelle sont-ils la marque d’un antisémitisme ? Allons, cyrano, vous ne ferez prendre à personne des vessies pour des lanternes.
          Et si vous avez bonne mémoire, vous vous rappelez certainement ce que je pense de l’islamo-gauchisme…

          • « Votre point 2 est incontestable et j’y adhère. »

            Eh bien voilà ! C’est la conjuration des imbéciles mal informés et liberticides !

          • Le glissement de la (juste) critique du colonialisme israélien vers l’antisémitisme décomplexé est malheureusement devenu commun à gauche chez les idiots utiles de l’extrême-droite musulmane (pardon pour le pléonasme).
            Mais je constate que notre échange pertube un contributeur qui semble totalement à l’hamas.

  106. Mendax :
    « Qu’on parle ou qu’on écrive, on fait forcément des choix sur la manière de s’exprimer. Le refus de la rhétorique n’est donc pas l’absence de style, mais bien au contraire un choix stylistique délibéré. »
    Je n’ai rien à ajouter ni à retrancher à ces propos. J’aurais pu les écrire.
    Ernaux a effectivement choisi ce type d’écriture. Je suppose que c’est ce qui convenait le mieux à ce qu’elle avait à dire.
    Pour moi, l’anti-écriture blanche par excellence, c’est Hugo.
    Je ne sais pas si des études de stylistique un peu pointues ont été menées, mais je parierais volontiers que l’écriture blanche se caractérise entre autres par une extrême parcimonie d’adjectifs et d’adverbes, qui laissent trop passer la subjectivité les émotions et le pathos de l’écrivain.

  107. Les gens un peu informés savent quand même qu’il y a – tout à fait officiellement, c’est dans le testament de Bébert – d’autres conditions que « être un bon écrivain » pour obtenir le Nobel. Pensez ! sinon Brighelli serait déjà en route pour Stockholm !

  108. Prix nombril : Suite et fin.
    Elle n’a même pas été professeur en « présentiel » puisqu’elle a obtenu un poste au CNED après 6 ou 7 ans de véritable exercice.
    D’un prof à distance que l’on ne peut toucher, peut-on encore dire « Un beau métier, professeur » ?
    Oui…

  109. « l’antisémitisme n’est pas une « opinion politique » mais un délit (certes de moins en moins reconnu et puni par la justice ne France) »

    Rappelons tout de même que c’est logiquement stupide et juridiquement.

    Logiquement : limiter le domaine de l’opinion aux seules opinions admissibles est pertinent que limiter le domaine de la pensée aux pensées qu’on tolère – c’est-à-dire qu’on détruit le concept même d’opinion et, partant, la liberté juridique qu’on lui accorde parfois.

    Juridiquement : la liberté d’opinion a toujours été reconnue comme totale depuis 1958. Et l’expression de propos antisémites ne tombe pas nécessairement sous le coup de la loi, il y a des conditions pour cela (injure, diffamation, joker Pleven, etc.). Dieu merci, on a encore le droit de dire « je n’aime pas les Juifs » sans aller dire bonjour à la XVIIe chambre ! – C’est la jurisprudence Vanneste.

  110. Qui contesterait que l’expression « je hais les Juifs » fût antisémite ? Et pourtant elle est parfaitement légale !

    (Jusqu’à quand ?)

      • Au-delà de l’aspect juridique, c’est logiquement stupide : limiter le champ de l’opinion aux seules « opinions » admissibles, c’est détruire toute la force qu’on pourrait trouver au concept d’opinion – vous entrez dans quelque chose de grossièrement circulaire. (Et, esthétiquement, c’est assez mesquin – mais c’est un détail.)

  111. Me souviens d’un type qui disait se taire sur les questions juridiques car il n’y pipait rien… Quelqu’un se souvient de son nom ?

    • Réponse ébouriffante de malhonnêteté.
      Je ne comprends rien aux textes de droit des affaires, je le confirme.
      En revanche, je comprends tout aux résolutions de l’ONU 242 et 338 (et bien d’autres encore), qui sont rédigées dans une langue qui m’est accessible.
      Je connais un type qui a perdu une occasion de se taire. Quelqu’un se souvient de ses noms?

  112. Fregoli:
    « Les avis politiques d’Ernaux, je n’en ai pas grand chose à carrer, et, cela mis à part donc, elle est littérairement nulle. »
    Elle est littérairement nulle. Si vous voulez qu’elle le soit, alors pour vous elle l’est. Aucune envie de polémiquer sur ce point, je me suis suffisamment expliqué sur ma position.
    Question : n’avez-vous pas un peu d’appréhension à l’idée que vous pourriez vous tromper du tout au tout et rejoindre l’impressionnante cohorte de tous ceux qui ont jugé vite et mal des œuvres que la postérité a porté aux nues? (Exemple canonique : Gide trouvant médiocre Du côté de chez Swann et donnant un avis défavorable à sa publication)

    • L’avait-il lu ? Céleste Albaret pense que non (le manuscrit était empaqueté d’une certaine façon avec un nœud bien particulier,fait par un domestique et il est revenu avec exactement le même nœud).
      Proust écrivait dans le Figaro…il a souvent été dit que Gide a rejeté Proust pour des raisons idéologiques;plus tard il a changé d’avis et écrit une lettre de lèche-cul à Proust; « un faux moine »,dit encore Céleste.

    • « rejoindre l’impressionnante cohorte de tous ceux qui ont jugé vite et mal des œuvres que la postérité a porté aux nues »

      Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, je ne suis pas tout à fait ce qu’on appelle un conformiste ! L’idée que la postérité universitaire puisse ne pas partager mes goûts actuels ne m’empêche pas de dormir : je suis même assez convaincu que c’est ce qui se passera dans de nombreux domaines ! Êtes-vous terrorisé à ce point de ne pas être approuvé par les autorités ?

      Et quand bien même… je ne m’impose pas d’obligation de trouver Dieu ou toute transcendance ! J’aurais ontologiquement méjugé Ernaud ? Allons bon, ce ne serait pas la première fois que je serais dans l’erreur.

      « Gide trouvant médiocre Du côté de chez Swann et donnant un avis défavorable à sa publication »

      Ce qui prouve bien que les connaisseurs pouvaient savoir la qualité de Proust ! Qu’est-ce que c’est infatué Gide…

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