Je vous l’avais bien dit, et récemment en plus : il se passe toujours un truc intéressant dans On n’est pas couché.

L’autre samedi (France 2, 16 octobre, 22 h 55), ça a même duré trois quarts d’heure. Invité “vedette” ce soir-là, un journaliste dont la plupart des téléspectateurs de l’émission ignoraient jusqu’au nom. Et pourtant, Edwy Plenel, patron du site Mediapart, est l’homme qui, dit-on, fait trembler depuis six mois la République (à moins que ce ne soit le gouvernement) avec son affaire à tiroirs Bettencourt-Banier-de Maistre-Woerth et alii.

Le bonhomme, lui-même objet d’écoutes mitterrandiennes quand il dirigeait la rédaction du Monde, s’est livré à une pratique aussi douteuse légalement, mais infiniment plus légitime à ses yeux : rendre publiques des conversations “compromettantes” enregistrées en catimini par un majordome indélicat.

Quoi qu’on pense de “l’affaire”, un client comme ça, c’est nettement moins glamour que Miss France ou même BHL. Bien sûr, sur le plateau, il y avait aussi de la fantaisie : entre autres Raphaël, chanteur mal engagé, et Thomas Ngijol, humoriste plutôt drôle…

N’empêche ! Celui qui a “fait le show”, c’est l’inspecteur Plenel avec son enquête sauvage. La force de cette sorte de Columbo robespierriste, c’est son évidente sincérité. Un incorruptible, vous dis-je, du genre qui n’hésiterait pas à se condamner à mort s’il découvrait sur lui-même des documents suspects.

Eh bien, ça finit par le rendre sympathique ! Il faut voir Edwy défendre pied à pied son entreprise, de la fin aux moyens en passant par les arrière pensées : « C’est une affaire d’État, explique-t-il en substance, et nous n’avons rendu public que ce qui concernait l’intérêt public. » « Il a besoin de religion, commente ironiquement Éric Zemmour. Avant, c’était le trotskisme, aujourd’hui, c’est le journalisme ! »

Au-delà de la formule, il s’agit bien entre ces deux journalistes politiques d’une différence de tempéraments. À ma droite, un pessimiste souriant ; à ma gauche, un agitateur habité. Entre eux, tout dialogue est impossible, comme le montrent leurs échanges :

– Edwy : « J’ai calculé : madame Bettencourt gagne 550 euros par minute ! »

– Éric : « Mais cette famille a construit un empire…»

– Edwy : « L’oligarchie confisque la République ! »

– Éric : «Mais c’était déjà comme ça sous la IIIe…»

Considérant qu’il n’y en a guère eu d’autres viables (des Républiques), tout ça va loin ! Trop peut-être dans le cadre de cette modeste chronique télévisuelle. Alors, pour calmer le jeu, concluons sur une blague balancée par le susnommé Thomas Ngijol, décidément décoincé : « Les Roms ? Ils revendiquent d’être un peuple de nomades, et quand on leur dit de bouger, ils veulent pas ! » Cela dit, vous voyez bien qu’on n’est pas égaux devant la loi : sous prétexte qu’il n’est pas lui-même “issu de la diversité”, Hortefeux a été condamné pour moins que ça.

Publié dans Valeurs Actuelles, le 28 Octobre 2010.

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