mégère matrone

Si un homme maltraite sa femme, on dit : « ce monstre maltraite sa femme, il faut faire quelque chose ». Si une femme maltraite son mari, on dit : « ils ont des problèmes de couple, cela ne nous regarde pas. »

Il existe certainement, et j’ai déjà eu l’occasion d’y faire allusion au début d’un précédent texte, des femmes qui se comportent comme des Weinstein ; mais c’est un fait que les rôles de pouvoir sont majoritairement tenus par des hommes, raison pour laquelle les abus en ce domaine, notamment les pressions visant à obtenir des faveurs sexuelles, sont principalement le fait des hommes.

Cependant, sous l’étiquette de « violences faites aux femmes », on met également les violences conjugales. Les Cantat avec les Weinstein, comme c’est pratique.

Or, les hommes n’ont pas du tout le monopole de la violence conjugale, ni les femmes l’exclusivité du statut de victimes en la matière. Et comme il n’y a pas de journée internationale de la lutte contre les violences conjugales, on absorbe celles-ci dans les violences faites aux femmes et cela, c’est simplement de la manipulation. Une manipulation criminelle puisque, n’ayant entendu parler que des violences dont les femmes sont victimes, nous ne sommes même pas en mesure de détecter, y compris quand elles sautent aux yeux, les situations dans lesquelles c’est une femme qui est coupable. Or, bien souvent, cela se termine très mal.

Encore une fois, je ne nie point, ni la réalité, ni la gravité, ni la spécificité des violences dont sont victimes les femmes dans le cadre de la vie de couple. J’ai moi-même, à mon modeste niveau, participé à la préparation d’une exposition sur ce thème pour ce 25 novembre (journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) : ma mission a été de mettre en forme les textes de femmes ayant choisi de témoigner à visage découvert en se laissant photographier, mais dont beaucoup ne sont pas francophones de naissance et éprouvaient donc des difficultés à trouver les mots pour raconter le cauchemar qu’elles avaient vécu. Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire ce qu’elles écrivent et pour aller ensuite leur demander de préciser ce qu’elles ont voulu dire en telle ou telle phrase, quand on sent tout ce que cela remue en elles.

Mais justement, tandis que je m’appliquais à cette tâche, je pensais aux personnes à qui l’on ne demandera jamais de témoigner alors qu’elles sont, elles-aussi, victimes de violences conjugales.

Maltraitance conjugale chez les lesbiennes

Je me souvenais avoir vu il y a quelques années un sujet sur la violence conjugale dans les couples lesbiens. J’ai retrouvé cette vidéo :

Le commentaire de l’experte est intéressant et mérite d’être cité :

Le sujet de la violence conjugale dans les couples lesbiens remet en cause deux mythes fondamentaux : 1) un mythe partagé dans la société selon lequel la femme serait un être naturellement doux, gentil et non-violent. 2) un mythe plutôt diffusé dans les milieux communautaires qui tend à présenter le couple homosexuel, et lesbien en particulier, comme nécessairement plus égalitaire et situé à l’abri des rapports de pouvoir qui existeraient dans les couples hétérosexuels.

La violence conjugale visant les hommes

Mais précisément, les rapports de pouvoir dans les couples hétérosexuels ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit. Paradoxalement, c’est dans les milieux les plus « femmes soyez soumises à vos maris » (les milieux cathos tradis pour faire simple) que l’on croise le plus de grosses matrones à moustache flanquées d’un tout petit mari fluet ayant manifestement abdiqué tout ce qui ressemblerait à de l’autorité ou même à de la virilité.

Mais ce n’est là qu’un exemple caricatural.

Spécificités de la maltraitance féminine

C’est un fait bien connu que les hommes victimes de maltraitances conjugales appartiennent souvent aux classes sociales favorisées et aux professions intellectuelles supérieures : ils sont médecins, professeurs, chefs d’entreprise, ou de manière générale, exercent des postes à responsabilités. Les faire douter de leur légitimité et de leur compétence constitue un leitmotiv dans le discours des compagnes maltraitantes. « Tu ne t’en sors pas, tout le monde voit bien que tu n’es pas à la hauteur, tu ne te rends même pas compte que les gens se moquent de toi, etc. ».

Le problème c’est que si l’on parle souvent de « femmes battues », on peut plus difficilement employer l’expression « hommes battus » : une femme ne frappe pas, elle lance des objets ; elle ne tue pas, elle pousse au suicide ; elle fait du chantage un moyen de domination permanent ; elle séquestre sans avoir besoin de fermer la porte, par la seule menace du scandale maquillé en une jalousie factice qui lui donne le beau rôle (« tu vas encore voir ta salope ! »). Fatigué d’avoir à se défendre, redoutant la prochaine crise, monsieur renonce à sortir. Elle a recours à l’humiliation, en impliquant les proches ou même des gens extérieurs au cercle familial et amical : elle adresse des messages aux collègues de son conjoint, au voisinage, se plaignant d’être malheureuse, prétendant (de manière très grandiloquente, y compris auprès de gens qu’elle connaît à peine, c’est cela qui est louche) être victime de violences, ou mettant tout le monde en garde contre ce « médiocre », ce « minable », qui n’est « pas à la hauteur » (ces mots sont des indices qui ne trompent pas). C’est très malin, car le jour où monsieur cherchera un confident, un soutien, de l’aide, personne ne sera là pour lui. Les gens se diront : « et si ce qu’elle m’a dit était vrai ? Je ne veux pas prendre parti dans cette histoire ».

Toutefois, en général, monsieur n’ira pas chercher de l’aide. Parce qu’il sera effectivement persuadé qu’il est « minable », « médiocre », « pas à la hauteur » : elle le lui aura tellement répété. Il n’ira pas chercher de l’aide parce que les violences subies sont souvent de nature sexuelle ou scatologique, impossibles à raconter. Il n’ira pas chercher de l’aide parce qu’il se dira : j’ai accepté cela, j’ai laissé les choses en venir là, je ne suis pas un homme, je suis nul.

A quelqu’un qui essaierait de savoir ce qui se passe, il répondra seulement : « Parfois, elle est dure. Mais en ce moment, ça va » (la violence conjugale, masculine ou féminine, est toujours cyclique, jamais permanente, c’est pour cela que l’autre reste et endure). Ou bien : « De toute façon, personne ne me croira ».

Tous les quinze jours, un homme meurt sous les coups de sa compagne. Mais cela ne représente qu’une petite proportion des drames que cause la violence conjugale exercée par les femmes. En France aujourd’hui, 75% des personnes qui se suicident sont des hommes et nombre de ces suicides demeurent inexpliqués.

Comble de l’ironie: si, après avoir trop enduré, abandonné de tous, de vos amis, de vos enfants, n’osant plus vous regarder dans la glace tant vous mourez de honte en pensant à ce que vous subissez en silence, épuisé de vivre dans l’angoisse de la prochaine crise, prêt à tout accepter plutôt que de risquer le moindre conflit avec elle, si donc vous décidez, monsieur, d’assassiner votre femme avant de mettre fin à vos jours, sachez que vous viendrez grossir les chiffres des violences faites aux femmes. Mais, que voulez-vous, la « présomption de légitime défense différée » est réservée aux Jacqueline Sauvage.

Parlez, monsieur : c’est à elle, pas à vous, de mourir de honte.

 

 

14 commentaires

    • Alors en fait elle n’est pas seule… Et c’est la que l’on voit les magouilles et les horreurs développées par la misandrie ordinaire, ou fémenisme (je l’appelle comme ca parce que je refuse d’acoquiner les suffragettes, les 300 et quelques salopes, et les femens et autres intersectionnelles, comme se réclamant tous du même féminisme. J’ai dit « tous » parce qu’il y a aussi des hommes dans ces mouvements).

      Et pêle mêle nous citerons :

      Elisabeth Badinter, que je cite en premier à dessin : depuis « Fausse route » en 2003, elle est considérée comme une traitre à la cause. Au même titre que Doris Lessing par ailleurs (en Angleterre elle… ). Leurs brûlots anti-misandrie font que les féménistes les mettraient bien au pilori. On notera les basses attaques intersectionnelles visant à faire passer E. Badinter pour une vieille raciste dès lors qu’elle l’ouvre sur le voile ou la religion.
      Lize Biloteau (créatrice ANCQ, association des nouveaux conjoints du Québec…) Annie Duperey, Anne C Cools, Genevière Delaizi de Parceval… Toutes ces là se battent et oeuvre pour la défense et la reconnaissance des pères. Et l’on notera dans leurs rangs, la présence de la « vieille garde du droit à la contraception », feu Evelyne Sullerot (chapeau bas, tout le monde), qui s’illustra également dans le combat pour la paternité.
      Marcela Iacub, Natacha Polony… qui elles s’attaquent à la misandrie de base…

      J’évoquerais à part le cas de Suzanne Steinmetz… Pour ceux qui ne connaissent pas, elle est américaine, c’est une sociologue. Et en 1977, alors qu’elle étudiait la violence familiale, elle a développé le concept de « mari battu » puis « d’homme battu ». En 1980, elle a réalisé avec deux autres sociologues (Strauss et Geles) une étude démontrant que l’origine des violences dans un couple est indépendant du sexe. C’en fut trop pour les féministes américaines, et mme Steinmetz (pas les deux autres, bizarrement) fut menacée physiquement, tout comme sa famille. Cela ira jusqu’à recevoir des photos de ses enfants avec un nombre de cartouches assortis… A noter qu’il faudra attendre 2003 pour la première étude francophone du genre (en 2001, par Sophie Torrent).

      Donc non, elle n’est pas toute seule. Et il y en a une chiée d’autres… Par exemple, il est amusant de constater que le premier professeur qui introduit le concept de sexisme à l’école à l’endroit des petits garçons et la non adaptation de l’école aux petits garçons est… une femme ! Christina Hoff Summers (the war against boys, 2000). Ou que c’est bien une femme qui crée en 2008 « sos hommes battus », la première association française du genre (Sylviane Spitzer).

      • oups, publié trop vite… Sophie Torrent, c’est 2001 qu’elle publie et 2003 qu’elle intervient dans le premier congrès « Paroles d’hommes », en Suisse.

      • Merci pour ces références précieuses. Il est temps de cesser d’avoir des préjugés sur la violence dans le couple: certaines femmes sont de vraies hardies.

  1. Merci, Madame, de défendre ainsi les hommes. Vous faites œuvre utile et votre voix est précieuse. Les hommes ne sont pas des saints, c’est entendu. La femme non plus, donc. En réalité, la violence conjugale est à mes yeux peu différente de la violence tout court, celle qu’exerce le plus fort sur le plus faible, quand il n’y a pas de garde-fou. Et c’est souvent pour le couple, qui vit son intimité à l’abri de la plupart des regards. Pas surprenant, donc, que la violence conjugale soit perpétrée par les deux sexes, chacun avec ses armes de prédilection, bien sûr. Les évolutions sociétales actuelles et les débats qu’elles suscitent ne sont-ils pas le résultat de la mise en œuvre des idées permissives développées après la seconde guerre mondiale, dans les années 45-75, nées elles-mêmes d’une logique poussée jusqu’à l’absurde, celle des « droits de l’homme » ? C’est une idée répandue à laquelle j’adhère volontiers. Elle demande à être étayée, bien sûr.

  2. En lisant votre article je m’y suis bien reconnu.
    A la seconde fois, je suis allé porter plainte à la gendarmerie qui a eu beaucoup de mal à me croire même avec un certificat médical (traces de griffure, ecchymoses… rien de bien méchant : pas d’ITT).
    Devant la JAF (évidemment conflit sur la résidence de l’enfant qu’elle ne veut pas en alternée), son avocat m’a ridiculisé « un grand gaillard comme vous ! » et l’argument de violence n’a même pas été évoqué. La JAF a eu une moue trrrrès dubitative et mon avocat m’a fait clairement comprendre que ça ne servait à rien d’insister davantage.
    Je sais que si j’avais été une femme, j’aurais pu prétendre (et obtenir) la garde exclusive et aurais jubilé de voir mon ex avec un bracelet électronique à la cheville pour 6 mois.
    Alors oui, actuellement si vous frappez une femme vous êtes un monstre de violence impardonnable mais si une femme vous frappe, c’est que vous êtes une « grosse tafiole incapable de se défendre » et ça devient très suspect. Voire, vous l’avez cherché.
    Je n’ose imaginer ce qui se serait passé si j’avais usé de mon droit de légitime défense, raison pour laquelle j’ai pris les coups sans bouger.
    La plainte a été classée sans suite.
    On ne parle que des inégalités salariales au détriment des femmes mais à bien d’autres niveaux (la famille ou les violences que vous abordez dans votre article), il ne fait pas bon être un homme.
    Et si avant parler argent, on commençait par la base ?

  3. Mon couple d’alors en mourut. Elle en était arrivée à tout contrôlée, à me convaincre de ma nullité. Au début, je me rassurais (« je suis le mec, elle ne va pas bien, patiente et sois fort »).

    Lorsqu’en revenant à la maison en sifflotant, je m’aperçus que, comme toutes les dernières fois, mon estomac se nouait. Je lui en parle et, bon pompier-pyromane, elle s’inquiète pour moi, me conseille de consulter; un comble!

    Plus tard, j’apprends par la bande que la donzelle, qui m’avait prétendu avoir été battue lors de sa précédente union, avait avoué une connaissance commune avoir frappé mon prédécesseur, toujours décrié comme violent avec elle : « J’ai toujours eu un problème avec la violence ».

  4. Merci à vous et à Causeur. Si ça vous intéresse, voici un lien :

    http://la-cause-des-hommes.com/

    L’observatoire National de la Délinquance donne des chiffres intéressants : 32 % des victimes de violences physiques dans le couples sont des hommes. Quant aux violences verbales et psychologiques, c’est la parité. Mais les mesures prise et les crédits accordés ( 65 millions) ne concernent que la violence faite aux femmes. Les hommes ne portent pas plainte, ni dans les commissariats, ni auprès des associations où tout est fait pour ne recevoir et n’écouter que les femmes ( chez les policiers et les gendarmes, consultez les dépliants destinés au public sur le sujet. Ils ne s’adresse qu’aux femmes). Le lobby féministe misandre a complètement investi la plupart des médias et des partis politiques. J’ai bien peur que le pouvoir actuel ne cède à leur diktat, comme le précédent, et cela malgré l’intitulé du nouveau ministère de « l’égalité entre les femmes et les hommes ».

    • Très bon site dont il convient de préciser qu’il n’est en aucun cas misogyne ou même sexiste.

      Il est notable de souligner que c’est une ligne de défense pavlovienne chez les féménistes. Toute personne qui dira que la vie n’est pas rose pour les hommes verra son discours disqualifié par divers accusations.

  5. Le plus souvent, la force de l’homme est supérieure à celle de la femme, mais ce n’est pas toujours le cas.
    Par contre, la femme possède une arme redoutable, dont elle use et abuse allègrement : la langue.
    Et je ne parle pas ici des « langues de vipère », redoutables, mais bien connues de tous, hommes ET femmes.
    Mais même les femmes les plus douces et bien élevées peuvent lancer des « vannes » bien acérées qui font très mal à qui les reçoit au point de le laisser coi ! En général, ça se passe en privé, car lorsque ça déborde, l’union ne tient pas longtemps ! Mais ça n’est pas moins désagréable et ravageur pour autant !

  6. Je témoigne d’avoir assisté à deux cas de violences conjugales sur deux filles différentes. Très violent et très bref (il y avait d’autres témoins) les deux fois.

    J’ai un ami sur Paris qui s’est fait battre par sa femme africaine (mais j’avoue que je pourrais presque la comprendre tant il se conduit mal et boit trop).

    J’ai moi-même été battu une fois par mon ex-femme (Bac+2), à coups de pieds tandis que j’étais affalé par terre (elle avait fait la même chose à une amie 5 ans plus tôt). Bien évidemment, au divorce, elle n’a pas été reconnue comme violente.

  7. Bonsoir Madame,

    Les mots me manquent pour vous dire l’étendue de mon admiration non seulement pour cet article magistral mais aussi pour votre article antérieur sur les femmes objectivement complices des Wenstein. En ces temps de sinistre haine misandre chez tant de femmes -y compris chez bien des femmes issues de milieux prétendument « évolués »- vos articles sont une véritable bouffée d’air frais, d’intelligence et de coeur. Le temps me manque malheureusement pour préciser ici davantage les motifs de mon admiration mais j’espère avoir le temps d’y revenir très bientôt : notre époque a absolument besoin de voix comme la vôtre pour porter une parole d’exactitude factuelle, de distance et de rigueur intellectuelles, et de lutte contre les clichés affolants de bêtise qui infectent actuellement tant de voix féminines dans les médias « dominants ».
    Très respectueusement,
    Un lecteur déjà fidèle

  8. Ouch, quel sujet délicat… et qui porte vite à « l’essentialisation » (les femmes = langue acérée, lu dans un commentaire).

    Je me contenterai d’un témoignage indirect mais certain : un de mes collègues m’a avoué récemment que son ex-petite amie le battait tellement qu’un jour, elle lui a brisé un cendrier de porcelaine sur la tête. Comme quoi, ce peut être même tout simplement physique…

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