J’ai pris connaissance de l’entretien accordé par Jean-Luc Hees au Monde.fr, entretien au cours duquel il annonce le débarquement de Stéphane Guillon de la tranche matinale de France Inter. J’avais ici même défendu, au plus fort du « Moment Zemmour », le fait que Guillon devait être protégé par la même liberté d’expression notamment vis-à-vis du monde politique, et cela même si je le considérais comme un faux-clown et un vrai éditorialiste dont je n’appréciais pas le message dans la majorité des chroniques.

Mais Guillon avait décidé d’en finir et il a commencé alors à s’en prendre, non plus aux fameux « puissants », mais à ceux qui dirigent la station. Alors que les indiscrétions sur le fait que le Président de la République pouvait s’émouvoir de ses papiers l’avaient, de fait, « sanctuarisé », il a décidé d’en finir en attaquant voire en insultant systématiquement ses patrons, tel un Anelka moyen, sauf que Guillon est beaucoup mieux doté en machiavélisme. Et, encore une fois, il a obtenu gain de cause, sa récompense : il va pouvoir claironner partout qu’il est une victime, un martyr. Pour le coup, il fera rire même si cela relève plutôt, dans le cas d’espèce, du comique involontaire.

Mais ce qui fait aussi doucement rigoler, c’est la manière dont Hees soutient Val face aux attaques des « petits tyrans ». Car si « Guillon l’humoriste » constitue une imposture, « Val, le directeur d’antenne outragé », c’est quoi ? Philippe Val me fait penser à Marc Dorcel, le pape du porno, qui souhaiterait faire des leçons de morale à Zahia D. Avec un prof comme ça, comment voulez vous que les élèves se tiennent ? Bonjour la crédibilité. Lorsque Porte a fait son sketch, qu’il reconnaît lui-même comme loupé, où il faisait dire des grossièretés à Villepin, qui n’a pas vu alors, sur la Toile, ce fameux dessin où Val et son compère Font faisaient subir quelque outrage au ministre Léotard, dessin qui faisait la promotion de leur spectacle ? Pas étonnant, pour demeurer dans la métaphore scolaire, que le dessin circule dans la classe et que tout le monde rie au nez de l’enseignant Val lorsqu’il commence à parler de dignité, de morale et tout le toutim[1. De même, lorsque les journalistes de France Inter évoqueront désormais quelque conflit d’intérêt dans le monde politique, on ne pourra s’empêcher de penser au rédacteur en chef de la matinale, Monsieur Dély, qui fit, rappelons le, un éditorial au vitriol contre Eric Zemmour qui officie sur la station d’en face, en guise de dernier papier pour son employeur précédent.].

Mais il a pu changer depuis Charlie Hebdo et ses spectacles avec Font, pourra t-on rétorquer. Possible. Pas sûr que ce soit en bien, d’ailleurs. Il n’y a rien de pire que ces anciens fumeurs, encore plus intolérants envers ceux qui le demeurent que ceux qui n’ont jamais touché à la cigarette ; rien de plus insupportable que ces alcooliques repentis qui veulent interdire le pinard à tout le monde ; rien de plus dangereux que ces anciens gauchistes, maoïstes ou trotskistes, devenus apôtres du néolibéralisme le plus échevelé.

Le départ de Guillon ne nous chagrine pas. En revanche ce qui nous peine, c’est que celui qui a été nommé directeur de France Inter, parce qu’il y avait quelqu’un qui lui avait dit, dirige aujourd’hui cette station de service public et y impose sa patte bobo. On reste à gauche sur le plan sociétal. Mais pour pouvoir demeurer europhiles et « Mainstream », on adopte la vulgate néolibérale[2. Exit, donc, Porte -sans jeu de mot. Quoique-, qui avoue un peu trop fort son admiration pour Mélenchon, et qui fait les frais avec Guillon, plus médiocre, du nettoyage de la matinale.]. Finalement, quitte à écouter ce caté-là, on préfére Jean-Marc Sylvestre ou même Jean-Michel Aphatie. Bien moins énervant que venant de l’ancien dirlo de Charlie.

14 commentaires

  1. Je tenais à vous dire que je vous ai lu avec plaisir car je suis heureuse de voir qu’il y a encore des personnes dans ce pays qui ont un sens du discernement.
    Car le problème n’est effectivement pas d’aimer Guillon ou pas (comme on peut désespérément le lire sur tous les blogs) mais une attaque totale à la démocratie et à la liberté d’expression, faite par ailleurs par des rigolos décomplexés qui ne se gênent pas pour faire l’inverse de ce qu’ils disent. L’exemple de Philippe Val en est une image impressionnante, tout comme ce cher gouvernement qui nous parle de crise et de « se serrer la ceinture » alors qu’ils s’arrosent de champagne dans des yachts et autres lieux délicieux…
    Ah vraiment, entre les anciens soixante-huitards et les anciens de Charlie, les nouveaux néolibéralistes n’ont pas finis de nous surprendre!

  2. « Le départ de Guillon ne nous chagrine pas. En revanche ce qui nous peine,… »

    Car tel est notre bon plaisir ? :-p

    C’est qui « nous » ?

  3. Tout à fait, c’est Dieu et moi. Enfin, j’espère bien que Dieu est d’accord avec moi sur ce coup là comme sur d’autres.

    😉

  4. Je pensais que c’était les plus hautes autorités politiques, intellectuelles et religieuses qui se succèdent dans ton bureau, c’est à dire, toi et ton chat sur les genoux car juin est frisquet. :-p

  5. Le départ de Guillon est triste mais ses admirateurs pourront le retrouver l’année prochaine chez le très subversif Ardisson sur C+.

    Pour moi, le vrai scandale est le licenciement de Porte qui est beaucoup plus politique. Je ne peux qu’apprécier le soutien de Bern qui est si souvent décrié par mes amis ultra-résistants de Gauche.

    En ce qui concerne Val, on avait pu voir la bassesse de ce triste personnage suite aux ennuis judiciaires de son Font.

    A ces gauchistes !

  6. Ce n’est pas le limogeage de Guillon qui pose problème, mais c’est le licenciement des deux « humoristes » Porte et Guillon et la suppression des quatre minutes de détente dans la matinale de France Inter, qui laisse aussi sur le carreau François Morel.

    Il n’y aura jamais assez de mots pour qualifier ces deux tristes individus que sont Val & Hees. Quelle impressionnante dérive monarchique !

  7. Merci, cher David, au nom de tous ceux, que je ne représente surtout pas, mais qui en avaient ras le bol de la chape de plomb qui s’est abattue sur une certaine façon de penser, pour cette mise au point dans laquelle je suis persuadé que nous sommes très nombreux à nous retrouver. Qui, nous ? Disons ceux que le départ de Guillon ne chagrine pas.

    Jamais, je n’ai senti, dans ce pays, une telle violence psychologique à l’encontre du « camp du mal », menaces verbales à l’appui, puisque tous ceux que vous citez incarnent celui du bien, Guillon en tête. Nous n’avions seulement pas le droit d’y toucher. Je ne retire rien des critiques que j’ai formulées contre lui mais constate que le système fixe à son tour des limites à ses propres limites. On est toujours mal à l’aise quand un espace de liberté se ferme pour des motifs qui n’ont rien à voir avec défense de la liberté. Révoltante, l’époque n’en demeure pas moins fort intéressante.

  8. oui,l »époque n »en demeure pas moins intéressante,,
    a ces français,,,,,,
    ces braves devrait bloquer le pays depuis longtemps,,,et oui
    qui les a ruiner,,les politiciens de tout bords,,,qui va payer leurs incompétences,,,les con-tribuables,,,hélas
    c »est la chienlit a tout les niveaux,,,jamais dans notre pays,nous avons vu cela,,,,,ouvertement,,sans gène,sans scrupule
    y a t »il un patron a l »élysée,,,sûrement pas,
    méfiez vous de vos amis,de vos copains,,,
    le petit dictateur veut imposer sa façons de voir,de faire et si cela continue,,,il va faire sauter le couvercle

  9. Vous l’évoquez rapidement mais j’aimerais insister sur le fait que le déballage Guillot-Val-Porte sur les antennes c’est exactement la même chose que le déballage de l’équipe de France. Dans les deux cas on devrait les faire taire. Et que sarkozy recoive aujourd’hui Henry est indécent. Demandez à être reçu vous aussi, David !

  10. Guillon est ravi, il remplit ses salles.
    Il n’avait cependant pas à être viré, nous vivons une époque certes intéressante, mais de plus en plus révérente envers tout ce qui a quelques miettes de pouvoir.

  11. Qu’on aime Guillon ou pas, n’a aucune importance. Il est juste impossible de continuer a écouter une radio qui vire ses cadres sous le regime de la censure. Bye bye Inter. Je viens d’annuler tous mes podcasts.
    D’un autre coté il est tout aussi impossible de zapper sur Europe1. Ca brouille les oreilles et perturbe l’entendement et vice-versa.
    Je sais pas, peut etre regarder une cassette de France – Mexique dès le reveil? C’est surement le moins douloureux que le grand vide de 7h54.

  12. Stéphane Guillon n’est-il pas un humoriste ? Il fait soi-disant rire le peuple au détriment des puissants. Mais son problème c’est qu’il n’est pas drôle, qu’il n’a aucune repartie et ne sait pas improviser. Guillon sans son texte, c’est rien ! On est loin de Coluche qui pouvait déblatérer devant un micro pendant des heures. En un mot, Guillon n’a pas d’esprit. Et il comble ça par la vulgarité et la dérision et ça dégénère souvent en méchanceté pure et gratuite. D’ailleurs, on devine bien qu’il est bâte et méchant sans se forcer… On ne rit pas avec Guillon, on grince des dents… C’est pas pareil ! C’est un comique de crise en quelque sorte. Quand tout va mal et que tout se déglingue, on préfère s’abstenir de rire, c’est sans doute trop inconvenant, alors on se répand en commérages… Donc Guillon ou le syndrome de notre époque.
    Ce qui lui arrive, se faire mettre à la porte d’une station de radio fait partie des risques de son métier. S’il a du talent, il reviendra par la fenêtre ! Mais le talent sur un texte écrit des heures à l’avance, ça sent la médiocrité à plein nez ! Alors exite Guillon et qu’on donne au peuple des comiques qui nous fassent enfin rire ! On en a besoin en ce moment !

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