Jean-Luc Mélenchon n’a pas le droit de vouloir rendre la France aux Français.

A la fin du débat de l’autre jour, sur TF1, le président du mouvement « la France insoumise » qui, soit dit en passant, s’est montré globalement plus convaincant, plus pédagogue et plus crédible que les autres candidats (ce qui a amené certains commentateurs à considérer qu’il avait « gagné le débat », voir mon post au sujet de cette expression), s’est exprimé ainsi :

 

Ce lundi matin sur France Info, Jean-Michel Aphatie et ses acolytes recevaient Raquel Garrido, la porte-parole de Mélenchon.


Crise en Guyane : Raquel Garrido dénonce l… par franceinfo

D’emblée, elle m’a plu quand, à la question « croyez-vous au cabinet noir? », elle a répondu, « je n’en sais rien, je suis comme tout le monde, je suis comme vous ».

Vous n’en savez rien, dit-elle.

C’est absolument vrai. Pourtant Aphatie et tous ses confrères aimeraient se persuader, et nous persuader, qu’il n’y a pas de cabinet noir. Sans même vérifier. Et là réside le problème : ils ne veulent pas prendre le risque de vérifier parce qu’ils ne veulent pas avoir à constater, le cas échéant, que ce cabinet noir existe. Vérifier signifierait envisager la possibilité qu’il y ait un cabinet noir de l’Élysée. Par suite, cela impliquerait également de s’interroger sur l’instrumentalisation de la presse dans l’utilisation des « affaires » par le pouvoir.

Raquel Garrido me plaît encore, à 12:20, lorsqu’elle dénonce l’opacité méthodologique des sondages, sous le regard dubitatif d’un Aphatie qui donne l’impression de ne s’être jamais interrogé sur la question, pas plus que sur l’existence d’un cabinet noir.

Mais le meilleur moment de l’émission est celui-ci (à partir de 13:33) :

JM Aphatie: « Rendre la France aux Français », ça nous a un peu écorché l’oreille, pour tout vous dire. On croyait que ce slogan était à un autre parti.

R Garrido: Eh bien, il faut pas. Parce que cela renvoie à la notion de souveraineté. Vous avez une extrême droite, en France et en Europe, qui conçoit la souveraineté comme une notion de frontière interétatique, et qui l’accompagne d’une vision de société qui serait des nations ethniques, voilà. Nous, au contraire, nous sommes fidèles à l’idée d’une nation civique.

JM Aphatie: Excusez-moi, rendre la France aux Français, ça veut dire que les Français ne sont plus maîtres chez eux, donc c’est la même expression que Marine Le Pen.

Je pourrais poursuivre la transcription mais je trouve cet extrait particulièrement symptomatique du fonctionnement de l’esprit d’un grand nombre de journalistes.

1. Ils réagissent à des mots, à des formules: certains mots deviennent nauséabonds parce qu’ils ont transité par la bouche d’individus nauséabonds, c’est aussi simple que cela.

2. Ils se fichent royalement des explications et des subtilités. Aphatie n’a que faire de la réponse de Raquel Garrido. Il se doute bien que Mélenchon n’entend pas cette expression dans le même sens que Marine Le Pen mais ce qui importe, pour lui, c’est « vous avez dit les mêmes mots que Le Pen ».

En fait, « La France aux Français » est une lapalissade. On ne va pas souhaiter donner la France aux Anglais. Cette formule puise donc sa puissance de provocation, non dans son contenu immédiat, mais dans ses présupposés, qui peuvent varier d’un énonciateur à l’autre, l’idée de base étant : les Français sont en train d’être dépossédés de leur pays, il faut donc leur rendre le pouvoir.

Évidemment, Jean-Luc Mélenchon fait exprès de reprendre l’expression frontiste, ce n’est pas un « dérapage », comme semble l’insinuer Aphatie. Il veut montrer qu’il n’ignore pas ce sentiment de dépossession. Mais alors que le FN met en évidence un conflit culturel, voire ethnique, Mélenchon porte l’affrontement sur le terrain économique et politique. Le Pen impute ce sentiment de dépossession à l’immigration, quand Mélenchon cible une « oligarchie » de possédants tyranniques. Bien entendu, ce slogan repose sur une distinction implicite entre les vrais et les faux Français. Aphatie joue les idiots en demandant si l’oligarchie ainsi visée est française. C’est exactement comme lorsque les commentateurs objectent aux représentants du FN que les immigrés sont, pour beaucoup, de nationalité française. Ce que dit « la France aux Français », c’est que tout en étant administrativement français, on peut être au service d’une cause contraire aux intérêts de la nation.

On appréciera la condescendance avec laquelle Aphatie traite le projet de VIème République porté par Jean-Luc Mélenchon, encore une fois en feignant de ne pas comprendre ce que dit la porte-parole de celui-ci. Elle exprime l’idée que, selon la grille d’analyse de Mélenchon, si Marine Le Pen prenait le pouvoir, la France ne serait pas rendue au Français puisque la démocratie demeurerait restreinte par le pouvoir d’un président monarque. Cette réponse est pleinement en prise avec la question d’Aphatie puisqu’elle présente le slogan frontiste comme mensonger dans la bouche de Marine Le Pen. Encore une fois, Garrido rencontre une réaction, il faut bien le dire, médiocre :

Enfin la VIème République, ça ne peut pas tout résumer.

Elle n’a jamais dit que cela résumait tout, elle estime juste que cela répond à la question qui lui a été posée. Donc, réplique bête… qui vire au mépris quand Aphatie se moque de ce projet politique en sous-entendant qu’il est totalement irréalisable, sinon contraire à la marche du temps (voir déjà les sourires et le « ouiouioui » sceptique à 15:32) :

On en reparlera dans vingt ans, j’espère que je serai là encore.

Le propre du futur est qu’il n’est pas écrit. Qui peut dire ce que sera la France dans vingt ans ? Aphatie, apparemment. Il se projette dans une sorte de présent permanent et semble croire que, la France étant arrivée au bout de son histoire, la cinquième République sera son dernier régime, voué à tenir pour les siècles à venir. Si l’on comprend que cette vision des choses empêche d’écouter avec sérieux une femme politique qui plaide pour un changement de république, on comprend encore mieux, dès lors, pourquoi les représentants de la cause royaliste en France sont totalement ignorés par les médias…

Le moment où les journalistes de France Info essaient de faire dire à Raquel Garrido que l’oligarchie serait « apatride » est pitoyable. Elle commence par répondre que oui, parce qu’elle ne voit manifestement pas l’intérêt de la question, puis elle se ravise, sentant le piège. S’ils lui avaient suggéré « hors-sol », elle aurait validé ; c’est moins connoté et c’est à la mode. Mais ils proposent « apatrides ». Il s’agit, à l’évidence, d’en appeler à la veine anti-juive d’un communisme à l’ancienne traquant les juifs apatrides pleins aux as. Les journalistes vivent vraiment dans le passé ! Quand elle comprend les motivations de cette avalanche de questions ridicules (le but est de la pousser au dérapage), Raquel Garrido traite ses interlocuteurs avec une moquerie bienvenue :

Voyez-le au sens de 99% / 1% […]. Rendons la France aux 99% des Français, si vous voulez. Vous préférez comme ça ? Ça vous rassure? Parce que c’était quoi votre crainte, dans le fond ? C’est qu’on soit devenus du jour au lendemain des racistes, c’est ça ?

Bien sûr que non, Aphatie ne croit pas que Mélenchon soit devenu raciste. Comme beaucoup de journalistes, il adopte la posture de l’interrogateur tatillon, donne l’impression de pousser les gens dans leurs retranchements mais ne fait qu’essayer de les amener à la faute en leur faisant prononcer des mots interdits, fût-ce contre leur propre pensée. On peut donc estimer que le tiers de l’interview n’a aucun intérêt, et c’est bien ainsi que Raquel Garrido semble vivre cette séquence.

Mais en réalité, cet échange a un intérêt du point de vue de la mission de moralisation du discours public qui est celle de tout « bon » journaliste. Il offre à Aphatie l’occasion de rappeler la règle en vertu de laquelle certains mots sont interdits, quel que soit le sens qu’on leur donne. Il y a des mots qui puent.

28 commentaires

  1. Bonjour,

    j’ai découvert votre blog, votre style et ce que vous apportez (à l’ensemble de ce que je peux lire, le schimilibilick) seulement récemment.

    Je n’ai pas trop saisi votre orientation politique (suis-je naïf, je lis ça est là que causeur serait « de droite ») ni le fond de vos orientations politiques, mais c’est peut-être aussi cela que j’apprécie, car pour une fois, je peux lire et être d’accord sans me poser la question d’un agrément politique ou idéologique – tout autant que je puis accepter d’être d’accord avec les propos de telle ou telle personne, quelque soit ses idées du moment où elles me semble argumentées, pertinentes, justes et modérées, en écho à ma subjectivité en dernier recours ;-). Je me plais à croire que votre démarche est moins idéologique que raisonnée, qu’un souci de faire bien et bien faire.. comprendre.

    Une écriture moderne, juste et propre. Je dois dire que je cherche les fautes: incroyab’ – comme dirait un ancien président – il ne semble pas y en avoir, quel souci et quel travail! Le lecteur que je suis vous en remercie.

    Des analyses sur la forme (ouiiii enfin quelqu’un qui connait la langue et son utilisation – je remercie aussi les correcteurs de lemonde.fr, au passage) et les idées, le lien entre les deux, la sémantique et les intentions.

    Des propos qui me font sourire, lever le sourcil et me satisfont, tant ils sont justes et en marge de ce que propose une vaste majorité de contenus sur Internet, bridée par les idées véhiculées, la volonté d’obfuscation ou de distraction-spectacle, et bien souvent la pauvreté intellectuelle et langagière de ceux qui les rédigent.

    Votre billet sur Aphatie vs Raquel Garrido, comme les précédents, met des mots sur des impressions que j’avais acquises, des mots tellement justes. Merci pour votre décryptage.

    M. Aphatie m’a longtemps paru amusant, sympathique et pertinent, jusqu’à ce que je le trouve obtus, insidueux, manipulateur et orienté, apparemment conforté par son propre égo et son talent d’orateur qui ont su l’installer à un poste qui renforce son sentiment d’être la norme ou un chevalier de justice et droit moral, ce qui en terme de débat sur le fond avec ses in

    • obfuscation ?
      Aïe.

      insidueux ?
      Aïe aïe.

      C’est vrai qu’elle est belle notre langue.
      Soyons, restons humbles à son égard.

  2. Apathie me sort par les yeux, il est de la même veine que tous ces pseudo-journalistes qui roulent toujours pour le même : Macron en long, en large et en travers. On veux nous faire manger du Macron de force comme une mauvaise bouillie. Mais ils ne réfléchissent pas que ce même stratagème a été mis en place en 2005 pour « forcer » les Français à voter oui au référendum sur la constitution européenne, tout le monde s’y est mis : politiques, médias ! une véritable charge. Résultat : les Français ont voté NON à (je crois) 56% ! Ils risquent d’obtenir le même résultat. J’ai un instinct qui me dit que Macron va se « balladuriser » et se transformer en baudruche.

  3. Vouloir à toute force une sixième République comme Mélenchon n’est pas une panacée. Les systèmes ne valent que par la qualité des hommes qui les incarnent et si une sixième République est assurée par des nains, elle pourrait même être pire que la cinquième.

  4. Encore une analyse très pertinente. L’ego surdimensionné du Grand Inquisiteur Aphatie a encore frappé. Le Front de Gauche est très loin d’être le parti le plus malmené par les médias (il suffit de visionner cinq minutes de ONPC avec Philippot puis avec Mélenchon !), mais il existe des moyens plus intelligents de confronter les fumistes…

  5. Il est sous-entendu dans cet article que vouloir préserver l’identité culturelle, religieuse, raciale de la France, c’est mal.
    Pourquoi?

  6. que dire alors du nain borgne qui officie sur France 2 ?
    derniers exploits en date :
    après avoir tenté de faire passer Marine Le Pen pour pro nazie, il a carrément essayé de faire passer Asselineau pour un demeuré.

    Echec les deux fois.

  7. laissons aux Français ce qui leur appartient et qui n’est nullement propriété de führer de vivre…. fussent-ils politicards de haute ou basse volée… Il est vrai que tant que les Français préfèrent déléguer au lieu de s’assumer….

    http://wp.me/p4Im0Q-1Cl

  8. merci une fois de plus, Madame pour la qualité de votre analyse. Vous détricotez la pauvre rhétorique de M Apatie qui se prend pour Socrate et que vous ramenez à son vrai personnage de Trissotin face à une femme savante.

  9. La France aux Français. « Le Pen impute ce sentiment de dépossession à l’immigration, quand Mélenchon cible une « oligarchie » de possédants tyranniques ». Pour moi, les deux ont raison et ce n’est pas incompatible.
    Aphatie – apathie ? – n’a rien dans la tronche et rebondit comme le ferait n’importe quel gogo sur le premier mot venu. Cela m’inquiète de l’intégrité et surtout du niveau intellectuel des rapporteurs, chroniqueurs et autres journaleux… qui me font penser à ces chiens à qui ont a appris à donner la papatte contre récompense. Comprenne qui pourra (ou voudra)

  10. Je suis allé au marché ouvert de Saint-Ouen un dimanche, invité par une de mes cousines. Il n’y avait qu’elle et ma femme qui n’étaient pas voilées. J’avais l’impression d’être quelque part entre Sidi-Bel-Abbes et Bamako !

  11. Je vous trouve injuste. Descendre ainsi un pauvre pion envoyé au front (à l’insu de son plein gré, va savoir…), relève de la pichenette plutôt que de la lutte des idées et convictions. Ceci étant, quand on cherche , on trouve.
    Avec toute mon admiration.

  12. Dans la famille “mots qui puent”, le grand Pujadas a bien essayé de faire sortir de la bouche de Marine Le Pen l’abominable “charter”, quasiment synonyme de train de la mort. Manque de bol, elle n’a pas mordu à l’hameçon, le laissant répéter une demi douzaine de fois “charters”, avant de se payer le luxe de le laisser conclure pour lui-même et à demi-voix : “donc, des charters”.

    Il était en mission Pujadas, il était habité, et au final il aura été le seul à prononcer ce mot honni…

  13. Comment pouvez-vous prendre la défense d’un Mélenchon qui déteste la profession de journaliste ?
    Ecouter la dernière réplique: « jette moi ça ! » Réécoutez d’autres dialogues avec des journalistes et cela devient indéfendable.
    De plus, cette profession, comme Ruquier et sa bande, votent pour lui et le revendique.
    Il utilise cette expression et la déforme, uniquement pour récupérer des votes fn.
    Cette méchanceté est plus grave qu’un « casse toi pauv’con » en réaction.
    Un électeur plouk qui vote vert ou blanc ou pas.

  14. Comme d’habitude : bravo à vous.
    Je ne partage pas forcément les convictions de Mélenchon, et je pense que vous non plus (mais ce n’est que mon intuition). Et en réalité, ça n’a aucune importance, parce que votre propos n’est pas là, et que vous faites oeuvre de salubrité publique en poursuivant inlassablement votre travail de mise en lumière des dérives, faiblesses, manquements journalistiques.
    Bravo et merci pour cela. C’est vraiment un plaisir de lire des analyses rigoureuses sur ce sujet.

  15. Pour cette fois (c’est assez rare pour être souligné), je ne vous suis pas sur ce terrain-là !

    Quand Mélenchon dit « la France aux Français », il dit bien exactement la MÊME CHOSE que le Pen !

    Il sépare (oppose) les BONS Français et les MAUVAIS Français !

    Les mauvais Français étant comme vous le dites vous-mêmes ceux qui sont « administrativement français » (le Pen dirait « Français de papiers ») mais qui « défendent une autre cause que celle de la France » !

    Mais au fait : QUI a décidé quelle est « LA cause de la France » ? Qui a décidé que le Libéralisme par exemple n’est PAS la cause de la France ? Que la propriété privée n’est PAS la cause de la France ?

    Bref, Mélenchon comme M. le Pen désigne (stigmatise) les « mauvais Français ».

    Je ne l’accepte pas plus de l’un que de l’autre.

    Pas plus sur des critères ethniques (racistes) que sur des critères idéologiques.

    • Il faudrait apprendre à parler français. Ethnique se dit des caractères propres au comportement culturel d’un groupe de population (cf Larousse).
      Raciste signifie qui hiérarchise les « races ».
      En conséquence, Le Pen fait appel à des questions ethniques et non à des concepts racistes puisque son combat est contre certaines dérives cultuelles et culturelles exogènes.
      Mais vous êtes excusable, compte tenu du matraquage sémantique et des approximations des « journalistes ».

  16. Par contre, affirmer :
    « Aphatie et tous ses confrères aimeraient se persuader, et nous persuader, qu’il n’y a pas de cabinet noir. Sans même vérifier »
    C’est exactement la rhétorique d’Apathie que l’on pourrait aisément vous retourner :.
    « Unetelle et ses confrères aimeraient se persuader, et nous persuader, qu’il y a un cabinet noir. Sans même vérifier »
    Cela marche dans les deux sens.

  17.  
    Tiens, que dirait ce monsieur Aphatie de la fameuse déclaration de James Monroe : « l’Amérique aux Américains » ? Nausébonde, elle aussi ? (stade linguistico-anal).
     

  18. Hors sujet mais délicieux, ce matin dans une « newsletter » du monde, après l’interdiction des voitures : voie sur berges, pollution diminuée, augmentée ailleurs.
    Comme les voies sur berge sont donc désertes, sauf rares promeneurs, le bon titre aurait dû être : la suppression des voitures sur les voies sur berge augmente la pollution dans Paris.
    Mieux, selon l’orientation politique : effet désastreux de la suppression de la circulation automobile sur les berges, augmentation généralisée de la pollution parisienne …
    Par exemple.

  19. Merci pour vos articles toujours stimulants, juste une petite remarque par rapport à Monseigneur Lalanne dans votre article précédent (je dois être un peu trop lent pour notre monde actuel).
    J’ai écouté par hasard sur RCF la discussion où il a sorti sa fameuse phrase, et lorsqu’il parlait je comprenais ce qu’il voulait dire, mais j’ai crié dans ma voiture : tais toi ! tu t’enfonces !
    (rappelons que pour Mgr Lalanne, la pédophilie n’est pas nécessairement un péché…)
    Tout d’abord pour comprendre ce qu’il a voulu dire il faut repartir de la définition du péché.
     » Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré  » Le Catéchisme de l’Eglise Catholique paragraphe 1857.
    Autrement dit tout acte mauvais n’est pas nécessairement un péché.
    Par exemple si mon véhicule a une défaillance mécanique et qu’il heurte un autre véhicule et que je provoque ainsi la mort de quelqu’un. Il s’agit bien d’un acte mauvais mais ce n’est pas un péché puisqu’il faut remplir trois conditions : matière grave oui en l’occurrence il y a mort, avoir pleine conscience, oui car j’ai pleine conscience que mon véhicule échappe à mon contrôle et de propos délibéré là sans ambigüité non puisque ma volonté n’a eu aucune part à cet évènement.
    Revenons à ce qu’a voulu dire monseigneur Lalanne l’acte pédophile est-il un péché ?
    La matière grave oui sans aucun doute, et c’est là où le problème se corse est-il commis en pleine conscience ? Si on écoute les psychanalystes les cas sont pathologiques et l’exercice de la raison est altéré, ils décrivent même des dédoublements de la personnalité. Donc d’un point de vue de la casuistique la pédophilie relève plus de la maladie (comme certaines formes d’alcoolisme) que du péché.
    Les propos de Monseigneur Lalanne ont été maladroits, mais ils ont le mérite de refléter une prise de conscience de la hiérarchie de l’Eglise dans le traitement des pédophiles.
    La politique de l’Eglise par rapport aux péchés de ses clercs a été souvent de sanctionner en interne et de déplacer l’intéressé. Exemple type du prêtre qui tombe amoureux d’une paroissienne, on le sanctionne sans publicité et on le mute loin de la belle et s’il y a eu scandale on le change carrément de région voire de pays. Ce modèle a été appliqué aux prêtres ayant commis des actes pédophiles. Or ce que la hiérarchie commence à comprendre c’est qu’il s’agit d’une maladie psychique et l’éloignement n’y changera rien, ils n’ont pas d’attirance pour des individus mais pour des enfants d’un certain âge.
    Il est évident que les propos de Monseigneur Lalanne ont été d’autant plus maladroits que la morale en matière de sexualité est exigeante dans l’Eglise. Espérons que la prise de conscience dans l’Eglise catholique suivra son court, que des mesures soient prises pour amener devant la justice les criminels et qu’un suivi thérapeutique efficace soit mis en place pour ceux pour qui des alertes sont perçues sans passage à l’acte.

    • Voici des remarques très claires sur la vraie nature du pėché, …sauf qu’elles sont inaudibles par 99% de la population qui assimile simplement péché à faute, dans son ignorance ordinaire.
      Donc , Lalanne, quand il cause devrait penser à ceux qui risquent de l’écouter sans l’entendre et utiliser le vocabulaire adéquat et non celui du spécialiste.

    • Merci Renaud pour cette mise au point. La similitude entre la pédophilie et l’alcoolisme pathologique ne me paraît pas exonérer de responsabilité les coupables. Un alcoolique décidé à ne plus boire fait tout pour ne pas s’approcher d’une bouteille. Ces prêtres malades (si on accepte de les considérer ainsi) devraient, de leur propre initiative, s’éloigner des enfants. Cela s’appelle, tout simplement, éviter les tentations.

  20. Vous pourrez rajouter que
    – le Brésil aux brésiliens
    – l’Algérie aux algériens
    – etc
    Ça ne pose aucun souci.
    Alors d’où vient le soucis du la France aux Français ?
    Qu’il énonce le non dit des politiques depuis 40 ans ?
    Ou celui de la volonté qu’on veut imposer ?
    Quoi d’autre sinon ?

    • Vous pointez exactement le problème quand vous dites l’Algérie aux Algériens, Glok. Le motif invoqué pour justifier toute décolonisation est précisément la reconnaissance de l’identité des peuples.

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