« Sexe et politique », tel était, mardi 31 mai, le thème de Ce soir (ou jamais !), imposé par l’actualité. Au menu bien sûr, DSK, Georges Tron, Berlusconi et alii, et le harcèlement sexuel en général. Sur le plateau en revanche, Me Thierry Lévy (photo) s’est très vite imposé comme la star de la soirée, à coups d’envolées lyriques et de taser intellectuel.  

D’entrée, sa plaidoirie pour DSK donne le ton : « Ou il est fou, ou il est innocent ! Et s’il est fou, c’est encore plus beau ! » Au mieux, c’est du Dalí ! Au pire, c’est du délire, comme une correspondance entre Lacan et Foucault sur les “absences” d’Althusser. En tout cas, on n’aimerait pas être client de ce praticien-là.

Au moins Thierry Lévy n’est-il pas un vrai avocat : il croit à ce qu’il dit, aussi aberrant que cela puisse être par ailleurs. Pourtant, on a pu en douter un instant quand, ce soir-là, il s’est mis à hurler avec les loups contre l’infortuné Luc Ferry, ce présumé coupable du crime de dénonciation sous X.

« Ça me soulève le coeur ! », s’est exclamé le maître avec mouvements de manches coordonnés. Et dans l’affaire DSK, alors ? Que n’a-t-il trouvé les mêmes mots pour la victime éventuelle du présumé dingue !

Et pourquoi s’acharner ainsi sur Luc Ferry ? Sa sortie de route n’était assurément pas préméditée ! C’est un accidenté des médias, victime d’un “drame de l’imprudence”, comme disent les localiers de “la République du Nord-Sud”.

À force de vouloir s’exposer à tout prix, Luc s’est laissé embarquer dans une conversation trop cool pour être honnête, jusqu’à rapporter un fait déjà évoqué dans la presse, mais qu’il tenait, lui, des “plus hautes autorités”. OK, c’est pas bien de rapporter – mais il n’y a pas non plus de quoi vous “soulever le cœur”…

Cela dit, avec Thierry Lévy, mieux vaut ne s’étonner de rien : les surprises se suivent mais ne se ressemblent pas. Ainsi répond-il pertinemment, quelques instants plus tard, à la réalisatrice Cristina Comencini qui se plaint que « le désir [vienne] encore du fait que la femme est subalterne » : « Ce n’est pas la faute des hommes ! Qui écrit le magazine Elle ? »

DSK, Ferry, le féminisme : à travers ses prises de position souvent inattendues, et toujours tranchantes comme un couperet, se dessine comme le portrait d’un Robespierre avocat. Mais bon ! N’avons-nous pas assez de Mirabeau procureurs ?

 

Publié dans Valeurs Actuelles, le 9 juin 2011

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