Pour l’iconoclaste Olivier Berruyer, les valeurs démocratiques comme la défense  de la paix auraient dû dissuader l’Europe de soutenir aveuglément les putschistes  de Kiev…

Je ne suis pas un spectateur assidu de BFM Business, et pour cause : je n’entends rien à l’économie. L’autre lundi, j’ai fait une exception pour l’émission Les Experts animée par Nicolas Doze ; comme le signalait une brève de mon ami Marc Cohen sur Causeur.fr, elle était consacrée ce jour-là à la situation en Ukraine, et pas seulement sur le plan économique.

Bonne pioche ! Chez ces experts-là, en moins d’une demi-heure, le sujet était abordé d’une façon plus éclairante qu’en trois numéros de ces « petits toc-shows entre amis » genre C dans l’air, où l’on vous assène à longueur d’antenne truismes, pétitions de principe et discours moralisateurs.

Surtout, j’ai découvert à cette occasion l’économiste Olivier Berruyer.  Avec sa verve argumentée et polémique, l’homme n’y vas pas par  quatre chemins : « J’ai été stupéfait de voir les démocraties occidentales soutenir le coup d’État de Kiev, puis reconnaître comme légitime un gouvernement autoproclamé, constitué pour un tiers de membres de Svoboda, un parti non pas d’extrême droite, mais néo-nazi. »

Le président du parti en question, Oleg Tyahnybok, a même fait récemment son entrée dans le Top 10 des antisémites mondiaux établi par le Centre Simon-Wiesenthal, pour l’ensemble de son œuvre et notamment sa déclaration remarquée sur l’urgence de « purger l’Ukraine de 400 000 juifs ».

Pour plus amples informations sur cet intéressant personnage, on se reportera utilement au blog de Berruyer, les-crises.fr, où l’on peut voir notamment l’ami Oleg, à la tribune d’un meeting, faire un salut nazi même pas inversé. Mais bien sûr le méchant facho, celui qui menace la paix et la démocratie en Europe, c’est Poutine.

Accessoirement, notre économiste blogueur comprend mal l’acharnement de Bruxelles à vouloir conclure des accords d’association et de libre-échange avec l’Ukraine : « Le salaire minimum en Ukraine est inférieur de 30 % à celui des Chinois. Avant de faire du libre-échange dans ces conditions-là, il conviendrait de consulter non seulement les Ukrainiens, mais aussi les Européens ! » Surtout que nos bureaucrates bruxellois ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : « Ils négocient aussi avec la Géorgie… Et pourquoi pas l’Afghanistan d’ici cinq ans ? »

Trêve de plaisanteries ! Il serait temps, conclut Olivier Berruyer, que l’Europe s’organise et affirme son indépendance, notamment vis-à-vis des Etats-Unis, pour retrouver son rôle d’équilibre et de modération sur son continent, comme le réclame entre autres l’excellent Hubert Védrine.

L’Ukraine, pays le plus vaste d’Europe et comptant cinquante millions d’habitants, est écartelée entre un Ouest pro-occidental et un Est russophile. Personne ne semble souhaiter la partition, mais si on continue de souffler sur les braises, prophétise notre Cassandre, les conditions seront bientôt réunies pour en faire une nouvelle Yougoslavie. « Avons-nous décidé de fêter le centenaire de 1914 en foutant à nouveau le feu en Europe ? » s’interroge-t-il en conclusion. Bonne question ! Prions pour que la réponse soit à la hauteur…

 

(Article publié sur Valeurs Actuelles)

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