Peut-être le fait d’habiter Marseille fausse-t-il ma vision de l’islam… Ou peut-être le fait de vivre dans une ville musulmane permet-il au contraire d’en voir de près le fonctionnement.

Peu importe. Pour une fois que l’on a aussi la fin de l’histoire…

Les faits remontent au 9 juillet dernier.
On est en plein ramadan, ce qui devrait apaiser les esprits. Mais la canicule aidant, ils s’échauffent.
La brigade VTT (bravo à eux, Marseille est une ville qui n’est pas toujours facile en vélo, faut dire qu’ils ne s’aventurent jamais loin du centre) opère un banal contrôle rue des Récollettes, au cœur de ce quartier presque exclusivement maghrébin (je dis presque parce que les Chinois s’y glissent peu à peu, comme ils ont fait il y a deux décennies à Belleville). Pour ceux qui connaissent un peu, c’est presque à l’angle de Belsunce et de la Canebière, tout près de la rue Thubaneau où fut chantée pour la première fois la Marseillaise et que fréquentèrent jadis tant de dames de petite vertu. Pour les autres, c’est là que se dresse la mosquée Al Qods et ça donne ça.
Contrôler, mais vous n’y pensez pas : un presque adolescent (il s’appelle Djamel Gherici, et il est élève de Terminale, sans doute fête-t-il le Bac à grandes rasades de limonade) harangue la foule et l’invite à « niquer les condés ». « « C’est ramadan, on est chez nous ici ! » croit-il bon d’ajouter, avant de faire un signe d’égorgement à l’aide du couteau qu’il porte », écrit le journaliste de la Provence, Denis Trossero. Bref, il en fait tellement que les pandores, pourtant portés par nature à l’apaisement, finissent par l’interpeller.
L’affaire était jugée hier. Je reprends l’article qui n’est pas encore en ligne.

« Quand le policier raconte la scène, c’est avec précision et sobriété à la fois. On y lit la désespérance ordinaire du fonctionnaire républicain qui tente de faire au jour le jour son travail, mais qui sait qu’il marche sur des œufs. L’explosion est au coin de la rue s’il n’y prend garde. « Je voudrais que vous ayez conscience de cette violence. C’était une poudrière, raconte le gardien de la paix. On a régulièrement des gens qui viennent nous titiller, nous mettre en porte à faux. Monsieur était comme un chauffeur de salle dans les émissions TV. Ce sont des éléments qui me font perdre la foi en mon métier républicain. On est obligé de baisser le froc. C’est hard ! Quand on rentre le soir à la maison, je me demande pourquoi je fais ce métier. » »
Le procureur, Agnès Rostoker, note que « l’on sent poindre chez ces policiers un légitime découragement sur notre territoire républicain. » Le prévenu soutient qu’il s’est contenté de pousser « des petits cris » (?) puis affirme « qu’il a été frappé par la police. Rien de tel dans le dossier. Le parquet a requis six mois de prison avec sursis assortis de l’obligation d’effectuer un travail d’intérêt général ». L’avocat de la défense a cru pouvoir plaider « un très grand affolement des policiers », qui voudraient faire porter par son client « tout le poids du djihad islamique ». Ben voyons.
Le tribunal a suivi peu ou prou les recommandations du proc, et Gherici a écopé finalement de cinq mois avec sursis assortis de 180 heures de TIG — et d’une amende de 500 euros à chacun des deux policiers. Ce n’est pas cher payé pour une menace de mort à un agent de la force publique, mais j’imagine que le code ne permet pas d’aller beaucoup plus loin.

Je voudrais revenir brièvement sur un passage du témoignage du policier. « Monsieur était comme un chauffeur de salle dans les émissions TV », a-t-il dit. J’ai eu l’occasion ici-même d’analyser une vidéo de Daech, pour bien cerner l’aspect hyper-réaliste et en même temps fantasmagorique des mises en scène de l’Etat islamique. Dans les têtes creuses de nos élèves — et s’agissant d’un crétin de Terminale, c’est bien ça —, dans les crânes de ces gamins auxquels l’Ecole n’a décidément rien appris, c’est comme un jeu vidéo, une télé-réalité à laquelle ils ambitionnent de participer — sauf que la réalité saigne davantage que l’hyper-réalité de la société du spectacle.
En légende de la photo accompagnant l’article dans la Provence aujourd’hui, on peut lire : « La présence policière agace, mais force doit rester à la République. » Oui-da ! Mais l’idée même que la police »agace » est en soi un scandale — sauf à supposer, et ici nous sommes au-delà de la supposition, que la ville est désormais, dans certains de ses quartiers au moins et dans le centre en particulier, régie par la charia.

Jean-Paul Brighelli

PS. Pendant ce temps un plaisantin appose un bandeau rouge sur les yeux des statues marseillaises. Bonne idée — autant que David (il ne serait pas juif, celui-là ?) ne voie pas ce que devient cette ville.

99 commentaires

  1. Ben oui…
    J’avais dû commencer ma phrase différemment, et j’ai oublié de rectifier en changeant de formulation. On écrit toujours trop vite.

  2. Impressionnant cette photo, dans une rue du centre-ville, dites-vous !
    Et du coup, je comprends encore mieux certains de vos commentaires.
    Il y aurait bien une solution vu la position gymnastique qu’ils utilisent …

  3. Juste une question, est-ce par masochisme, esprit de résistance, prime d’expat’ et points de retraite majorés ou pur sacrifice que vous habitez dans cette ville ?
    Il existe des lieux en France autrement plus agréables et paisibles.

      • bah, au hasard: Bayonne, Biarritz, Guethary,, St jean de Luz, San Sé, Hondarrabia…. certes ça ne vaut pas Trappes ou Villetaneuse, mais on s’en contente….Petite anecdote peut-être sans rapport mais l’autre jour j’ai vu, en rigolant, un groupe de « jeunes des quartiers » en séjour associatif sur la côte, roulant des mécaniques,assez fiers d’eux même,renvoyés assez virilement dans leurs 22 par un puissant shore break (vague de bord) et comprenant soudain que, parfois, faut pas trop faire les marioles et qu’il vaut mieux faire trempette (ils nagent TRES mal !) entre les drapeaux et qu’on ne rigole pas avec certaines choses. Je ne sais pas si il y a une morale….

  4. … pourtant portés par nature à l’apaisement, [les condés]finissent par l’interpeler.

    Il manque une aile pour mieux voler dans les plumes des poulets !

  5. Votre concitoyenne met son grain de sel dans le groin du porc (rien à voir avec le proc’) :

    Ghali juge « ridicule » la fin du menu sans porc

    Le Figaro-il y a 8 heures

    La sénatrice et maire du 8e secteur de Marseille, Samia Ghali (PS), a estimé ce matin que la suppression des repas de substitution dans les …

  6. Devant cette photo, on pourrait dire : « Parle à mon cul, ma tête est malade… »
    Grossier ????
    Les esprits simples confondent souvent la grossièreté et l’expression de la vérité…

  7. Je suis né à Marseille, j’ai fait un très long crochet par ailleurs — pendant 40 ans — et j’y suis retourné pour bosser : il y avait un poste là et pas ailleurs.
    Et c’est une ville splendide, dans un cadre fabuleux.
    Evidemment, il y a des petits à-côtés particuliers…

    • Je suis convaincu que cette ville doit avoir des à-côtés agréables, toutefois je me souviens, il y a une bonne quinzaine d’années, d’avoir du traverser cette citée (la citée phocéenne pour causer comme à la télé) pour rencontrer un sponsor (orangina pour ne pas le nommer) et avoir été averti par le loueur de voiture de penser à verrouiller la voiture en traversant certains quartiers. Et avant de déjeuner au club nautique d’avoir été surpris par « l’ambiance » de cette ville. Mais il est vrai que je venais du Pays Basque..donc…le fond est mauvais, perverti par le jambon chez moi. Cela dit le film « les neiges du kilimandjaro » donnait une idée plutôt sympa de cette ville… mais bon, l’OM, Bernard Tapie, les Kalash, les magouilles socialisto- locales et autres joyeusetés donnent aussi à penser non ?

  8. Peut-on faire un rapprochement entre la fermeture à Paris du musée des Arts et Traditions populaires, conservatoire du terroir de culs-terreux, et l’ouverture presque en même temps dans la même ville d’un musée de l’Immigration, ainsi que d’un musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, à Marseille ? On ferme un terroir, on s’ouvre sur l’Europe du sud. Vas comprendre !

  9. Au sud de Marseille (à la verticale de…sur une carte, plein sud donc) c’est l’Europe du sud ?
    Le cancre que j’étais, en géographie aurait placé l’Espagne et le Portugal au sudde la latitude de Marseille puis l’Italie au sud-sud est de celle-ci.
    Après si on se cantonne à la France en général, pas seulement continentale, il ne faut pas omettre la Sardaigne au sud de la Corse.

    De la géographie dite physique pour la différencier de la dite humaine, à la géographie que l’on pourrait appeler politique ; il y a plein de subtiles nuances parmi lesquelles je me suis probablement égaré.

    Certains parlaient d’une Europe englobant l’Afrique du nord entre autres. Il devait s’agir de marché.
    C’est difficile de s’y retrouver.
    Déjà qu’entre les Sardes et les Islandais hormis l’insularité je n’arrive pas à voir beaucoup de similitudes.
    C’est vrai que l’Islande a refusé d’intégrer l’UE, il y a peu (encore une histoire de référendum, je crois)

    • Oui bon, je suis un peu fatigué en ce moment! Il fallait dire le sud de l’Europe et c’était pas la peine d’en faire un fromage…

    • Cela étant dit, je m’en voudrais de nous quitter irréconciliés : vos chamailleries d’écolier sont tout à fait charmantes. Puissent-ils continuer à vous divertir.

  10. D’ailleurs il semble que les éleveurs de porc industriel français sont souverainistes.
    Il sont très remontés contre les éleveurs de porc industriel d’Europe du nord (Allemagne) et d’Europe du sud (Espagne)

    Chez ces souverainistes là, le porc industriel est roi.

  11. Depuis le temps qu’on vous répète de ne pas faire l’amalgame entre l’islam et les islamistes !

  12. A Marseille, la délinquance s’affiche de manière ostentatoire. Il y a certainement du trafic de drogue dans toutes les villes de France, grandes ou petites, mais je n’en ai jamais vu où ça se fasse à ce point sous les yeux de tout un chacun. Le sentiment d’impunité est évident, les dealers sont très détendus et, je dois l’avouer, ils sont même particulièrement affables et accueillants avec les profs remplaçants qui cherchent leur chemin. Travail au noir, vente de produits de contrebande, fraudes diverses et variées paraissent plus que banales, carrément normales. Il me semble que ce sentiment traverse toutes les classes sociales et toutes les appartenances religieuses. La police, la loi arrivent toujours un peu là comme un cheveu sur la soupe.

  13. Dimanche 16 août 06:52, tout le monde dort sur ce blog, sauf moi. Je dois dire que longtemps je me suis douché de bonheur.

  14. 5h45 pour ma part.
    Point de douche avant le café ; dans une poignée d’année (15, 20 ?) cela pour être versé sur le compte des rituels d’un vieux crouton.

    Le cas Djamel Gherici évoquant des souvenirs.
    J’en ai connu des lascars pareils, sur ce qu’ils appellent leurs  »chez nous », en milieu ouvert ; c’est à dire un espace bitumé …
    Bref, ce qui est intéressant dans tout cela, c’est que devant le tribunal il affirme n’avoir fait que pousser quelques cris. (il se fait dessus, pourrait-on dire)
    D’autres, beaucoup plus attaqués se permettent (souvenir, souvenir) de mimer, sans parler, le geste de l’égorgement à l’intention du juge ….
    (tarif ; un an ferme. Pour un trentenaire c’est peu, pourrait-on objecter. L’âge est une variable qui compte)

  15. Comme dit Kali : Marseille vit dans un univers parallèle, avec une extraordinaire culture de l’impunité — à commencer par la façon de conduire des autochtones. Ou de se garer.
    J’en connais qui ne supportent pas cette ville pour cette raison. Il n’y a pas de droit ici. Même pas le droit su plus fort.
    Et pour rebondir sur la querelle de situation — sud ou sud-est… Marseille est à l’ouest du Pecos…

  16. Ce message est très confidentiel donc à ne pas publier (l’espère que vous jetez un oeil aux commentaires…je ne dispose pas de votre mail direct…)
    J’ai cru comprendre que vous rédigiez un livre sur la laïcité… quelles sont vos conditions pour intervenir lors de conférences, tables rondes etc etc en public ???
    C’est évidemment très sérieux…
    Contactez moi sur mon mail persO
    Merci d’avance

  17. Longtemps, je me suis levé de bons beurs…

    Fatima Proust
    Chroniques du Vieux Port
    Editions de l’hégire perdu

  18. J’ai l’impression que JPB se focalise sur l’islam, alors que le problème n’est pas là. Comme pour l’Education, le pourrissement est organisé. Chacun sait que dans certaines cités marseillaises, les gangs de la drogue appuient l’imam salafiste, cela fait partie de la conception de l’ordre. On ethnicise la misère, et la vie des habitants dépend plus de ce trafic que de tout autre ressource. Le petit dealer et même le Caid local n’est rien sans des mafias plus puissantes, chaque communauté a ses parrains, ses individus honnêtes qui espèrent un autre destin, mais aussi la conscience de la débrouille individuelle et de l’hypocrisie, d’une morale des apparences. L’ethnicisation est une manière de tenir les petits… Et chacun se prête à la comédie dans un Marseille pourtant fortement laïcisé et qui est une des villes de France qui fournit le moins de djihadites..

  19. On pourrait faire de Marseille la capitale de l’art de vivre à la française … encore faudrait-il que l’obsession religieuse de l’islam, cette manie imbécile, ne vienne pas troubler le bon ordonnancement d’une joie de vivre à la provençale !

    ….

    Je préfère les pitreries de Raimu et de Fernandel au cache-misère de la religiosité exaltée !

  20. Pour répondre à Nicolas (ma « focalisation » sur l’islam) et pour rester vraiment dans le sujet, je recommande la lecture de ‘interview complète de Georges Bensoussan, alias Emmanuel Brenner (les Territoires perdus de la république, 2002) sur le Figaro :

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/08/14/31003-20150814ARTFIG00245-des-territoires-perdus-de-la-republique-aux-territoires-perdus-de-la-nation-12.php

    et

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/08/14/31003-20150814ARTFIG00248-georges-bensoussan-nous-assistons-a-l-emergence-de-deux-peuples.php

    Je n’aurais pas dit mieux.

    • Je ne vois pas en quoi ce que doit Bensoussan répond à mon commentaire. Les territoires perdus face aux trafiquants de drogues sont bien plus graves, mais qui en parle ?

      Bensoussan nous parle de la peur d’etre raciste, il se trompe. Depuis le 11 septembre américain, dire sa haine de l’islam publiquement est devenu un sport natonal. Les journalistes le font quotidiennement. Citons le directeur de le point: « Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire. (…) J’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l’islam – je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes – en tant que religion apporte une débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme » et « en plus un souci de supplanter la loi des Etats par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe ».

      L’idée qui fait de l’islamophobie un « droit » et de l’islam une religion « débile et archaïque » est désormais établie dans la société française. En dix ans, de gauche à droite, politiques, philosophes et journalistes, prononcent ces mots de diverses manières.

  21. Cette semaine je suis passé rue des Bordeaux à Charenton non pour boire un petit coup de vin blanc de Nogent, ni pour m’y faire enfermer avec les fous mais pour y livrer un colis à la synagogue … mais tout est cadenassé !
    Drôle d’impression d’un ghetto juif reconstitué en France en 2015 …

    • Si cela s’appelle rue des Bordeaux c’est que la Seine n’est pas loin, je suppose qu’il s’agissait d’une annexe du port de Bercy et qu’on y entreposait des vins dans des époques anciennes.

  22. J’ai eu une maitresse (pas d’école) Marseillaise ; elle était cintrée, sans fumer le Pecos.

    L’assesseur du juge Roy Bean, c’est le croque mort si mes souvenirs sont bons.
    Vu comment ca décanille sec par moments, là-bas ; rien ne m’étonne.

  23. Intéressant quand même Bensoussan, il y a beaucoup à dire ..
    Déjà anomie …
    A rapprocher de  »L’ère du vide » de Lipovetsky, déjà évoqué dans ce blog (qui m’avait enthousiasmé, à l’époque, alors étudiant ; j’en avais fait un topo exposé devant mes pairs, ce qui exerce à la prise de parole en public a défaut de déclencher des passions).

    Un autre, dont je ne me souviens plus, parlait  »d’un pluie d’objet » pour qualifier le monde dans lequel nous vivons.
    Certains s’en détourne pour une spiritualité qui se discute.

    A une époque, était-ce Bensoussan et consorts ?
    Pour raisons professionnelles, j’avais eu droit à l’explication de certains à propos de ces jeunes qui se tournaient vers l’islam

  24. étant issus de familles qui ne leur avaient pas transmis cela (immigrés ruraux d’Afrique du nord dans les années 70 environ)
    Une espèce de réf appropriation d’un capital culturel plus fantasmé qu’autre chose.

    Ça valait en région parisienne au début des années 2000.
    Il y a eu, entre autres, d’autres vagues d’immigration, après celle des années 70.

    Dit comme ça, en écrivant vite.

      • Je suis athée attaché à la loi de 1905 que je considère être pas tout mal foutue pour que tout ces croyants puissent vivre ensemble, sans trop emm….. tout le monde.

        Je sors d’une période cathophobe (opus deï, fraternité St Pie X et autres postérieurs bénis)
        J’essaie de me calmer.

  25. Pour revenir rue des Bordeaux on y trouve l’association française de Krav Maga … méthode d’arts martiaux et d’auto-défense en usage dans l’armée israélienne !

    De là à y voir une petite forme de paranoia juive !

    • Ça peut-être utile le krav maga, même pour les vieilles dames à sac à main (vieux thème éculé emblème de l’insécurité d’antan)
      Il se disait, il y a quelque temps que ces techniques seraient amenés à remplacer celles en cours actuellement dans l’armée.
      C’est peut-être déjà fait.

      Pour faire simple ce ne sont qu’un ensemble de coups de vices destinés à ce débarrasser d’un agresseur (rien d’offensif là-dedans)

  26. Je l’ai déjà dit, le problème de Marseille n’est pas l’islam, c’est un ensemble de problèmes. Il suffit de lire les rapports de l’UNODC, ou ceux de la MILDT pour comprendre que le marché de la came à Marseille n’est pas encore passé sous le contrôle d’un seul groupe criminel et que la lutte fait donc rage entre les prétendants. La drogue est un produit que l’on distribue, que l’on vend et que l’on achète, et le secteur doit se réguler. Sauf que là, au lieu de se lancer dans des procès pour copie de brevets, on flingue avec des armes de guerre AK-47.

    Une sénatrice socialiste a même demandé le déploiement de l’armée. On reconnaît là d’authentiques valeurs de gauche, ça fait plaisir. Et, évidemment, la présence de militaires réglera d’un coup l’épineuse question du narcotrafic. Plus de consommation, plus de crises de manque, plus de malaise social, plus de dépression, rien. On effacera 40 ans de médiocrité, de lâchetés, d’aveuglement idéologiques et de petits calculs minables. Ne pas voir que l’argent de la drogue fait vivre des quartiers entiers avec l’assentiment de la République, c’est être aveugle. Occulter le fait que le narcotrafic se développe grâce à l’échec de l’Etat dans des quartiers gangrenés par la misère sociale, le fiasco de l’intégration, le naufrage de l’éducation nationale, la dislocation de notre politique sociale, c’est se mentir.

  27. Dans quelques années chez vous en France :

    « Des heurts ont éclaté ce soir devant l’hôpital israélien où le détenu palestinien Mohammed Allan, tombé vendredi dans le coma après deux mois de grève de la faim, a été placé sous respirateur artificiel et sous perfusion d’eau salée.

    La police a dit avoir arrêté plus de 10 juifs et Arabes israéliens ainsi que des Palestiniens de Jérusalem-Est pour jets de pierres sur des officiers et trouble à l’ordre public dans la ville d’Ashkelon, où est hospitalisé Mohammed Allan, 31 ans.

    Des manifestants arabes israéliens et palestiniens avaient prévu de se rassembler devant l’hôpital Barzilai, mais ont dû faire face à des militants juifs de droite venus scander des slogans racistes et appelant à la mort de Allan. Des heurts ont éclaté devant l’hôpital, avec des jets de pierres des deux côtés. Les manifestants juifs de droite ont en outre brisé les vitres d’un véhicule d’une chaîne palestinienne.

    Les heurts se sont poursuivis alors que la police commençait à transférer les manifestants arabes à la sortie de la ville pour éviter une escalade avec les juifs. La police a aussi empêché l’entrée dans Ashkelon de nouveaux manifestants arrivés à bord de cars. Des centaines de personnes manifestaient de chaque côté. Les Arabes arboraient des drapeaux palestiniens, et scandaient des slogans en soutien à Allan et appelant à sa libération.

    Une porte-parole de Barzilai a déclaré tard dimanche que Mohammed Allan était toujours inconscient mais dans un état stable. S’il sort du coma -et s’il refuse toujours de se nourrir-, le gouvernement israélien devra décider s’il invoque une loi adoptée en juillet autorisant à nourrir de force les grévistes de la faim si leur vie est « en danger ». »

    • J’ai déclaré une forme d’aversion particulière à l’encontre de là mouvance autour d’Alain Soral ; agitatrice d’esprit simples que je vois bien partie prenante dans ce genre de scénario.
      Généralement leurs actions concertés dans l’espace public se soldent souvent par des rassemblements en opposition à tout ce qui leur parait être une manifestation juive.
      Les slogans, rapidement s’abaissent à l’invective ;  »sale juif » qui serait l’expression favorite de leur puissance intellectuelle.

      En fait c’est avéré, je ne devrais même pas lorgner vers le conditionnel.

  28. Autre actualité la rentrée des Balkany :

    « C’est pas de ma faute si je suis issu d’une famille malhonnête »comme disait Isabelle Balkany dans les journaux en émois devant les malheurs de notre nouvelle Cosette nationale !

  29. Levallois-Perret, niveau délinquance, c’est comme Marseille, en plus bling-bling.
    Niveau financier, ça représente une paire de tonnes de hash, aussi.

  30. Isabelle Balkany n’est pas du tout issue d’un milieu douteux. Son oncle, Henri Smadja, a dirigé Combat pendant vingt ans. Et IB elle-même, sous son patronyme originel, a commencé comme journaliste de gauche.

    Nicolas, je suis à peu près sûr(sources policières) que le trafic de drogue, à Marseille, comme l’ensemble du petit commerce, alimente l’islamisme. En fait, ce sont des groupes frères (ou cousins). J’ai vu la même chose en Corse entre le FLNC et la Brise de mer.
    Et pour ne pas gêner un trafic lucratif où ils trouvent leur compte, les islamistes se font relativement discrets dans cette ville qu’ils pourraient contrôler demain si la fantaisie leur en venait.

    Quant à la sénatrice Samia Ghali, c’est une Musulmane bien éduquée qui sera première sur la liste en cas d’arrivée des fondamentalistes au pouvoir. Son idée de faire intervenir l’armée (idée reprise de Ségolène Royal, voir http://www.leparisien.fr/marseille-13000/video-segolene-royal-l-armee-a-marseille-pourquoi-pas-12-09-2013-3130257.php) doit être décryptée : elle ferait tirer sans états d’âme. Ce n’est plus le kärcher, c’est l’artillerie lourde. À noter que son avis est partagé par 80% de la population non musulmane de la ville.

    • Je me demande s’il n’y a pas de lien entre Ghali et Jean-Claude Gaudin… La stratégie de Ghali n’est pas de gagner les élections, mais plutôt de détruire la gauche pour en tirer des bénéfices annexes, en profitant du chômage et de la misère… Elle est prête à tout : parler aux pauvres, favoriser les écoles musulmanes, la voile, demander l’intervention de l’armée, etc. Elle parle beaucoup des cités pauvres, alors qu’elle résidait dans de beaux quartiers…

      Au lieu de demander l’intervention de l’armée, Madame Ghali aurait pu s’intéresser aux activités de son chauffeur qui renseignait les trafiquants sur les opérations menées contre eux et peut-être dans la foulée s’assurer que l’on votait bien…

    • Brighelli,

      Vous aimez les causes désespérées à ce que je vois ! Après l’école, la famille des Balkany … vous auriez pu être avocat de Sainte-Rita !

  31. Pour ralentir le trafic de drogue à Marseille et même, à terme, le geler, on pourrait imposer sournoisement un syndicat FO pour les charbonneurs et les guetteurs.

  32.  »une musulmane éduquée »
    On y est.
    C’est mieux dit que lorsque je m’exprime sur ce sujet, en distinguant les attardés qui se sont entichée d’Islam, des autres.
    Peut-être ais-je eu la chance de faire plus de rencontres heureuses que de malheureuses, dans des endroits où je ne pourrais peut-être plus mettre les pieds d’ailleurs.

    Les dits attardés n’ayant jamais entendu parler d’Averroès dont les écrits valent bien ceux des scolastiques, si on remet cela dans le contexte d’une époque (connue par ces écrits, uniquement et l’archéologie)

    Les scolastiques, surtout ceux de la première vague, contemporaine d’Averroès.

  33. Ça s’est rectifié tout seul
    (temps de latence de la réponse du serveur vs l’affichage à l’écran ????)

  34. Jadis, je venais consulter ce blog avec envie, plaisir, voire même dévotion. JPB, vous y teniez alors des propos que j’estimais d’une intelligence et d’une finesse rares et qui n’ont pas été sans avoir un impact certain sur ma façon d’enseigner. Je vous en remercie, tout en déplorant que ce temps soit désormais dévolu.

    En effet, depuis plusieurs mois, les articles ayant un lien avec l’éducation me font cruellement défaut et j’ai le plus souvent l’impression d’assister à une lobotomie orchestrée par le front national. L’islam, l’islam, l’islam : vous n’avez plus que ce mot à la bouche et vous allez jusqu’à nous pondre des articles que je trouve totalement inconsistants sur les vertus du cochon. Juliette a fait bien mieux et franchement plus drôle en la matière. Sans compter que ses louanges cochonnesques ne visaient pas sournoisement à s’en prendre à l’islam, une fois de plus. J’ai beau partager un certain nombre de vos points de vue sur cette religion, trop, c’est trop.

    Je ne me fais aucune illusion quant à la portée de mon commentaire. Vos séides (toujours les mêmes : Dugong, Driout, etc.) – et peut-être vous-même – vont le descendre en flèche, allant même jusqu’à traquer la moindre petite faute d’orthographe ou une défaillance syntaxique quelconque pour le discréditer. A moins qu’ils ne feignent l’ignorance totale pour mieux manifester leur habituel souverain mépris pour la populace. Cette pathétique petite intelligentsia aime tant à se donner des airs supérieurs avec ses néologismes, ses références culturelles si savantes et sa prose alambiquée… Qu’importe, je m’en tape. J’ai écrit ce que j’avais à écrire.

    J’espère de tout coeur vous voir revenir sur un terrain moins caricatural. Quand l’intelligence n’est mise au service que de la haine, c’est à gerber.

  35. Stéphane B. dit quelque chose de vrai : l’islam rend idiot !

    Ceci dit à haute dose n’importe quoi peut rendre comme stupide.

    Le particularisme des religions c’est la répétition incessante des mêmes mantras : les cinq prières quotidiennes dans le cas de l’islam.

    Je n’ai pas besoin d’accabler ou de défendre JPB il le fait très bien lui-même.

    Mon point de vue personnel : l’intelligence est une forme d’équilibre des facultés ; la monomanie conduit à l’imbécilisation des individus comme des peuples.

    Le monde est suffisamment vaste pour que le regard fasse un tour d’horizon à 360° avant de revenir sur soi.

  36. Autre chose qui va dans le même sens : le travail continu n’est pas le nec plus ultra de la pensée ; le loisir c’est bien aussi !

    Il faut savoir de temps en temps dételer les chevaux.

  37. StéphaneB : à part votre dernière phrase quelque peu excessive, je souscris entièrement à vos propos sur les quelques habitués d’ici. Vous vous souvenez du nombre et de la variété des intervenants, il y a qques années ? Ce n’est plus « Bonnet d’âne », c’est totalement autre chose. Je ne sais si c’est nauséabond car il y a une part de lucidité dans les posts sur l’islam. Cela dit, les empoignades sur l’enseignement me manquent. Sis transit gloria mundi, comme le disait le phramacien en vendant une purge à Jules César…

    • « Cela dit, les empoignades sur l’enseignement me manquent » ah les belles bastons !

      …;

      Il me semble que JPB écrit aussi des articles sur le site du « Point » où les intervenants sont beaucoup plus nombreux et où vous aurez la chance de ne jamais m’y croiser !

      Brighelli adore la compétition, il ne s’en cache pas alors que moi je trouve l’adoration du peuple pour les compétitions sportives ou intellectuelles quelque peu suspecte.

      Ce qui est curieux qu’il devrait adorer aussi le libéralisme intégral qui est la compétition de tous contre tous ! Or là il préfère l’intervention de l’Etat plutôt que le libre jeu du marché ; serait-ce un tropisme de fonctionnaire ?

  38. Pour être encore plus clair, Jean-Paul Brighelli comme la plupart des autres fonctionnaires, vit sur un diplôme qu’il a passé quand il avait 20-25 ans mais se garde bien de remettre son titre en jeu !

    En somme il préfère regarder la compétition depuis la salle et les balcons plutôt que sur le ring !
    Je ne lui en veux même pas. Tout le monde ne peut pas remettre sa réputation en jeu tous les matins …

  39. En tout cas la vieillesse a du bon ; le traitement contre la maladie de Parkinson (celui avec les agonistes de la dopamine, pas celui avec le précurseur) provoquerait une hyper sexualité.

    A distribuer dans les lieux de culte (tous sans exception) pour refroidir les ardeurs de certains exaltés en stimulant d’autres ?
    (ardeurs, pas exaltés)

    Dans les salles de prof aussi ?

  40. Le corps en saignant ? Le Coran saignant ? L’écho renseignant ? Il faut choisir, merde !

  41. LePoint.fr (http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/) accapare l’essentiel de mes propos sur l’Education. D’où une réelle diversification ici.

    Quant à l’islam, ce n’ets pas anecdotique par rapport à l’Ecole, c’est même central — si l’on considère que la laïcité pure et dure est au centre du projet éducatif. Que les fondamentalismes religieux la menacent terriblement, et que la peur et la paresse, sans compter les calculs électoraux des uns et des autres,la menacent bassement.

  42. Difficile de ne pas être obnubilé par l’islam dont les crimes sont rappelés sans cesse par l’actualité !

    Hier Bangkok (probablement) aujourd’hui le Nigéria ! L’islam est aujourd’hui la religion la plus meurtrière du globe .. quoiqu’on puisse dire !

    « Jusqu’à 150 personnes sont mortes noyées ou ont été abattues alors qu’elles fuyaient une attaque du groupe islamiste Boko Haram dans un village reculé de l’Etat de Yobe, dans le nord-est du Nigeria, ont déclaré des habitants aujourd’hui.

    « Des hommes armés de Boko Haram ont attaqué notre village jeudi, ce qui a conduit à la mort d’environ 150 personnes. La majorité des victimes sont mortes noyées dans la rivière alors qu’elles tentaient de s’enfuir », a déclaré un habitant du village de Kukuwa-Gari, Bukar Tijjani. »

  43. Peuchère ! A Marseille le tapis de prières c’est le tapis de balles de kalachnikov !

    « Des policiers de la Bac ont essuyé ce matin des tirs de Kalachnikov, sans être blessés, peu après un braquage au cours duquel des individus cagoulés avaient exhibé une arme similaire, a indiqué la police. Vers 05H15, deux individus cagoulés, l’un armé de deux armes de poing et l’autre d’un fusil d’assaut kalachnikov, se sont fait remettre le contenu de la caisse d’un supermarché des quartiers nord de la ville, pour un montant d’environ 5.000 euros.

    Les deux hommes ont ensuite pris la fuite en voiture, a indiqué la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) des Bouches-du-Rhône dans un communiqué. Alertée, une patrouille de la Brigade anti criminalité (BAC) a pris en chasse quelques minutes plus tard, un véhicule « dont les occupants avaient un comportement suspect », indique la DDSP, précisant que cette voiture s’est ensuite arrêtée et ses occupants ont fait feu.

    « Le tir d’un malfaiteur a atteint le véhicule des policiers sans les toucher. L’un d’eux a répliqué en tirant à plusieurs reprises. Alors que le véhicule de police était immobilisé, le pneu avant a été crevé par une balle », a précisé la police. Après cet échange de tirs, « les malfaiteurs ont pris la fuite » et font toujours l’objet « de recherches actives », a indiqué la préfecture de police, qui dénonce plusieurs faits de « violences contre les policiers et les gendarmes » ces derniers jours. »

  44. Ce blog, il est ce qu’on en fait, tous, et l’on peut reconnaître à Brighelli de nous laisser une grande liberté de parole.
    Quant aux empoignades passées sur l’éducation que certains regardent avec nostalgie, il me paraît évident qu’elles n’ont plus lieu d’être. Les pédagos ont gagné. Et ce chapitre est clos. On ne va pas passer des années encore à le répéter.
    Des problèmes en découlent. Brighelli a assez montré le lien entre le vide créé par la destruction de l’école et des valeurs républicaines et la montée de la violence. Et ceux qui sont fatigués d’entendre parler des problèmes de l’islamisation n’ont pas fini d’être lassés. Dans le lycée où je suis, j’en entends parler tous les jours…
    Quant au quotidien plus banal de l’EN, on ne peut pas dire non plus que Brighelli n’en parle pas sur le Point.
    Et puis, si le contenu est jugé insuffisant par certains mais qu’ils le relèvent !

  45. Et puis c’est assez impressionnant de voir le nombre de bobos qui se bouchent les oreilles et se mettent des cataplasmes sur les yeux, pour ne pas voir ce qui se passe: la pression aux frontières de tant de pays européens, la pression à l’intérieur, la pression dans certaines écoles, dans certaines rues.

    • La religion dans les sociétés traditionnelles est la base de l’organisation sociale ; bousculée par le monde moderne la plus archaïque d’entre elles résiste de toutes ses forces qui sont loin d’être négligeables même si certains minimisent la capacité d’une religion à être un contr’ordre social dans une société qui cherche à évoluer coûte que coûte.

  46. Difficile de ne pas voir un affront à la civilisation et à son ordre historique le sort réservé au directeur du site antique de Palmyre !

    « Le groupe Etat islamique (EI) a décapité l’ancien directeur du site archéologique de Palmyre et a accroché son corps à une colonne antique d’une des places de la ville, a déclaré mardi le directeur des Antiquités syriennes.

    Maamoun Abdoulkarim a précisé à Reuters tenir l’information de la famille de Khaled Assaad, qui a dirigé pendant cinquante ans le site des ruines romaines de Palmyre.

    Il a ajouté que l’universitaire, qui était âgé de 82 ans et a collaboré au fil des années avec des archéologues français, américains, allemands et suisses, était détenu depuis un mois par le groupe djihadiste qui s’est emparé en mai de la ville du centre de la Syrie.

    « Imaginez que ce professeur, qui a rendu de tels services à ce site et à l’Histoire, a été décapité… et que son corps est toujours suspendu à une colonne au milieu d’une place de Palmyre », a déclaré Maamoun Abdoulkarim.

    Selon lui, l’exécution de Khaled Assaad s’est produite mardi. »

    • Difficile de ne pas voir comme un affront à la civilisation et à son ordre historique le sort réservé au directeur du site antique de Palmyre !

      L’émotion me trouble et me fait perdre mes moyens grammaticaux …

  47. Pour sortir un peu de l’islam, voici un article de Michel Ségal, qui mérite d’être diffusé : il nous montre comment on est écolière à Hong Kong en 2015, et comment sont organisées les études dans cette parte du Monde :

    « Lau Sin Yi, écolière à Hong Kong

    La maman de Lau Sin Yi élève seule sa fille à Hong Kong. Née au Vietnam il y a un peu plus de trente-cinq ans, elle avait émigré clandestinement en Chine alors qu’elle n’avait encore que quelques jours, emmenée sous le bras par son père qui fuyait avec femme et enfants son pays ravagé par les guerres américaines. Adulte, elle était finalement arrivée à Hong Kong dans des conditions difficiles alors que sa fille avait un an.

    Dix ans plus tard, celle-ci termine l’école primaire et vient de remplir les fiches de vœux pour son affectation dans le secondaire. Pour cela, comme tous les écoliers de Hong Kong, Lau Sin Yi s’est informée sur les collèges et les différentes options, a tenu des échanges animés dans la cour de récréation et à la maison, a suivi des réunions d’information et passé des entretiens d’admission dans les collèges souhaités. Elle a onze ans, l’âge auquel sa maman avait commencé à travailler.

    L’école de Lau Sin Yi est publique, donc gratuite, mais internationale, et c’est un premier choix. Cela signifie que la totalité des cours sont en anglais, « sauf les cours de chinois » ajoute la petite fille très sérieusement. Il faut savoir que les enfants apprennent deux langues chinoises : le cantonais, langue locale, et le mandarin, langue nationale. Son niveau d’anglais est celui d’un bon lycéen de terminale en France et elle suit sans difficulté des films en mandarin non sous-titrés. Ceci est le résultat d’un travail long, répétitif et souvent rébarbatif. Mais ici, ce type de travail n’est pas méprisé, l’effort et la difficulté ne sont pas pourchassés et bannis de l’école, bien au contraire. Ainsi, Lau Sin Yi parle trois langues.

    La localisation n’est pas déterminante dans l’attribution des écoles et celle de Lau Sin Yi – où elle se rend depuis l’âge de cinq ans – se trouve à plus d’une demi-heure de chez elle mais des minibus scolaires sillonnent la ville pour aller chercher les élèves près de leur domicile. Dans son école, on trouve majoritairement des enfants d’immigrés occupant les métiers les plus difficiles et les moins bien rémunérés. Musulmans pour beaucoup, ce sont souvent des Pakistanais, des Indiens, des Indonésiens ou des Philippins. Les élèves portent un uniforme sans autre consigne vestimentaire, si bien que certaines filles sont voilées, certains garçons ont les cheveux noués dans le turban des sikhs, et d’autres encore portent une croix bien visible sur leur poitrine. Son école est mixte et c’est aussi un critère de choix car ici, il n’y a pas de mixité forcée. Pour l’année prochaine, Lau Sin Yi a décidé de choisir un collège exclusivement pour filles car, dit-elle d’un ton las, « les garçons, c’est bête ».

    Sur les sites internet des collèges, la petite fille trouve les descriptifs de leurs priorités éducatives et des valeurs morales qu’ils défendent. Ici, il n’y pas de religion d’Etat imposée autoritairement, fût-elle de ne pas en avoir, et même si les programmes sont obligatoires et appliqués dans toutes les écoles, ils laissent une certaine latitude aux établissements, comme une souplesse dans les horaires et le choix des valeurs morales mises en application. Ainsi, tel collège mettra en avant sa priorité pour les sciences, l’enseignement de l’espagnol et la mise en pratique des principes de telle religion, tandis que tel autre affichera son intérêt pour la littérature et l’écologie. Lau Sin Yi se documente avec intérêt : « le chinois et l’histoire, j’aime bien, mais je veux surtout avoir des cours de piscine. Je veux apprendre à nager ».

    Ici, la sélection n’est pas interdite car le bien-être des enfants est prioritaire sur celui des hauts fonctionnaires. Aussi, pendant les trois dernières années de primaire, un écolier de Hong Kong passe deux séries d’examens par an – chacun d’une dizaine d’heures – et les résultats de l’ensemble de ces tests déterminent à quel groupe de niveau il appartient : A, B ou C. La quantité d’examens ainsi que la longue période sur laquelle ils sont organisés permettent d’éviter tout résultat accidentel. Chaque collège étant dédié à un de ces trois niveaux, l’écolier peut donc inscrire sur sa fiche de vœux les collèges de son groupe dans l’ordre de ses préférences. Ici, les notes ne risquent pas de disparaitre car une priorité de l’éducation est de préparer les enfants au monde réel ; il s’agit de leur apprendre à se connaître pour les rendre plus forts, et aptes à trouver leur place dans la société. Ainsi, le taux de chômage local (moins de 3%) est une conséquence directe du système éducatif, autant par ses contenus que par ses méthodes et son esprit.

    Le coup de génie de cette procédure des affectations est que celles-ci sont attribuées non par classement, mais par tirage au sort à l’intérieur de chaque groupe de niveau. Ainsi, il y a une saine cohésion des classes à l’intérieur de chaque collège, mais aussi une bonne homogénéité des collèges à l’intérieur de chacun des trois groupes, ce qui n’évite d’ailleurs pas une concurrence entre établissements pour susciter le plus de demandes possibles. Enfin, détail remarquable et honneur du système, il existe aussi une procédure hors niveau : chaque écolier est autorisé à demander deux collèges de son choix sans restriction. Il dépose un dossier dans ces collèges puis se présente à un entretien d’admission au cours duquel il mettra en valeur d’autres qualités que celles purement scolaires. L’établissement pourra alors décider de le recruter directement.

    « Moi j’ai le droit de choisir des écoles du niveau A », précise Lau Sin Yi. Ici, pas d’aveuglement par une interdiction des classements, mais pas non plus de stress et de stigmatisation des plus faibles puisqu’il n’y a de division de l’ensemble des élèves qu’en trois groupes. Lau Sin Yi a bien gagné sa place en niveau A car elle consacre souvent plus de dix heures hebdomadaires à son travail personnel pour lequel sa maman ne peut pas l’aider. Ici, la justice sociale par la réussite au mérite n’est ni un discours, ni un projet, ni un souvenir : c’est une réalité vécue par les familles comme une nécessité, et par le gouvernement comme un devoir. Ici, savoir apprendre par cœur n’est pas perçu comme une tare mais comme une fierté, savoir admettre ce qui n’a pas été compris n’est pas une honte mais une vertu. Ici, les connaissances ne sont pas l’objet de débats contradictoires mais de respect, car ici, on sait que l’esprit critique ne s’acquiert pas par un entrainement à la critique, mais par un usage raisonné de solides connaissances organisées dans des disciplines tracées au cordeau.

    L’interdisciplinarité généralisée ferait rire élèves et professeurs – mais certainement pas les parents – car ici, l’école est au service des élèves, et ceux-ci ne servent pas de cobayes à d’obscurs théoriciens. Peut-être à cause des langues chinoises qui nécessitent autant d’heures d’apprentissage laborieux, ici, on ne craint pas d’affronter l’ennui dans les études. Ici, on sait que l’ennui est un cap nécessaire à dépasser pour vaincre l’esclavage du plaisir immédiat. Ici, on sait que les approches ludiques ne débouchent que sur un ennui insubmersible et une immaturité chronique, ne faisant que dévaster la capacité des enfants à apprendre à s’intéresser au monde, c’est-à-dire à autre chose qu’à eux-mêmes.
    Ce n’est pas un hasard si les systèmes asiatiques explosent tous les classements internationaux, tant en termes de performances qu’en termes de réduction des écarts, donc de justice sociale, voire en termes de bien-être des enfants.

    Mais quel serait l’avenir scolaire de Lau Sin Yi en France ?
    La bulle éducative finlandaise et son escroquerie a finalement éclaté. Singapour, Hong Kong, Taiwan et quelques autres creusent les écarts avec les pays occidentaux qui adoptent dans une joyeuse irresponsabilité des réformes qui ne servent plus qu’à glorifier une morale d’Etat et qui mènent à des systèmes de plus en plus inégalitaires aux résultats de plus en plus médiocres. Devant la volonté de certains de ces pays à accélérer leur chute, il est légitime de se poser la question de l’inconscient collectif : pour reconstruire, ne faut-il pas avoir auparavant totalement achevé de détruire ? »

      • Vous confondez Hong Kong et Singapour. Hong Kong hérite du système « un pays, deux système », la liberté de presse est totale. Il y a même plus de libertés à Hong Kong qu’à Séoul dont le régime n’arrive pas de faire la propagande contre la Corée du Nord. D’ailleurs, c’est assez marrant : Séoul à annoncé que le dictateur du Nord a liquidé sa copine qui est apparue quelques moiplusta tard. Sans gêne, Séoul annoncé que c’est à cause de l’opacité du Nord…

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