On ne rend pas hommage à un bâtiment !
On peut rendre hommage à Dick Rivers et Jean-Pierre Marielle, qui viennent de nous quitter, paix à leur âme.
On peut rendre hommage aux pompiers qui ont sauvé la cathédrale de Paris.
Mais on ne peut pas rendre hommage à Notre-Dame. Cela n’a tout simplement pas de sens. Pourtant :
(« le drawing », « un runner »… beuah!)
« Rendre hommage » signifie témoigner à quelqu’un du respect et de l’admiration ; quand cette personne est décédée, lui rendre hommage, c’est saluer sa mémoire.
L’utilisation impropre de cette expression a manifesté une terrible lacune culturelle généralisée. Commentant les réactions à l’incendie de la cathédrale, un journaliste de France Info hésite : « l’archevêque de New-York s’adresse… oui, c’est cela, il s’adresse à Notre-Dame ». La surprise est compréhensible : le journaliste s’étonne, et il a raison, qu’on puisse s’adresser à « Notre-Dame », à un bâtiment. Mais l’archevêque s’adressait à « Notre Dame » ! Sans le tiret ! Il adressait une prière à Notre Dame pour lui demander de protéger une église qui lui est consacrée.
Manifestement, un nombre important de personnes sont persuadées que Notre Dame est le surnom affectif donné à un bâtiment, comme c’est le cas pour « Big Ben » à Londres…
…ou encore pour ce canon allemand qu’on appelait la Grosse Bertha !
Mais de même que l’horloge londonienne a été ainsi nommée « en hommage à » l’ingénieur qui l’a bâtie, de même Notre Dame a-t-elle été ainsi désignée « en hommage à » une personne, la Vierge Marie. Notre-Dame n’est pas le nom du bâtiment; il n’en est que la désignation métonymique.
On peut rendre hommage à Notre Dame : c’est ce que fait tout chrétien quotidiennement et, en particulier, à la fin de chaque messe dominicale, juste avant le chant d‘envoi. C’est ce qu’ont fait les gens qui ont construit Notre-Dame (avec un tiret).
Mais la personnification abusive du lieu donne à tous ces hommages officiels et parfaitement athées des allures de grand retour du catholicisme en France ! Amusant, l’un des plus tonitruants « hommages » (le T-shirt ! le geste !) est rendu par le PSG, ce club financé par le Qatar qui, en se faisant appeler par ses initiales, tente de faire oublier qu’il porte le nom d’un lieu où fut naguère édifié un monastère en « hommage » à un grand Saint : Saint Germain de Paris.
Excellente précision et remise à l’heure des horloges.
Un seul bémol! Le canon présenté n’est qu’une simple pièce d’artillerie allemande et n’a rien à voir avec la ‘Grosse Bertha’.
Ce qui n’enlève bien sûr rien à la qualité de l’article…
La pièce d’artillerie dont I.R. a judicieusement choisi la photo pour illustrer son propos est un de ces mortiers de 420 mis au point par Krupp avant la guerre et utilisés sur divers fronts, entre autres á Verdun. Ils étaient communément désignés par le vocable de « dicke Bertha », dont il n’est pas certain qu’il se soit rapporté à la fille aînée du constructeur, portant certes ce prénom mais encore jeune et relativement svelte. Par extension, le terme fut utilisé pour d’autres pièces d’artillerie lourde et en particulier sa traduction en « grosse bertha » pour désigner le « canon de Paris ». Pièce d’artillerie de calibre beaucoup plus faible, mais tirant à très longue distance – près de cent kilomètres – et mise en oeuvre pour terroriser « à l’aveugle »la population de la capitale. Un de ses obus pulvérisa entre autres la voute de Saint Gervais un vendredi saint, alors que l’église était pleine, crime de guerre resté impuni.
Chère Madame,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la plupart de vos ouvrages, et particulièrement ceux consacrés au journalisme, qu’en ma qualité d’ancien acteur de cette profession j’approuve à 100%.
Comme je ne savais pas comment vous joindre, je profite de l’opportunité que m’offre « Causeur »pour vous féliciter et vous prodiguer tous mes encouragements à poursuivre dans cette voie. Marre de la novlangue utilisée par les médias ! Profitons de la liberté qui nous est encore offerte d’exprimer nos opinions, même et surtout quand elles vont à l’encontre de la bien-pensance.. Au train où vont les choses, cela ne durera peut-être pas éternellement.
Sur Notre-Dame, je ne puis, là aussi, que vous rejoindre sans réserve. Il est bon et sain que d’autres voix viennent s’opposer au discours convenu, sur ce sujet-là aussi. Que d’hypocrisie dans tous ces « hommages » ! Merci de nous faire entendre un discours différent.
Un peu tiré par les cheveux !
Que faire contre l’inculture ?
Supprimer le ministère ad hoc: cela permettrait du moins d’expliquer quelque chose dans cet état de fait; mais vu les milliards que nous coûte la déshérence historique de ce pays, on ne sait à quel saint se vouer.
Retirer les milliards jetés dans les sables des banlieues pour alimenter une meilleure part culturelle de l’EN ?
… le foot, et ses milliards, a remplacé quasi tout …