J’ai suffisamment expliqué l’année dernière pourquoi les écoles devaient rester ouvertes. Encore une fois, j’ai été Cassandre dans mon coin, l’immense majorité des enseignants préférant une réclusion frileuse et un enseignement à distance problématique.
Si problématique que son évaluation, en septembre, n’a laissé aucun doute : l’école à la maison a été catastrophique, en particulier pour les élèves les plus fragiles — même si les autres, tous les autres, ont salement trinqué eux aussi. Ni le matériel, ni les compétences auxiliaires des parents, mobilisés pour une tâche qui n’est pas la leur, n’ont été à la hauteur. Mais surtout, seul un imbécile peut croire qu’un enseignement en distanciel aura le même effet qu’une présence réelle, face à face.
Résultat ? De nombreux médecins, explique le Figaro, plaident pour un reconfinement. Je les suspecte de chercher à perpétuer leur pouvoir par tous les moyens — l’un d’entre eux a doctement expliqué que nous en avions pour dix ans, de masques, de distanciation et de spécialistes d’épidémiologie sur toutes les chaînes. Ils ont pris goût au maquillage, sans doute.
En même temps, les pédiatres sonnent l’alerte. Ils n’ont jamais eu en consultation autant d’adolescents en phase pré-suicidaire. Non seulement la distance nuit à la qualité de l’enseignement, mais elle tue.
Oui, mais le virus aussi, bla-bla-bla. Même si — c’est avéré — les écoles ne constituent pas des accélérateurs de l’épidémie. C’est plutôt en famille que l’on se contamine, et avec le ramadan qui commence dans quelques jours, ça ne va pas être joli-joli — alors que la Seine-Saint-Denis affiche des taux de positivité déjà élevés. Parions que l’on mettra sur le dos de Blanquer, contre lequel quelques profs encore plus frileux que les autres viennent de porter plainte pour mise en danger de leur droit à la paresse, le sursaut de contaminations qui s’en suivra.
Neuf élèves d’une prépa scientifique dans mon lycée sont corona-positifs. Tous internes, et plusieurs d’entre eux avaient participé au carnaval sauvage qui a déferlé sur Marseille il y a huit jours. Rien à voir avec leur présence en classe.
Bien sûr, des écoles ouvertes facilitent le travail des parents : mais je ne vois pas très bien en quoi c’est un tort. Mais surtout, elles facilitent l’acquisition des connaissances. Je ne veux pas faire de la peine à mes collègues, mais entre leur binette sur Zoom ou une série sur Netflix, les élèves ont choisi depuis lurette.
Alors, certains ont préféré le mensonge pour faire pression sur le ministère. Un membre du SNES du lycée Eugène-Delacroix de Drancy a affirmé que pour 2400 élèves, on comptait 20 parents morts. Ça a fait les choux gras de la presse à sensation — autrement dit, toute la presse : le Covid a permis à l’ensemble des quotidiens et des hebdomadaires de devenir en un an de parfaits clones d’Ici-Paris.
Sauf que la nouvelle était fausse : notre sycophante avait compté les « familles » au sens large, incluant les grands-parents, les oncles les tantes, et sans distinguer ceux qui étaient morts du Covid ou d’autre chose. Juste un gros khoronnard…
Rien d’étonnant de la part d’un syndicat qui hurle qu’il faut réduire, et encore réduire, les programmes et les épreuves du Bac. Et si nous le supprimions tout à fait, camarades ?
Il est essentiel que l’on continue à enseigner en direct. Essentiel que l’on fasse travailler les élèves. Essentiel, lorsque le protocole sanitaire l’impose, que l’on fasse à distance le travail que l’on ne peut pas faire en direct — au lieu de se dire, comme certains, qu’être payé plein pot pour faire la moitié du job, c’est assez confortable… Nous avons durablement bousillé une génération. Tenez-vous vraiment à l’abîmer davantage ?
Jean-Paul Brighelli
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