Guillaume Durand n’est pas content, et il ne se prive pas de le dire : « La direction de France Télévisions ne souhaite pas que je participe à la campagne électorale. » 

Mercredi dernier, donc, c’était la der des ders de son étonnante émission :Face aux Français… Conversations inédites. Pour l’occasion, l’animateur n’avait pas hésité à bousculer son propre concept. Au diable la traditionnelle confrontation entre deux personnalités qui n’ont rien à se dire ; place au débat entre “quatre stars du journalisme” qui pensent la même chose. 

Blague dans le coin, en découvrant les “stars” invitées, j’avais la main sur la zappette. Jean-Michel Aphatie, Jean-Marie Colombani, Christine Ockrent et Serge July, ça fait quand même beaucoup pour un seul téléspectateur !

Malgré tout le talent de Guillaume Durand, comment voulez-vous relancer le débat quand tout le monde est d’accord ? Or, rien n’a pu arrêter le robinet d’eau tiède, ni les révoltes arabes, ni le drame du Japon, ni la mort de Ben Laden, ni la chute de DSK.

Un moment drôle quand même : à propos d’affaires de mœurs, on a évidemment enchaîné sur la terrible “affaire Ferry” – et Luc fut condamné en des termes bien plus sévères que Dominique. Mais il est vrai que l’un des deux est présumé innocent.

Heureusement, parmi ses ébouriffements de l’année, Durand avait galamment sélectionné Marine Le Pen. Ça nous a valu quelques échanges à la Ionesco sur le thème “Le FN, ou comment s’en débarrasser”.

Très remonté, Colombani s’indigne du « processus totalement dynastique » de l’élection de Marine à la tête du FN. « Pas du tout ! » rétorque Ockrent : « Elle a gagné parce qu’elle avait du talent, et c’est bien le problème ! »

Autre étonnante passe d’armes, entre Aphatie et July cette fois. Le premier s’agace de la « multiplicité des candidatures à la présidentielle ». Cette cacophonie ne fausse-t-elle pas d’avance le vrai débat entre finalistes du second tour ? Mais qui, à part Aphatie et la Pythie, connaît leurs noms d’avance ?

En attendant, Jean-Michel a une idée : faire passer le nombre de parrainages « de 500 à 1 000 ou 2 000 »… Attention quand même, Jean-Mi ! Avec ton système, un de ces jours, il n’y aura plus qu’un candidat qui pourra se présenter. Est-ce l’idée que tu te fais de la démocratie ?

Face à cette aberration, la bonne surprise vient de Serge July, pour qui « il n’est pas normal qu’avec 15 % des voix, le FN ait zéro député […]. Quand des millions d’électeurs ne sont pas représentés à l’Assemblée nationale, ce n’est plus la démocratie, c’est un système fermé ».

Si je m’attendais à citer un jour l’ex-patron cofondateur de Libé ! À coup sûr, ça ne nous rajeunit pas, Serge et moi. Mais bon, si ça peut aider au progrès général de l’humanité…

Publié pour Valeurs Actuelles, le 23 juin 2011

 

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