A Besançon, le candidat LR a surtout parlé de l’Ecole
Combien étaient-ils à Besançon pour écouter François Fillon quelques jours après le rassemblement du Trocadéro ? Les orateurs annonçaient 3000 mais nous avons appris à nous méfier. Nous avons plutôt eu l’impression qu’on était beaucoup plus proche de 2000 mais peu importe, en fait. L’essentiel se trouvait encore dans la composition de la salle. Comme les études d’opinion le démontrent, ce sont les retraités qui constituent le socle de l’électorat de François Fillon et hier soir, cela se voyait à l’œil nu.
Comme l’automne dernier lorsqu’il avait compris que son message économique n’était pas propre à emballer les foules et permettre une dynamique, il est passé très vite sur ses propositions en la matière. A Besançon, il a surtout parlé de l’Ecole. Coïncidence ou volonté, c’est dans la même ville que Nicolas Sarkozy avait prononcé un grand discours thématique sur l’Education il y a dix ans. L’assistance a apprécié, visiblement très préoccupée par l’état du système éducatif de notre pays, au point que, pendant que nous nous mettions à la rédaction de ces lignes, un aimable monsieur nous interpellait : « pas de fautes d’orthographe ! ». L’ancien ministre de l’Education nationale de Jacques Chirac, qui avait naguère laissé Claude Thélot lui dicter une loi d’orientation qui faisait la part belle aux gourous pédagogistes, critique aujourd’hui ces derniers avec la plus grande force. L’influence de la locale de l’étape, la secrétaire générale adjointe de LR, Annie Genevard, y est sans doute pour beaucoup.
Anti-pédagos de babord à tribord
D’une manière générale, sur l’Ecole comme sur les questions régaliennes, mais aussi lorsqu’il a fustigé Emmanuel Macron, le candidat souhaitant « une société d’individus et non plus de citoyens, une société plastique, une société liquide », il nous a souvent fait l’impression de faire du Finkielkraut. Un hebdomadaire avait titré il y a quelques mois sur la « gauche Finkielkraut » représentée par Manuel Valls ; ce soir, il nous a semblé entendre son pendant à droite. Evidemment, dans le détail, il n’est pas certain que l’escouade d’intellectuels qui accompagnent l’auteur de La défaite de la pensée, comme Jean-Paul Brighelli ou Natacha Polony, reprennent à leur compte toutes les propositions énoncées à Besançon, notamment celles qui ont trait à l’autonomie des chefs d’établissement, laquelle proposition reprend davantage à la logique managériale. Mais la tonalité anti-pédagos y était et elle peut être essentielle, surtout si cette campagne commence à aborder les sujets sérieux.
Il demeure que Marine Le Pen sur son flanc droit et même Emmanuel Macron sur son flanc gauche, ne sont pas en reste sur ce sujet et qu’il ne sera pas si aisé d’être leader sur ce thème. Le candidat d’En Marche a même effrayé Najat Vallaud-Belkacem, seule ministre vallso-hollandaise à basculer clairement dans le camp Hamon. Il n’est pas interdit de penser que les propositions éducatives de son ancien collègue du gouvernement pourraient en être la raison principale. François Fillon a aussi passé quelques minutes à fustiger le totalitarisme islamique. Il a rappelé ses propositions en matière de sécurité et de politique pénale. Il a aussi eu quelques mots europhiles, reprenant les termes de Giscard sur la France « qui ne représente qu’1% de la population mondiale ». Pas sûr que Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement, qu’il a cités dans son discours pour illustrer sa conception de la République, auraient apprécié cette antienne, l’un depuis l’au-delà, l’autre s’il avait été présent à Besançon.
François Fillon n’a pas oublié de faire allusion à ses semaines difficiles. Se présentant tantôt comme un « rebelle que le système n’arrêtera pas » tantôt comme un de « ces combattants balafrés qui n’ont pas appris la vie dans des livres », il est ainsi passé en une dizaine de minutes, de Finkielkraut à Albator.
Dommage.