Vous rappelez-vous de Jacques Tricatel ? Ce personnage du film de Claude Zidi, « L’aile ou la cuisse », Nicolas Sarkozy m’y fait furieusement penser. A l’heure où le Président de la République va inaugurer l’historial du Général de Gaulle (Appelé ainsi pour ne pas dire « musée », ce qui rappellerait trop bien comme on remise les idées gaullistes), il n’est pas inutile de se pencher sur la façon dont Monsieur Rupture appréhende véritablement le gaullisme.
Dans ce film, Jacques Tricatel rachetait discrètement des restaurants bien notés afin de fourguer sa nourriture inbouffable avec la caution d’étoiles préalablement données. Du mépris de la souveraineté nationale à l’alignement atlantiste, de la remise en cause de l’équilibre laïc aux propositions bientôt mises en place de la Commission Balladur, on entre effectivement dans la mauvaise cuisine. Jacques Chirac avait, reconnaissons-le, fait retourner quelques fois le Général de Gaulle dans sa tombe. Il semble tout de même que la position française sur le conflit irakien ait pu le remettre à l’endroit dans son cercueil. Avec Nicolas Sarkozy, les camarades de cimetière du Général doivent le surnommer » la toupie » à tel point les premiers mois du mandat sarkozyste s’avèrent fouler aux pieds tous les principes gaullistes.
Tout à l’heure, Monsieur Sarkozy va encore utiliser les talents d’Henri Guaino, comme pendant toute la campagne électorale, pour magnifier l’action du Général et expliquer combien les plats immondes qu’il nous sert depuis mai dernier se situent dans la droite ligne de la cuisine haut de gamme servie par les marmitons de Charles de Gaulle (sachant que ce dernier ne mettait plus la main à la pâte mais concevait et dirigeait, tout le contraire de la pratique actuelle des institutions). Comme à la fin heureuse de la comédie, talentueusement jouée par Louis de Funès et Coluche, il semble que cela commence à ne tromper plus grand monde. A la fin, en effet, c’est le public qui envoie Tricatel dans le décor.