Mardi, la semaine dernière, chez Taddeï, on parlait des « dissensions à l’UMP » au lendemain des cantonales. Un “vrai sujet”, à coup sûr, puisqu’il avait déjà fait la couverture de votre hebdo favori le 24 mars dernier (« La droite au bord de l’explosion », VA n° 3878). Accessoirement, ça ne s’est pas arrangé d’un tour à l’autre. Certes, le président a fini par siffler la fin de la récré ; mais certains l’accusent d’avoir été le premier à chahuter… 

C’est cette zizanie que déploraient l’autre soir, chacun à sa façon, le journaliste Robert Ménard et le magistrat Philippe Bilger. Deux personnages aussi dissemblables que possible (la provoc sonore et la litote chuintante) qui n’ont qu’un point commun, mais pas banal : non contents de penser ce qu’ils disent, ils ont pensé avant de le dire.

Pas étonnant, dans ces conditions, que leurs analyses se rejoignent. Au lieu de jouer à se refiler le mistigri, estiment nos deux compères, les divers clans de l’UMP (et même le PS, s’il existe encore) feraient mieux de tirer les leçons de ce scrutin – sous peine de le payer cher l’an prochain.

Mais quelles leçons, donc, tirer d’un taux d’abstention record associé à une montée du Front national ? Eh bien, c’est relativement simple : un désaveu massif de la classe politique actuelle et, se profilant derrière, une sorte d’exaspération venue de loin et qui pourrait aller loin, si l’on n’y prend garde.

Dommage qu’en face, leurs contradictrices d’un soir aient choisi de se réfugier dans l’ordinaire incantation antifasciste. L’avocate Gisèle Halimi et l’écrivain(e) Joy Sorman sont de gauche, certes, mais attention : chacune à sa façon. Pour Mme Halimi, à qui on ne la conte pas, le récent changement à la tête du FN est purement cosmétique : « racisme, exclusion, peur de l’immigré », le bon vieux fond est toujours là ! nous assure-t-elle, à défaut de nous rassurer. Joy Sorman est plus inquiète encore. « Anticapitalisme, défense de l’État et de la République » : à l’en croire, le discours frontiste s’est sournoisement modernisé pour mieux ratisser à gauche… Regretterait-elle déjà Jean-Marie ?

En tout cas, Joy et Gisèle se retrouvent sur l’essentiel : dénoncer l’abandon unilatéral par l’UMP de ce “front républicain” qui, paraît-il, nous a fait tant de bien.

Pour notre part, s’il s’agit vraiment de s’en prendre à l’UMP, on serait plutôt enclin à le faire avec Philippe Bilger, qui nous livre un fameux réquisitoire contre les “débats”, un peu trop en vogue ces derniers mois : « J’aime le débat au Parlement et à la cour d’assises. […] Mais les politiques en charge du réel, eux, n’ont pas à faire le débat pour le débat. Si Philippe Muray voyait ça, il s’en amuserait beaucoup ! »

À coup sûr Muray s’amuse plus que nous, dont l’avenir dépend d’une classe politique en délicatesse avec le réel.

 

Publié pour Valeurs Actuelles, le 7/04/2011

 

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