Haro sur Blanquer ! La flambée de cas en Île-de-France et ailleurs alarme les professionnels — doctes docteurs du Conseil sanitaire, et syndicats enseignants qui font de la retape en plaidant pour une fermeture totale des écoles.
En fait, cette augmentation des cas est parallèle à l’augmentation des dépistages. On chercherait à diagnostiquer la myopie ou l’obésité, les résultats suivraient l’augmentation du nombre de tests.
On peut chercher des poux sur la tête du ministre de l’Education, c’est un rituel auquel aucun de ses prédécesseurs n’a échappé, sauf les ministres de Hollande qui, estampillés « à gauche », passaient à travers les gouttes alors qu’ils détruisaient le système éducatif. Je ne lui reprocherais personnellement que d’avoir fermé les écoles au mois de mars dernier : la reprise s’est avérée très difficile en mai, les dégâts constatés étaient terrifiants, en septembre. Les bons élèves ont trinqué, ceux qui étaient en difficulté ont morflé. Mettons cela sur le compte de nos méconnaissances de l’époque.
Mais aujourd’hui, se prononcer pour la fermeture de toutes les classes est tout simplement criminel. Déjà le principe de la « demi-jauge » qui dans les lycées amène les élèves à ne fréquenter l’établissement qu’une semaine sur deux génère des dégâts pédagogiques. Et vous voulez tout arrêter ?
Les organisations de parents d’élèves y sont opposées — alors même que le souci de la santé de leur précieuse progéniture passe forcément avant celle de leur instruction. Ce n’est pas pour être tranquille ou aller travailler : c’est parce qu’ils ont réalisé, de mars à août derniers, que c’est un métier d’enseigner, et qu’ils n’en étaient pas capables.
D’ailleurs, examinons les chiffres, cités dans un tout récent article du Monde : « 21 183 cas sont confirmés parmi les élèves (+ 4 025 en vingt-quatre heures) et 2 515 chez les enseignants (+ 443 cas en vingt-quatre heures). Ces données, rapportées aux effectifs globaux, oscillent entre 0,17 % du total (pour les élèves) et 0,22 % (pour les adultes). »
Autrement dit, rapportés à la masse, ce sont des chiffres insignifiants. D’autant que la santé des élèves n’est pas réellement concernée : ces jeunes gens passent à travers les gouttes, il n’y a chez eux moins de cas graves que de vaccinés tués par AstraZeneca. Quant aux enseignants atteints, ils le sont peut-être par contact avec leurs élèves, ils peuvent l’être aussi ailleurs. Comme nous tous. Comme Blanquer, qui a eu le Covid et en a réchappé — au grand dam de certains qui le vouent aux gémonies.
Il est essentiel que les enfants et les adolescents restent en contact direct avec leurs maîtres. Toutes les analyses réalisées après le premier confinement convergent : même quand l’enseignement à distance a pu se passer correctement — et ce fut rare —, la transmission a diablement souffert.
Ce ne serait pas trop grave si les élèves partaient d’un très bon niveau. Mais ce n’est pas le cas — et ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs, ou des pédapitres. Les élèves ont un urgent besoin de cours, parce qu’ils sont déjà en déshérence. Vingt ans d’absurdités pédagogiques et de décisions létales portent leur fruit : l’Education en France est au ras du plancher. Je n’ai cessé de le dire, et de me faire traiter d’affabulateur. Ah oui ?
Que des enseignants « fragiles » se mettent à l’abri, admettons. Mais que l’on cesse de faire cours, voilà qui serait criminel. D’autant que les risques réels sont très limités. Hervé Le Bras expliquait dans un autre article du Monde, en février dernier, que « la crainte engendrée par le Covid-19 semble en relation inverse de sa létalité ». Moins c’est dangereux, et plus on a peur.
Le vrai danger n’est pas de se retrouver malade — on vous soignera, et des traitements existent, voyez avec quelle rapidité les ministres atteints reprennent le collier —, mais d’abrutir définitivement cette « génération Z » (et la « génération α » qui lui a succédé) qui est déjà au ras du plancher. Calculez le rapport avantages / risques : voulez-vous vraiment que tous les enfants sortent de vos mains parfaitement idiots, comme le demandait Maurice Maschino dès 1984 ? Acculturés ? Incapables de s’insérer dans le monde à venir, sous prétexte d’un virus qui tue préférentiellement les plus de 80 ans — et encore, surtout ceux qui allaient mourir de toute façon ?
Il n’est jamais agréable d’être malade. C’est un inconvénient immédiat. Mais il n’est pas nécessaire d’être détruit parce que des mesures outrancières vous auront annulé. Ça, c’est un inconvénient global.
Nous sommes en train de malmener sérieusement les jeunes. Le Bac 2020 n’avait pas de valeur réelle. D’aucuns veulent annuler, sous un prétexte sanitaire qui ne tient pas la route, le Bac 2021. J’ai proposé par ailleurs qu’on en finisse avec le Bac, qu’on octroie à tous les élèves un Certificat de fin d’études, et qu’on laisse Parcoursup décider de leur entrée dans le monde universitaire. Ce serait une décision énergique et justifiée. Mais maintenir la fiction d’un Bac dont les enseignants, chauffés à blanc par des syndicats irresponsables, refuseraient de faire passer les épreuves…
Il faut enseigner, enseigner sans trêve. Ce que nous avons constaté en septembre dernier, outre des carences d’instruction évidentes, c’est une inappétence au travail. Après des mois passés à manipuler une télécommande devant des écrans, les élèves avaient perdu l’habitude, et donc le goût d’apprendre. Vous tenez vraiment à rééditer l’expérience ?
Jean-Paul Brighelli
PS. Voici que Marine Le Pen, qui franchement devrait prendre sa retraite, est elle aussi favorable à la fermeture des écoles. Ça se voit qu’elle n’a plus d’enfants en âge scolaire.
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