anthony bellanger 2Il paraît que c’est faux. Non, on n’essaie pas, autant que possible, de ne pas dire que la menace terroriste avec laquelle nous devons désormais vivre est de nature islamiste. Ceux qui prétendent que l’on tend à taire cet aspect du problème sont d’extrême droite. Mais comprenez l’extrême droite très large : celle qui inclut Bernard de La Villardière, Pascal Bruckner et Brice Couturier. Je me réjouis d’être en si bonne compagnie.

Je voudrais revenir ici sur ce qui s’est passé, l’autre soir, sur le plateau de BFMTV :

 

Le journaliste qui bugge

S’il était à ce point évident qu’Alain Marsaud venait de dire une énormité, pourquoi le journaliste qui lui a posé la question ne lui rétorque-t-il pas d’emblée que son accusation est infondée ? Il se contente de répéter bêtement sa question, comme font les agents virtuels intégrés aux sites de vente en ligne quand on les insulte ou qu’ils n’ont pas compris notre question. Mais d’ailleurs, ce journaliste dont j’ai oublié le nom et qui a tellement une allure de journaliste, est-il réel ou bien est-il seulement, comme je le pense, une créature numérique ? Il est si peu réel que, lorsqu’Alain Marsaud insiste à nouveau sur la nécessité de « nommer l’ennemi », c’est la dame assise à côté du robot qui prend la parole, court-circuitant (si l’on ose dire) son collègue qui risquait de trahir sa véritable nature en répétant sa question une troisième fois à l’identique, d’une manière toujours aussi impassible. La preuve est faite qu’il est ce qu’on appelle un « bot » : un « programme informatique autonome supposé intelligent, doué de personnalité et qui, habituellement, mais pas toujours, rend un service » (Andrew Leonard, The origins of new species). Dans cette vidéo, il ne rend aucun service. Il bugge.

La journaliste gênée mais pas méchante

Donc la journaliste répond à Alain Marsaud. Mais elle ne dit pas : vous avez tort, nous avons rappelé qu’il s’agissait d’un attentat perpétré au nom de l’islamisme. Elle dit : « on a expliqué quand même que c’était l’organisation Etat Islamique qui avait revendiqué l’attentat ». Elle ne conteste pas le bienfondé de l’accusation portée par Alain Marsaud. Du moins, si elle croit exprimer une objection solide, elle se trompe. Elle ne fait qu’apporter une nuance au propos de son interlocuteur. « Quand même » est un modalisateur d’opposition à valeur concessive : il introduit dans la phrase une reconnaissance, même minimale, de la validité du discours adverse. La journaliste exprime donc quelque chose que l’on pourrait paraphraser ainsi : « certes, nous n’avons pas prononcé le mot islamiste mais nous avons dit que l’Etat Islamique a revendiqué cet attentat ».

En tout état de cause, aucun des deux journalistes qui animent l’émission ne considère que le reproche adressé par Alain Marsaud aux médias est infondé. Et cette vidéo est intéressante parce qu’elle donne à voir la différence entre, d’un côté, les journalistes pas compliqués, pas mauvais bougres, qui vivent dans le royaume de l’évidence sans s’interroger sur ce qu’ils disent ou ne disent pas et de l’autre, le journaliste idéologue hargneux qui se sent profondément investi d’une mission de défense du bien au mépris de la bonne foi et, comme il va l’avouer bien innocemment lui-même, de la vérité.

La tirade d’Anthony Bellanger

De fait, c’est de l’autre invité présent sur le plateau que va venir la contre-attaque, avec cette entrée en matière : « vous dites absolument n’importe quoi ». Alors que l’attitude des autres journalistes ne consistait pas en un rejet radical du propos d’Alain Marsaud, voilà qu’Anthony Bellanger, également journaliste de son état, trouve qu’il dit « absolument n’importe quoi ». Il faut écouter la suite : c’est la grande tirade du journaliste courroucé. C’est beau. Et puis, c’est amusant : 1. « tout le monde sait que ce sont des attentats islamistes », 2. « les journalistes ne sont pas là pour dire ce qu’ils pensent ou ce qu’ils veulent mais pour dire les choses telles qu’elles sont ». Donc tout monde sait que c’est un attentat islamiste mais les journalistes, qui disent les choses telles qu’elles sont, ne sont pas là pour dire que c’est un attentat islamiste. Ok.

Notez qu’il ajoute : « il y a suffisamment de victimes pour ne pas dire n’importe quoi ». Le nombre de victimes a donc un impact sur le choix de dire ou de ne pas dire que l’attentat est islamiste quand, selon ce monsieur lui-même, tout le monde sait que c’est le cas. Là, il commence vraiment à me plaire. Mais le mieux vient après :

« Vous pouvez dire si vous voulez qu’il s’agit d’un attentat islamiste et c’est, de toute façon, le cas. Leur travail est de prendre des précautions avec la vérité ».

En d’autres termes : vous pouvez le dire et c’est la vérité mais le travail des journalistes est de prendre des précautions avec la vérité. Attention, ce n’est pas un lapsus, car il va répéter l’expression « prendre des précautions avec la vérité ».

En réalité, un vrai journaliste doit prendre des précautions avec l’information, ou plutôt les informations qu’il rassemble au sujet de l’événement, c’est-à-dire avec des discours dont certains, précisément, ne correspondent pas à la vérité. Mais son but est bien de dire la vérité, une fois qu’il l’a établie ou pense l’avoir établie.

Sans le vouloir, par un acte manqué fort drôle, Anthony Bellanger formule exactement la conception du journalisme qui prédomine au sein de la profession (plus pour trop longtemps, je veux le croire). Le devoir du journaliste est de ne pas dire une vérité, s’il estime qu’elle est dangereuse à dire. Tout est dans l’évaluation et les critères de cette dangerosité, bien sûr.

Anthony Bellanger ajoute enfin que les journalistes doivent dire « combien il y a eu de victimes » et « qui a revendiqué l’attaque » mais pas « ce que vous voulez qu’ils disent » (= que c’est un attentat islamiste). On voit donc apparaître une idée nouvelle : un attentat perpétré par des hommes « radicalisés » et revendiqué par l’Etat Islamique ne peut être présenté comme un attentat islamiste.

Le discours d’Anthony Bellanger démenti par l’échange auquel il participe

Il vient de donner raison à Alain Marsaud qui affirmait, juste avant la tirade d’Anthony Bellanger : « on dit que c’est l’Etat Islamique qui revendique, point à la ligne mais on ne parle pas d’islamisme ». Le caractère caricatural de cette assertion tient au fait qu’Alain Marsaud semble condamner une situation alors qu’il met le doigt sur une tendance. Tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Certes, comme le notera encore Libé, on a dit que c’était un attentat islamiste. Mais c’est une question de dosage. Il est manifeste que, depuis quelque temps, se fait sentir une volonté de le dire le moins possible, ou seulement quand on s’y trouve obligé. On attribue l’attentat à l’organisation Etat Islamique, et on passe à la suite. Le commanditaire est loin, très loin là-bas. Il est localisable et identifié. Nulle idéologie n’est plus à mettre en cause. Comme c’est rassurant.

La validité du propos d’Alain Marsaud est confirmée par la question même que lui a posée le journaliste à la cravate bleue : il lui a demandé comment « lutter contre le terrorisme ». Et, comme nous l’avons vu, il ne considère pas avoir obtenu une réponse quand l’ancien chef de la lutte anti-terroriste explique qu’il faut commencer par nommer l’ennemi, qui n’est pas « le terrorisme ».

« Comment lutter contre le terrorisme ? » Cette interrogation est revenue en boucle sur tous les médias lors des attentats de Barcelone et Cambrils. Habituellement, après les attentats, on voyait des imams et des islamologues venir nous expliquer que l’islamisme n’avait rien à voir avec l’islam. Apparemment, ils ont renoncé à ces explications trop compliquées. Il faut dire que, tout de même, dans islamisme, on entend islam et il en est que cela gêne, parce qu’ils ont peur de « jeter un froid chez les musulmans » (je ne sais pas si cette expression est bien choisie, je suis même sûre du contraire) :

Apposer au nom commun « terrorisme » l’adjectif « islamiste », même si elle ne veut pas dire « islam terroriste » ne peut que jeter un froid chez les musulmans aulnaysiens.

Je donne cette citation trouvée sur le blog d’un responsable de mouvement associatif (non musulman, je précise), parce que je constate que cette pensée est partagée par un nombre croissant de personnes.

Alors, dorénavant, on ne conteste plus les motivations des djihadistes (s’agirait pas de risquer de paraître peut-être un peu qui sait islamophobe sur les bords) mais uniquement leur mode opératoire.

Eh bien, ça promet.

57 commentaires

  1. Bonjour Chère Ingrid Riocreux !
    Les extra-terrestres ont accès a votre site ?
    Comme toujours c’est un plaisir de vous lire.

    • Ce système « d’arrangement avec la vérité » de la part des médias n’est pas nouveau. Ayant longtemps fait partie des équipes de reportage d’une chaine TV j’ai pu souvent le constater.
      Un exemple :
      Nous partons à la gare St Lazare couvrir une grève. Le jeune journaliste frais émoulu d’école est stressé car il est tard et il faut boucler le reportage pour le 20 heures. Il se demande ce qu’il va pouvoir faire dans un délai aussi court.
      Fort de mes années d’expérience, connaissant le fonctionnement des rédactions, je lui dis :
      Tu dois trouver une personne qui est contre la grève, qui te dira qu’elle est prise en otage, une autre qui est pour malgré le dérangement parce que les employés ont raison défendre leur beefsteak, on fera deux images des gens qui se poussent comme des malades pour monter et puis voilà.
      Il me dit : « ‘est exactement ce qu’on ‘a demandé »
      Regardez bien les JT 99% des reportages télé sont construits comme ça .
      Au nom d’une certaine « objectivité » on met un pour et un contre, même si dans la réalité sur un sujet donné 90% sont du même avis contre 10%.
      Je peux aussi parler des fameux « consultants ».
      En pleine guerre du golfe (la première) on va demander son avis à un « spécialiste » Antoine B.
      Dans son bureau vers la madeleine, il y a deux télés qui fonctionnent, l’une sur CNN, l’autre sur Al jazzira (Antoine B est arabisant). Il écoute cinq minutes les deux TV puis il nous donne son interview à partir des éléments qu’il a glanés sur ces deux monuments de vérité que sont CNN et Al jazzira.
      Je suppose que dans la presse écrite c’est la même chose, ils se lisent les uns les autres, loin des foyers d’actualité.
      La meilleure est arrivée à un collègue. Il était sur un lieu de combat dans les montagnes Afganes devenu calme depuis quelques jours. La rédaction le joint sur le téléphone SAT du chef de guerre, rédac qui lui explique que les combats ont repris à cet endroit là. Il a beau démentir, on lui rétorque que c’est ce que disent les agences, donc c’est forcément vrai et exigent un suet pour le 20 Heures. Il en parle au chef de guerre, qui propose simplement de balancer quelques projectiles puis de répondre à une interview, trop heureux de parader dans les médias.
      La redac a trouver le sujet très bon et très juste, reflétant bien les évènements.
      en 30 ans de carrière je pourrais en raconter des tonnes…

  2. Merci Ingrid Riocreux j’apprécie pleinement votre intelligence et votre humour.
    Désormais nous ne dirons plus christianisme parce-que ce terme ne représente pas les chrétiens.

  3. BONJOUR MADAME RIOCREUX , peux ton encore dire « un gland decervelé qui obeit a son chef  » ou doit on maintenant dire tout simplement journaliste français ?

  4. Habituellement, j’aime bien les analyses d’Ingrid Riocreaux, mais là je trouve qu’elle est de mauvaise foi.

    Lorsqu’un attentat islamiste est perpétré, l’une des premières choses qui est signalée est que son auteur l’a fait au cri de Allah akbar, puis on s’interroge si Etat Islamique va le revendiquer. Puis on s’interroge sur la radicalisation de la personne. Alors peut-être que le mot islam n’est pas prononcé à chaque phrase, mais bon, celui qui n’a pas compris doit être un peu lent de la neurone.

    Par ailleurs, le journaliste a posé une question et Marsaud répond à coté. Ca ne me paraît pas scandaleux que ce journaliste cherche à obtenir une réponse à sa question et qu’il n’accepte pas d’être le faire-valoir de son invité.

    • Le journaliste dit : « pourtant on sait qu’il y a une réponse qui peut être possible pour lutter contre le terrorisme, c’est d’accentuer la coopération du renseignement. Il y a beaucoup de spécialistes qui disent qu’à ce niveau-là les choses qui sont faites ne sont pas suffisantes ».
      Ce n’est pas une question directe mais plutôt un propos qui laisse penser que la réponse possible pour lutter contre le terrorisme est surtout une question de renseignement.
      Marsaud ne répond pas à côté quand il dit que la (première) réponse à apporter, c’est de nommer l’ennemi, et non pas une coopération du renseignement, qui doit venir seulement après.
      Or on essaie de nous faire croire que le terrorisme est une question de religion. Je pense que c’est faux, comme l’ont été la croisade contre les albigeois ou les guerres de religions en France qui n’étaient que des luttes politiques portant le masque de la religion.
      Le nom de l’ennemi, c’est le totalitarisme. Un totalitarisme qui s’appuie sur un bloc religieux, qui combat la démocratie et ses valeurs en profitant de ses faiblesses.

      • Ben évidemment : il a combien d’assassinats à son actif le totalitarisme autre qu’islamique? Ce nom-là pourquoi le dissimulez-vous?

    • Non Marsaud n’a pas répondu »à côté » mais au contraire : lutter contre le terrorisme commence bien AVANT TOUT par le désigner précisément : ici l’islamisme.

    • Pas d’accord.

      Marsaud répond au journaliste. Il lui dit qu’il faut désigner l’islamisme comme responsable. Il faut nommer l’ennemi.

      Non, cet ennemi n’est pas nommé. On a même déjà vu (meurtre de Mme Halimi par exemple) des cris Allah akbar que la presse, l’ajustice et le gouverne-ment ont traduit en déséquilibritude.

      Non, les médias refusent effectivement de nommer l’ennemi. C’est comme si, pendant la guerre froide, on avait caché que des communistes français faisaient du sabotage (des soldats français sont morts à cause de ça en Indochine). Très peu de cocos faisaient ces sabotages, mais quelques-uns le faisaient parce qu’ils étaient communistes. C’est pareil aujourd’hui, on a spectacularisé ça avec le terrorisme et on a changé de religion, le communisme est devenu l’islamisme.

  5. Je viens de lire le billet du responsable associatif cité dans l’article. Je note qu’il met à pied d’égalité la démocratie chrétienne et islamisme. Peut-être qu’il y a un souci non pas dans la façon de nommer le terrorisme islamiste, mais sur la définition d’islamisme.

  6. Ouf. Un peu d’intelligence dans ce monde de stupidités, un zeste d’humour qui habille poliment une sainte colère, je suis toujours contente de vous garder un peu de cerveau disponible.

  7. Les terroristes qui perpètrent des attentats le fond au nom de textes sacrés (plus ou moins d’ailleurs) de l’islam. Cela en fait des islamistes par rapport à d’autres musulmans qui préfèrent puiser leur foi dans d’autres textes moins violents, moins totalitaires et plus pacifiques. Mais le problème vient bien de l’islam et de ces textes fondateurs qui prônent quand même l’extermination, la soumission ou la conversion des infidèles. Tant que les musulmans ne feront pas le tri, tant qu’ils ne remettront pas en cause leur corpus idéologique, les terroristes exterminateurs peuvent et doivent être considérés comme des musulmans, certes extrémistes, mais musulmans.

      • tout à fait d’accord avec votre objection. Tout vrai musulman se doit d’être un terroriste. Les musulmans pacifiques sont des impies et des paresseux, Allah les fera brûler en enfer.

    • Merci de ne dire que la vérité.
      Trop de gens pensent bien comme vous.
      Malheureusement on n ose point le crier,car la censure est plus forte.

    • Bien d’accord avec vous. À tout non-arabophone souhaitant se faire une idée la plus précise possible du sens du texte coranique, je ne peux que recommander l’excellente traduction de Régis Blachère. On y trouve des passages pacifiques ; on y trouve aussi des principes misogynes, des condamnations de l’homosexualité, des appels au meurtre des non-croyants… Ah ? On me signale dans l’oreillette que pour les passages concernés, il ne faut pas lire ce qu’il y a écrit, mais autre chose. Que ce serait faire de mauvaises interprétations ! Donc en fait, à coups de pirouettes rhétoriques, on peut en faire ce qu’on veut, de ce texte sacré, dans un sens comme dans l’autre…
      Les terroristes islamistes, c’est un peu comme les supporteurs qui se battent et abîment le stade : la majorité de leurs camarades a beau en avoir honte, ils soutiennent bel et bien la même équipe.

      • Vous comparez une équipe de foot avec la parole de dieu ? Et des ‘supporteurs’ aux croyants ? Et le stade aux non croyants ? Les camarades musulmans qui auraient honte sont dans la dissimulation ! Mais attention tous les arabes ne sont pas obligatoirement musulmans.

        • Ben dites donc, ça a l’air d’être de la bonne ! Vous m’en passerez à l’occasion 🙂

  8. Quand on prend des précautions avec la vérité, on n’est plus dans l’éthique du journalisme, on est passé à la manipulation, sorte de propagande masquée.

  9. Tout ceci me fait souvenir de la période de l’occupation allemande et de toutes les raisons, les « a-peu-près » et les acceptations de la plupart des gens, pour accepter cette occupation et ses conséquences (pénuries, arrestations, etc.). Si les détails changent, les mentalités restent les mêmes; cela en dit long sur la psychologie des foules car, a priori, rien ne permet d’établir un lien générationnel entre ceux qui, comme moi, ont vécu l’occupation et n’en parlent jamais, et ceux qui n’ont pas connu cette période. Mais les réactions sont rigoureusement similaires avec toujours ce très petit nombre de résistants, devant une masse neutre mais à tendance sympathisante pour l’occupant. L’expérience ne se transmet pas. Mes avis dérangent !

    • Exact, Philvar, la France a renoué avec le pétainisme, sans doute dès que Chirac a renié le gaullisme, c’est devenu sa seconde nature (voir mon post un peu plus loin)

  10. En fait, la première préoccupation des journalistes « antislamophobie-compatibles » est d’annoncer en tout premier que l’auteur de l’attentat est toujours un « déséquilibré ». Même s’il s’agit d’un assoiffé qui a braillé :
    « Eh, là, Ou qu’est le Bar ? »

  11. Le journalisme français se caractérise par sa confusion entre information et opinion. Il y a très longtemps, le journal Le Monde se distinguait honorablement de cette orientation mais son objectivité qui en faisait autrefois sa réputation de « journal de référence » a été anéantie par la nécessité de vendre son âme pour survivre. On aurait pu espérer que ce journal peuplé de brillants cerveaux eut pu trouver une alternative dans la créativité, l’imagination, l’innovation et les valeurs morales mais les mammouths institutionnels (la France en est gavée) sont trouillards, paresseux et lâches. Alors, croyant sauver leur peau de chagrin, ils créent la stigmatisation et la censure comme le DECODEX…

  12. La France ne s’est jamais remise de 1940, malgré les efforts de De Gaulle pour la placer du côté des vainqueurs. Devant la catastrophe, seule la collaboration paraissait « raisonnable ». Et puis, on avait été un peu injuste envers les Allemands. Si les extrémistes nazis étaient parvenus au pouvoir, c’était bien parce qu’on avait été (nous, les vainqueurs de 14-18) trop humiliant par le Traité de Versailles. Donc on l’avait bien mérité ! Aujourd’hui, ce n’est sans doute pas pareil, mais pire : l’islamo-nazisme est magnifié par un dieu lui-même et pas seulement un chef suprême charismatique, les accommodements raisonnables sont défendus par les néo-Chamberlain-Daladier en plus jeunots, les Trudeau et Macron, on recherche des islamistes modérés plus qu’on n’avait cherché de « nazis modérés », si on nous écrase par moments dans les rues c’est qu’on a été un peu trop méchants avec les musulmans, on l’a bien mérité, et les journalistes responsables de Radio-Paris (on ne dit plus en sourdine « Radio-Paris ment, Radio-Paris est musulman » même si on le pense très fort) se sentent un devoir de modération pour « détourner de notre pauvre pays meurtri les souffrances de la guerre », à la Pétain. Et surtout… pas le moindre De Gaulle à l’horizon !

    • Comparaison intéressante. A l’exception notable que la France fait partie intégrante du commandement de l’OTAN.

      Combien de morts au nom de la démocratie en Libye (pour en réalité enterrer le dossier de la campagne électorale de Sarko)? Combien en Afghanistan, en Irak, en Syrie au nom de la « démocratie » (c’est à dire de la volonté de notre démocratie de s’imposer comme le meilleur régime alors qu’elle n’est ni plus ni moins que le règne des putes?) ou mieux encore, de la « Liberté »? Combien de morts en Algérie, par les Le Pen et autres bouchers de la République, prétendument chrétiens?

      Combien de morts civiles dans les frappes de drones dans des pays ou on aurait jamais mettre le nez? 95% suivant un rapport publié à ce sujet. Que voilà de belles « frappes chirurgicales »…

      Combien de mort parce que la France est le Royaume des marchands non plus du temple, mais de mort?

      D’ailleurs, si on cumule d’un côté les morts des attentats, et de l’autre, ceux causés par nos agents (je ne parle pas des équipements vendus, juste l’armée et les services « spéciaux ») à l’extérieur de notre pays, oui, de loin, nous sommes les plus « méchants », pour vous paraphraser.

      Alors bien sûr un civil est un civil, où qu’il soit. Et il est sans doute plus innocent que celui qui appuie sur la gâchette. Mais vous ne me ferez pas plus regretter « nos » morts que ceux d’en face.

      Sur De Gaulle, je me contenterai de dire que… dans une équipe sportive, on ne va jamais plus loin que la distance parcourue par le membre de plus faible. Cette habitude franco-française d’espérer un homme providentiel n’a pour finalité que de s’exonérer, intellectuellement parlant, de sa complicité à tout le moins tacite avec les crimes commis en notre nom par notre régime (et qui n’a de démocratique que le nom).

      • Oui, oui bien sur, enterrer le dossier de la campagne de Sarko… Mais dis moi Démosthène, sur quel début de preuve ou d’analyse appuies tu cette affirmation ?
        95% selon un rapport publié… mais lequel ?…
        Dans un pays où on n’aurait pas du mettre le nez… Oui, bien sur, mais à un moment on fait qq chose sans envisager toutes les conséquences. Et c’est tant mieux parce que sinon on ne ferait rien. Eh oui, parfois c’est tant pis parce qu’on assassine. Mais bon, hein, si on joue à « jette la 1è pierre », on n’est pas rendu.

        Alors en fin de compte, je suis d’accord chez Démosthène. Contente toi de te dire que notre régime n’a de démocratique que le nom et va-t en habiter et vivre sous d’autres régimes qui en ont aussi le nom (oui, oui grâce au méchant colonisateur qui n’aurait jamais du mettre son nez etc.), mais n’ont certainement pas cet équilibre fragile que nous connaissons depuis qq dizaines d’années et qui permet à des imbéciles de venir donner des leçons d’intelligence et d’ouverture d’esprit.

        • Contrairement à vous, mon cher Pompone, je parle Russe, je pourrais tout à fait vivre en Russie (je l’ai déjà fait, d’ailleurs), je parle Anglais, j’ai également visité un certain nombre de pays étrangers (et y ai vécu pour certains), et je n’ai nul besoin de vous insulter pour exister.

          Pour Sarko:

          https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/notre-dossier-largent-libyen-de-sarkozy

          Pour les drônes:

          https://theintercept.com/drone-papers/

          Pardon, c’était 90 %. Oui, car chaque homme sis à proximité d’une personne que vous voulez assassiner est forcément un complice… Bref, retenez vos tutoiements, nous n’avons pas gardé les chèvres ensemble.

          Et soyez heureux de vivre dans votre démocratie qui assassine (Coluche, par exemple), qui suicide des magistrats, bref, qui fait toutes les saloperies qu’une dictature peut faire, car ce n’est pas parce que l’on est nombreux à avoir tort que l’on a forcément raison.

  13. Je me pose de plus en plus cette question …. suis je fou ou lucide ? Entre le monde des médias , celui du showbizz , des peoples … ils refusent tous la réalité quotidienne ! Je penche plus pour leur côté soumis collabo bobo gôcho opportunistes ! Cela rappelle les heures les plus….etc… , lesannées 38/39 avec les Chamberlin et autres auto-satisfait lâches crétins …. Surtout , ne jamais appeler un chat un chat ! ne jamais nommer le problème No 1 , l’islam en général …! Quand je vois cet imam pleurer dans les bras du père dune petite victime , j’ai l’image du comédien , du faux cul ! Personnellement , ils ont ma haine ! comme je commence à l’avoir envers ce monde des médias manipulateurs ……………….!!!

    • Bien sûr, l’autre en face est inhumain. Il ne peut ressentir de compassion, qui est le propre de notre religion à nous, qui n’est que paix et amour (voir mon post plus haut a l’intention de Cozis).

  14. Sur le fond ,je partage entièrement votre analyse.

    Sur la forme je suis éblouis de constater que certains ,trop rares, écrivent encore un français superbe.

    Merci, Madame.

  15. Simplement : tout est dit et fait pour dissocier l’acte terroriste de la religion qui l’a inspirée. Donc c’est de la propagande et non de l’information.

  16. Personnellement je préfère, depuis avant le 11 septembre 2001, c’est dire, employer le terme « Nazislamisme » synthèse et regroupement de Nazisme et Islamisme .
    C’est concis c’est précis, et ça exprime la similitude entre les deux théories, les deux doctrines et les actions et conséquences des deux idéologies.
    J’invite les journalistes et les politiques soucieux de rigueur et d’honnêteté intellectuelle a faire de même.

    • vous pouvez même aller un peu plus loin. D’apres Anthony Sutton, ce sont les banquiers anglo-saxons qui ont favorisé l’avènement d’HITLER à partir de 1930 (voir le livre Wall Street et l’ascension de Hitler -ed le retour aux sources-) et c’est le « deep state » américain dont Sbignew Brzezinsky était un représentant puissant qui a reconnu, dans une interview donnée au nouvel obs, avoir utilisé les terroristes islamistes pour avoir fait de l’Afghanistan le « Viet Nam » des soviétiques (Peter Dale Scott « la route vers le nouveau désordre mondial » ed demi-lune p 114) Voici des coïncidences bien troublantes….

      • C’est marrant, l’usage propagandiste du mot « nazi » dès qu’on a en face de nous des gens qui arrivent démocratiquement au pouvoir, mais qui ne partagent pas nos idées.

        Hitler est arrivé au pouvoir par la démocratie. Les leaders musulmans que nous cherchons à éliminer (Bashar en Syrie, Erdogan en Turquie) bénéficient aussi d’un soutien populaire bien plus massif que celui du « leader » français (ce n’est pas en France qu’on verra des gens s’allonger devant les chars, si ceux-ci allaient éliminer Macron).

        • Au jeu des 7 erreurs, Assad est laïc. Il est de confession musulmane alaouite (ce qui suffit à le placer dans les rangs des mécréants par les extrémistes sunnites de Daech et affiliés). Erdogan est sunnite, arrivé au pouvoir avec l’aide de l’AKP qu’il a créé, et de son ex pote Güllen qui est un imam (certes d’un genre un peu à part). Assad ne prêche pas l’islam conquérant. Erdogan est un laïc de façade et foule aux pieds l’héritage Atatürk. Erdogan vend Digiturk au Qatar et Turk Telekom aux saoudiens. Assad réprime (dans le sang c’est vrai) les frères musulmans. Etc.

          Et on connait bien le soutien populaire des dictateurs.

          Mais enfin, on a les Démosthène qu’on peut…

          • « L’héritage d’Ataturk », vous parlez du génocide arménien?

            Quant au soutien populaire des dictateurs, l’exemple que j’ai donné suffit à contredire votre affirmation… Et qui êtes vous pour décréter que la foi d’un autre est « de facade »?

          • Merci Pompone ça m’évite d’avoir a l’écrire.
            Erdogan a toujours promis une république islamique.
            Et de toute façon je renonce a expliquer le raisonnement, l’argumentation et le dialogue a Démosthène, je suis comme Molière, je n’entends pas le grecque.

  17. Tout ça c’est de la rhétorique. Les victimes se fichent bien que leurs assassins soient ou pas nommés. Les attentats qui ensanglantent l’Europe, sont islamistes, mais il est évident que ce terme est utilisé sciemment pour mettre tous les musulmans dans le même sac ! Ce qui est injuste, car l’écrasante majorité des musulmans est autant victime que nous. Aujourd’hui la vérité c’est que nous n’avons aucune stratégie pour contrer et annihiler l’action terroriste. Mais personne ne me fera croire que c’est en prononçant à chaque fois le mot islamiste, que nous allons résoudre le problème.

    • Vous dites :
      « ….nous n’avons aucune stratégie pour contrer et annihiler l’action terroriste. »
      Comme vous avez raison, c’est difficile et même impossible d’avoir une stratégie sur une chose que l’on refuse de nommer et définir.
      Qu’il y ait des victimes musulmanes au terrorisme islamique on s’en moque.
      La « stratégie » a pour but de combattre les auteurs, pas d’offrir des couronnes aux victimes.
      « Celui qui voit un problème et qui ne fait rien , fait partie du problème !  »
      La, avec cette maxime, je pense que vous allez mieux vous situez .

  18. Chère Ingrid, prise à son propre piège ? Car votre excuse  » j’ai oublié son nom  » n’est-elle pas une « précaution » ? …encore que passible de ressortir de la simple charité chrétienne vis-à-vis du journaliste bas de gamme intervieweur de Marsaud ?

  19. c’est incompréhensible qu’un pseudo journaliste se contentant de répéter les communiqués policés des politiques puisse se prétendre journaliste et être invité sur les plateau télé

  20. Tout à fait , Ingrid (quel beau prénom !) , résumons l’article par l’histoire du sage, celui qui montre la lune du doigt…

  21. D’accord pour Finkie et Couturier, mais La Villardière, non. Il fait parfois son travail de  » journaliste d’information  » [désolé pour cette redondance, mais depuis que la presse française se contente d’être propagandiste, il est bon de le préciser quand ce n’est pas le cas]. A Sevran, le journaliste avait été pris à partie par une bande de  » jeunes hostiles  » (on mettra ce qu’on voudra derrière cette litote) lors d’un reportage accablant pour la diversitude. Sa dénonciation de l’islam est fondée, pertinente et irrécusable.
    On aurait aimé qu’il fît preuve de la même bonne foi lors de son reportage infâme sur Israël. Cela lui aurait évité de sombrer dans le révisionnisme et le psittacisme propre aux roquets d’Orsay.

    • « Roquets d’Orsay », mais ça mérite un prix d’honneur de l’Almanach Vermot ça ! Ah bon sang, que j’aime la France quand je lis de tels mots d’esprit ! Je reprends confiance. Ca me rappelle Blondin (bien que je ne le connaisse que par ses livres). Merci Dov Kravi.

  22. Bonjour, pour tous ceux qui veulent séparer islam et islamisme, est ce que vous séparez de la même façon l’inquisition et le christianisme ?

    Comme l’écrit Riss dans l’édito du charlie dont tous les journalistes bien pensant critiquent la couverture sur les attentats en Espagne, en gros si on ne voit pas que la branche pourrie appartient à un arbre, on aura du mal à la couper et laisser l’arbre refaire de jolie feuilles (je résume à ma façon, mais c’est aussi ce que semble dire Marsaud)

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