« Zemmour vs. Boutin : il y a plusieurs demeures dans la maison de la Réaction… »

Ambiance rock and roll, l’autre vendredi, sur Paris Première : le couple Zemmour-Naulleau recevait Christine Boutin. En une demi-heure, on aura entendu là plus de propos décoiffants qu’en un an d’Yves Calvi ou un siècle de Grand Journal.

C’est Naulleau qui attaque, au sujet de la renonciation de Benoît XVI. Ce catho-là, athée, certes, mais      « baptisé à trois jours », se dit choqué par ce pape qui se croit autorisé à renoncer motu proprio à « la part de sacré attachée à sa fonction ».

Zemmour, un peu plus crédible dans le rôle de défenseur de la tradition, précise l’accusation : « Le pape est là par la volonté de Dieu, et c’est à Lui seul de mettre fin à sa charge ! » (en le rappelant à Lui). Alors, « qu’est-ce que c’est que ce type [sic] qui contrevient à la Loi divine pour convenances personnelles ? Un moderne ! »… Et dans sa bouche, on sent bien que ce n’est pas un compliment.

La bergère Boutin tente, en vain, de ramener au Bon Pasteur ces brebis égarées : « Le Saint-Père a pris sa décision en conscience, dans un dialogue intime avec Dieu qui s’appelle la prière… Vous devriez essayer de prier, tous les deux ! » (Sourires polis.)

Elle aura plus de chance avec Zemmour en évoquant « de gros problèmes à la curie ». Ravi qu’on parle enfin politique, il embraye aussitôt : « Il y a une vraie opposition entre la curie moderniste et Benoît XVI, qui veut revenir à la tradition. Le pape renonce avant d’être trop faible pour mener ce combat… »

Sur cette base, Christine et Éric ne vont pas tarder à se réconcilier… sur le dos de Naulleau. Il faut dire aussi que l’autre les a un peu cherchés, avec sa provoc sur le “mariage pour tous” : « Depuis le temps qu’on en débat, je n’ai pas entendu un seul argument valable contre cette loi ! »

« Mais le mariage, c’est la filiation ! s’indigne Boutin. Je l’avais déjà expliqué, il y a quinze ans : aujourd’hui le pacs, demain le mariage et l’adoption ! On y est… » Zemmour, lui, préfère donner dans la métaphore sportive : « Au foot on joue à 11, pas à 14, n’est-ce pas ? Eh bien là, c’est pareil : le mariage, c’est un homme et une femme, un point c’est tout ! ».

Sur le « changement de civilisation » annoncé par Mme Taubira, Christine appelle solennellement le président à en référer au peuple souverain — et Naulleau de s’étouffer : « Au nom de quoi un lobby confessionnel exigerait-il le retrait d’une loi déjà votée par l’Assemblée ? » « C’est pourtant bien un lobby homosexuel qui a imposé cette loi ! », rétorque Zemmour.

« Mais la famille moderne ne correspond plus à… », tente encore Éric N., interrompu par son collègue Éric Z., faussement exaspéré : « C’est quoi, “moderne”, à la fin ? Même Mme Boutin se prétend moderne, maintenant, quand il s’agit du pape ! Tout fout le camp ! »

Décidément, face à la modernitude, l’ironie fait plus que la sainte colère!

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