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C’était Martin Weill il y a deux ans. C’était Guillaume Meurice cette année. Mais aucun journaliste. A croire qu’il n’y a plus que les comiques qui se rendent à la Marche pour la Vie. Et ce n’est jamais pour se moquer des Femen, qui y font régulièrement leur petit happening.

Les journalistes avaient l’excuse de la météo, exécrable ce jour-là. Ce qui me laisse penser, d’ailleurs, que l’évacuation musclée des Femen était inutile. Torse nu par 7°C, sous la pluie et le vent, elles n’auraient pas tenu bien longtemps de toute façon.

Mais sous la même météo se déroulait le même jour dans la même ville une manifestation féministe contre Trump. « Quelques centaines » de personnes y participaient (« une centaine » seulement selon le Monde !), contre « quelques milliers » à la Marche pour la Vie. Les chiffres définitifs sont de 7000 à la marche anti-Trump (Le Parisien, l’article a été modifié et titrait initialement sur « plus de 2000 ») et 8500 (préfecture) à la Marche pour la Vie. Allez, mettons qu’il y avait à peu près autant de gens : la couverture médiatique des deux événements n’en est pas moins fort différente, avec des reportages et des interviews à la marche anti-Trump, quand la Marche pour la Vie était réduite à une brève dans le bandeau défilant en bas de l’écran. Si l’on tient compte du fait que « moins de 5% des manifestations bénéficient d’un traitement médiatique au-delà de la presse locale » (Rémy Rieffel, Que sont les médias ?, Gallimard, 2005, p. 296), ce genre de choix éditorial que ne justifie aucun chiffre est parlant. Il signifie que pour bien des journalistes, l’allusion vaut soutien et qu’il faut donc la faire aussi discrète que possible quand cela s’impose.

Pourtant, à la Marche pour la Vie, il n’y a pas que les numéros dégotés par Guillaume Meurice qui sont marrants. Il y a parfois les journalistes eux-mêmes. Ils se pointent à la Marche pour la Vie comme ils iraient au zoo, pour voir des énergumènes qui, « en 2018, sont encore contre l’IVG » (rendez-vous compte, ma brave dame) et parfois, ils essaient de ramener ces fous furieux à la raison avec des arguments imparables. Je me souviens de Martin Weill (du « Petit Journal » version Yann Barthès), expliquant à des militants du groupe « les Survivants » que l’embryon n’est « pas un être vivant ». La variante un tout petit peu plus subtile, qu’on entend aussi, est de dire que ce n’est pas un être humain. On a l’impression que, pour les journalistes, si l’embryon était un être vivant, ou pire, un être humain, il faudrait interdire l’IVG. Les journalistes sont donc des individus extrêmement rétrogrades.

En effet, évidemment, tuer un être vivant n’est un problème pour personne, ou seulement pour quelques écolos radicaux : les militants anti-IVG ne sont pas opposés à la cueillette du muguet ni à la dégustation des moules, activités qui consistent à tuer des êtres vivants. Et pour le point numéro 2 (être humain), embryon ne désigne pas la nature d’un être mais son stade de développement, comme « adulte » par exemple. Personne n’irait dire : « mais non, ce n’est pas un être humain, c’est un adulte ». Comme l’a fort bien rappelé le Professeur Israël Nisand, fervent militant pro-IVG : « dès la première cellule, c’est un être humain, ce n’est pas un castor ». Si l’avortement a pu être autorisé, c’est pour l’unique raison que juridiquement,

cet être vivant humain n’est pas une « personne ». Et c’est tout.

Le fameux droit des femmes à disposer de leur corps n’a jamais signifié que l’embryon faisait partie du corps de la femme. Il signifie que dans l’espace intime qu’est l’intérieur du corps de la femme, elle seule est habilitée à décider quels organismes ont le droit de vivre. Je tue les virus, les mauvaises bactéries, et les humains dont je ne veux pas (ou dont finalement je ne veux plus). C’est moi qui décide. Et le vrai scandale, c’est qu’aujourd’hui en France (en 2018 !), à 12 semaines de grossesse, une femme perd le droit de disposer de son corps.

[L’autre scandale, c’est qu’en France, aujourd’hui (en 2018 !), une femme qui avorte n’est Résultat de recherche d'images pour "femme oeil au beurre noir"pas forcément une femme qui veut avorter. Mais ça, pas vrai, on s’en fout. Elle avorte et elle ferme gentiment sa gueule si elle veut pas qu’on passe en mode explication façon Tex. Et puis avec le temps elle s’en remettra, et elle ira très bien merci.]

Donc continuons.

Rien ne se passe : aucune intervention divine dans la nuit qui sépare le dernier jour de la 12ème semaine et le premier jour de la 13ème semaine. Rien n’est ajouté, rien n’est enlevé. Sauf le droit pour la femme de décider si cet enfant doit vivre ou mourir : ce que je viens d’écrire est un argument classique des anti-IVG. Et pourtant, on l’entend de plus en plus dans la bouche des pro-IVG, parce que sans lui, il est impossible de plaider pour une extension du délai d’autorisation de l’avortement.

Ainsi, très bizarrement, quand Olivier de Lagarde (dans l’émission « Moi président ») demande à une Femen : « que répondez-vous quand on vous dit que l’embryon est un être humain ? », celle-ci, au lieu de répondre que c’est de la manipulation, se contente de rétorquer : « je réponds que beaucoup d’opposants à l’IVG sont pour la peine de mort. » Autrement dit : il y a des mises à mort légitimes, et seul importe le critère que l’on considère comme déterminant dans cette légitimation (culpabilité du condamné dans un cas, volonté de la femme enceinte dans l’autre).

Dans son billet rigolo, Guillaume Meurice trouve très drôle que des militants pro-life parlent de l’embryon comme d’un « enfant ». Mais c’est lui qui retarde : il n’imagine pas qu’on puisse dire la même chose en étant pro-IVG et même, en étant sur le point d’avorter. Il devrait parler avec Eva : après le décès de Simone Veil, Benjamin Illy tend son micro FranceInfo à Eva, 17 ans, qui vient au Planning Familial pour un avortement et qui affirme « chacun a le droit de faire ce qu’il veut de son corps, de garder un enfant comme de ne pas le garder. » Cette jeune fille se considère donc elle-même comme une mère infanticide. C’est très étrange. Il y a encore dix ans, elle aurait répondu que ce qu’elle avait dans le ventre n’était pas encore un être humain et qu’elle demeurait donc libre d’en faire ce qu’elle voulait. Le changement de discours est ainsi en passe d’être entériné par l’opinion publique et trouve sa justification dans le propos de la conseillère du Planning :

ivg france info

Il y a évidemment des gens, même des progressistes, pour trouver impensable d’avorter des fœtus de 7 ou 8 mois : « là, ça devient trop dégueulasse quand même » (quel argument !). Il y a même des médecins qui sont mal à l’aise à l’idée de faire accoucher une femme d’un bébé mort, ce qui arrive déjà avec les IVG médicamenteuses à 12 semaines (14 SA) : et les droits des femmes alors, bordel ? Il ne faut pas faire médecine quand on a le cœur mal accroché, les cocos ! Au demeurant, l’avortement très tardif se pratique déjà ailleurs… et même déjà chez nous dans le cadre du très mal nommé « avortement thérapeutique » (qui ne soigne rien). Promenez-vous dans les cimetières, vous verrez des tombes dans lesquelles reposent des individus qui n’ont ni personnalité juridique ni nom de famille mais qui sont dotés d’un prénom et d’une inscription à l’état civil. Ils ont été éliminés lors d’un avortement, pour les plus jeunes à 4 mois et demi de grossesse, soit 8 semaines de plus qu’une IVG sans motif médical. On entend également parler, de plus en plus fréquemment, de l’infanticide néonatal en milieu médical : Bébé handicapé, qui devait sortir mort, survit à son avortement. Erreur médicale ! Vite fait, bien fait : couic (ou plutôt plouf puisque les médecins les plus prévoyants se préparent un baquet pour noyer comme un chaton le bébé qui aurait la mauvaise idée de sortir vivant). Fini Bébé, a pu !

On ne peut pas dire que cela secoue l’opinion. Cela ne choque personne (à l’exclusion des gens qui, en 2018, considèrent encore que etc. mais ceux-là, on s’en tape). Comme quoi, les mentalités évoluent, et ça c’est toujours bien.

Mais tout cela ne durera pas. La vie triomphera. La vie triomphera parce que ces millions d’euros sanguinolents qui partent quotidiennement dans la cuvette des toilettes ou la poubelle des déchets biologiques, ça vous a quand même quelque chose de répugnant : je veux dire, quel gâchis de fric !

On pourrait changer la loi pour obtenir l’autorisation de charcuter un peu ces choses, histoire de voir si on ne peut pas en tirer une cellule ou un organe qui puisse se vendre. Mais il y a mieux, tellement mieux. La science, la technique, c’est vraiment chouette. On peut transférer des organes, des gamètes ? On pourra bientôt transférer des embryons et des fœtus. Don de rein, don de sperme, don de fœtus. Plus besoin de les zigouiller. Au lieu d’avorter, on fera don de son embryon à une femme infertile ou à une lesbienne ; ou bien on le fera mettre dans un utérus artificiel afin de pouvoir le vendre, pardon, le donner à la fin de la « grossesse ». J’ai confiance : la vie triomphera. Mais pas sûr que les pro-life seront plus satisfaits demain qu’aujourd’hui.

Pas sûr, en effet, que l’humanité en sorte grandie.

 

Texte dédicacé à l’être humain sans personnalité juridique (et beaucoup trop bien portant pour pouvoir être légalement occis) qui se développe dans mon utérus.

11 commentaires

  1. Chère Ingrid,

    Premièrement, je précise être anti-IVG (et pour toutes les méthodes de contraceptions possibles et imaginables). Et contre la peine de mort (et pour la perpétuité réelle). Ouh le vilain rétrograde que je suis…

    Je me permets de vous donner le point de vue d’un mâle sur le sujet, sur « Le fameux droit des femmes à disposer de leur corps »… De base et pour être taquin, 50% du matériel génétique constituant l’enfant ne sont pas propriété de la femme, mais de l’homme.

    Surtout, le vrai problème est que l’être humain sans personnalité juridique est un être humain. Qui n’est donc ni propriété de la femme, ni propriété de l’homme.

    Cet être a donc propriété de lui-même en définitive, quelle que soit les droits que la société lui prête (ou non). Il s’agit d’un droit naturel, parfaitement défini par le principe voulant que la liberté des uns (les femmes) s’arrête là où commence celle des autres (les embryons).

    Et concernant les pro-IVG, tant que les militants féministes actuels ne se positionneront pas pour l’abrogation de la notion de pension alimentaire, et pour la possibilité pour les hommes de refuser toute paternité « imposée » par le système (au nom de quelle égalité une femme peut-elle accoucher sous X pendant qu’un homme devrait au nom du paternalisme sociétal payer pour un enfant qu’il peut ne pas avoir désiré?), le « droit des femmes à disposer de leur corps » m’apparaîtra toujours comme ce qu’il est, comme une des multiples manifestations de l’égoïsme de ces personnes.

    Je vous souhaite une belle journée.

    PS: et j’espère que vous aurez un beau bébé, en bonne santé, et qui vous rendra heureuse 🙂

    • Le paradoxe que vous soulignez, Démosthène, dans la différence de traitement législatif entre hommes et femmes face à la parentalité non acceptée est intéressant et mériterait d’être plus souvent mis en évidence dans les débats dits « sociétaux »…

      • Chère Ingrid,

        Ce n’est pas près d’arriver. L’égalité, pour les féministes, est toujours à sens unique.

        Je vous souhaite une belle journée.

      • De la part d’un « papa par surprise comme ça on touchera des allocs » qui a assumé autant qu’il a pu, merci pour ce trait de bon sens, tant il est vrai qu’un demande en mariage d’un homme à une femme se fait avec une alliance remplacée dans l’autre sens par un test de grossesse positif beaucoup moins romantique. Et bravo pour votre article dans « conflits » n°15, en passant.

    • Cher Démosthène
      Ainsi, Ingrid Rocrieux a plusieurs cordes à son arc ! Et, donc, plusieurs sujets de blogue. C’est bien dans l’esprit du temps.
      Comme vous m’aviez fait l’honneur d’une réponse à la suite de ma réaction à la relecture des interviews suggérée par notre éminente blogueuse, je m’étais permis une réponse à votre réponse. Hélas, j’avais dépassé l’heure du dead line et la publication des commentaires était close.
      Voici, avec un peu de retard et hors contexte, ce que je vous avais écrit:

      Il est vrai que les pratiques journalistiques peuvent varier d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. Mais l’essence du métier reste la même : transmettre de l’information au public.
      Après avoir vécu l’expérience d’une entrevue télévisée, vous pensez que la proposition d’Ingrid Rocrieux aurait pu vous protéger contre la déformation de vos propos.
      Restons sur ce terrain, la télévision, et voyons si cette proposition tient la route. Cette proposition, c’est le droit à la révision – donc le droit à la correction – avant publication ou avant diffusion. Ce droit obligerait tous les journalistes à s’y soumettre, qu’ils travaillent en presse écrite ou en presse audio-visuelle.
      Au final, grâce à ce droit à la révision, les interviewés conserveraient le contrôle de leur message et de leur image. Fort bien.
      Imaginez maintenant l’étonnant débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen avant le second tour des élections présidentielles en France. Deux conséquences au nom du droit à la révision :
      – plus aucun débat, ni en radio ni en télévision
      – chacun des débatteurs pourrait à sa guise reformuler ses réponses
      Journalistiquement parlant, un tel système pourrait-il tenir la route ? Et où se situerait le droit du public à une information juste et honnête ?
      Dans les pays anglo-saxons, il existe une institution qui veille au droit du public à l’information et au respect de l’éthique professionnelle chez les journalistes : il s’agit du conseil de presse.
      Quiconque se sent lésé par une couverture journalistique peut déposer une plainte au conseil de presse. Composé de représentants du public et de représentants des journalistes, le conseil de presse analyse la plainte et rend une décision. Décision que le média d’information incriminé a l’obligation de publier (ou de diffuser).
      Même si cette institution n’est pas parfaite, elle est très efficace.
      Bonne journée.

      • Didier Fessou.

        certes, ce n’est pas la bonne rubrique mais, j’interviens à mon tour en réaction à vos propos qui relèvent d’un angélisme déroutant.
        La presse, dans sa totalité, est dans les mains de groupes financiers ou d’individus qui investissent dans cette activité à la seule fin de main mise sur la société.
        Dès lors, toutes les mesures correctives, fussent-elles anglo-saxonnes, relèvent de la farce, ce d’autant que le journalisme est conditionné par la brièveté de l’information, le mot information révélant à lui seul la dérive du monde des journalistes qui sont réduits à la condition de porte-voix.
        Par ailleurs, une fois une nouvelle diffusée, si elle s’avère fausse ou qu’elle porte atteinte, le mal aura été fait, les démentis voire les jugements, personne ne les lis les rares fois où ils paraissent.
        Il est du reste intéressant de remarquer que les professions prétendument « intellectuelles » se drapent, toutes, dans un code déontologique, code à et pour gogos, un peu comme les normes ISO qui une fois éditées permettent de dire et prétendre, le seul certificat faisant office de bonne foi.
        Il reste une presse qui n’en est pas une, la fameuse facho-sphère (qualificatif qui inclus tout ce qui est indépendant, rare…), et qui cause tant d’urticaire à la presse mainstream, au rang desquels des blogueurs, Ingrid Riocreux étant parmi ces voix qui comptent.
        Christopher Lasch (La Révolte des élites) prédisait que l’avenir appartenait à ceux qui se détacheraient de la presse, il avait des mots assez dur envers cette profession.
        La presse de nos jours tient en l’air car elle est alimenté et perfusée de subventions d’état ou privées, si elle devait vivre de sa production, que resterait-il ? personne car elle n’a pas de public réel…

        Cordialement.

        • cher Démosthène

          Je ne suis pas en désaccord avec votre point de vue, cependant il mériterait quelques nuances.
          Quel est le but d’un propriétaire de média ? Rassembler un lectorat ou un auditoire et vendre cette audience aux annonceurs. Le but final étant de dégager un profit. Et accessoirement, jouer de son influence. Devant l’impossibilité de servir plusieurs maîtres à la fois, money talks.
          Quel est le but d’un journaliste ? S’il est cynique, il joue le jeu du propriétaire. S’il est idéaliste, il essaie de faire son métier. Un métier qui, vous le soulignez, ressemble souvent à celui d’un porte-voix. Mais, heureusement, le journalisme n’est pas seulement que cela.
          Ce qui a changé, disons depuis le Watergate, c’est que les journalistes ne se contentent plus de regarder passer la parade : ils veulent être dedans. Et de préférence dans les premiers rôles. D’où la préoccupante dérive journalistique que l’on peut observer partout en Occident.
          Les médias sont-ils, comme on l’entend souvent dire, un quatrième pouvoir ? Sûrement pas. Ce quatrième pouvoir est une flatteuse illusion qui n’a ni assise constitutionnelle, ni base juridique, qui n’est assujetti à aucun contre-pouvoir et n’est redevable à personne. Les cartes de presse ne sont que de simples coupe-files qui ne valent pas plus que le prix du papier sur lesquelles on les imprime.
          Les médias sont les chiens de garde du système. Ce qui explique pourquoi ils aboient en meute. Un seul ennui, chien de garde du système n’est pas une comparaison flatteuse.
          Ouaf, ouaf !

          • Cher Didier,

            Je me souviens de votre commentaire et de ma réponse. Je vais donc y répondre (et prie Ingrid d’excuser ce « squattage » de la page). Notez toutefois que la réponse précédente était celle de Joseph, non la mienne.

            Je n’ai pas vécu « l’expérience d’une interview télévisée ». Il se trouve que j’ai été interviewé plusieurs fois pour divers motifs, à plusieurs époques de ma vie, et que j’ai raconté l’expérience qui m’avait le plus surpris. Dans l’absolu, l’interview en question ne m’a posé aucun problème professionnel, mais elle aurait pu, et j’avoue avoir trouvé le procédé cavalier.

            De plus, je ne partage pas votre point de vue sur « l’essence du métier » qui serait la même en France et aux USA. En France, nous vivons dans une dictature molle (Voltaire je crois disait en son temps que la seule différence entre la Russie et la France se dénommait Sibérie).

            Le fait est que le journaliste est un instrument du pouvoir, de propagande (ce n’est pas pour rien qu’un journaliste français a le drapeau tricolore sur sa carte de presse, par exemple). Il n’y a pas si longtemps on apprenait que le numéro de téléphone personnel d’Emmanuel avait été référencé par un pisse-copie sous la catégorie « Nouveau Chef »…

            Le reste de votre argumentaire ne tient pas une seule seconde. Il n’y a absolument rien de comparable dans un débat (en général diffusé en direct), un véritable entretien, et une simple interview. Ni le format, ni les méthodes de travail. Je partage bien sûr le constat d’Ingrid sur le fait qu’il est plus difficile de biaiser le propos lors d’un débat ou d’un entretien long. En revanche, un reportage court peut tout à fait le faire.

            Et surtout, le direct, en France, est depuis bien longtemps réservé à une nomenklatura triée sur le volet pour tous les sujets qui risqueraient de mettre à mal la position officielle. Aucun négationniste ni complotiste n’a accès aux médias mainstream. Et surtout, plus grave, aucun membre de la classe populaire (ceux qui souffrent réellement des décisions du pouvoir) n’y a accès.

            Pensez-vous par exemple qu’il soit normal que la position que j’ai exprimée ci-dessus sur la différence de traitement législatif entre hommes et femmes en matière d’enfants, qui n’est qu’un simple constat, ne soit jamais exprimée en télé, par qui que ce soit, soit normale ?

            Sur le fait que les journalistes voudraient « être dedans » c’est vous m’excuserez de le dire une vaste blague. Les journalistes tiennent trop à leur confort, à leurs jours de congés en plus, aux invitations gratuites pour les spectacles…

            Personne, en France, dans l’univers journalistique, ne s’attaque aux vrais problèmes. Personne par exemple ne fait remarquer que la succession Bettencourt n’aura rien payé (alors qu’elle aurait dû rapporter quelque chose comme une dizaine de milliards d’euros à l’Etat).

            Quant à ceux qui en auraient vraiment envie (une Elise Lucet, par exemple), sur les vrais sujets, ils se taisent. Car la vie d’un journaliste, en France, ne vaut pas plus qu’en Russie. Pardon. On s’organisera pour qu’il ait un accident de voiture, ou de chasse, ou encore qu’il se suicide de 2 balles dans la tête (comme René… dont le nom était Lucet, d’ailleurs) après s’être préalablement pendu et empoisonné…

            Vous en voulez une autre, de preuve ? A chaque manifestation, les journalistes donnent le nombre de manifestants selon les organisateurs et selon la police. S’ils étaient des journalistes, s’ils voulaient « être dedans » comme vous l’affirmez, ils pourraient et devraient simplement compter, pour donner LEUR chiffre (et non ceux des communiqués des autres) !

            Enfin, sur votre « conseil de presse », vous noterez là encore que la pratique diffère totalement entre la France et sa version canadienne. Et la version Canadienne n’est pas la même que l’Anglaise, d’ailleurs.

            En France, dès lors qu’un « ordre » se crée, il est mécaniquement neutralisé par le caractère endogène de ce type d’institution. Le CSM est une fumisterie, comme l’ordre des médecins ou celui des avocats. Ce type d’entité ne peut de toutes les façons être crédible qu’à la condition de comporter une majorité de citoyens neutres, sélectionnée de manière aléatoire.

            Et même cette dernière idée a ses limites (il suffit de voir l’incurie des jugements d’assise en France) car au final le principe démocratique « un con = une voix », cumulé à « vox populi vox dei » ne sont pas la panacée des problèmes de ce monde.

            Je vous souhaite une belle journée.

      • Didier Fessou, je vous remercie pour votre réaction et, même si vous entrez en dialogue avec un autre intervenant, je me permets de vous répondre également. Vous écrivez: « Cette proposition, c’est le droit à la révision – donc le droit à la correction – avant publication ou avant diffusion. Ce droit obligerait tous les journalistes à s’y soumettre, qu’ils travaillent en presse écrite ou en presse audio-visuelle. » Je ne suis pas d’accord. En effet, un entretien télévisé ou radiodiffusé, à moins de subir de multiples coupes et montages, ne peut pas biaiser le propos de l’invité comme peut le faire une interview en format papier, triturée, reformulée et charcutée pour des raisons multiples, allant des nécessités de la mise en page à l’intention de nuire. Souvenez-vous des ennuis qu’a eus Eric Zemmour suite à la publication d’un entretien avec un journaliste italien, dans lequel il envisageait, prétendument, la déportation des musulmans de France. Volonté de le discréditer, besoin de simplifier son propos et problèmes de traduction s’étaient cumulés dans cette affaire.

        • Chère madame

          Je vous remercie très sincèrement de la passion avec laquelle vous analysez le discours et la pratique journalistiques. Ce faisant, vous rendez un immense service à tous ceux qui, comme moi, se sentent concernés.

          Vous établissez une distinction entre presse écrite et presse audio-visuelle à propos du droit à la relecture. Voilà qui revient à proposer une norme pour les journalistes en presse écrite à laquelle ne seraient pas assujettis ceux qui exercent en presse audio-visuelle. C’est difficilement acceptable car les normes et les pratiques professionnelles doivent s’appliquer à TOUS de la même façon et avec la même rigueur.
          Comme vous ne l’ignorez sans doute pas, on peut aisément manipuler un entretien audio-visuel. Et faire dire à quelqu’un ce qu’il n’a pas dit.

          Le milieu journalistique a besoin de règles du jeu claires, nettes, précises. Avec des arbitres pour veiller à leur respect. Qui doit définir ces règles : le législateur, l’État, les employeurs, un ordre professionnel, une norme ISO ? Qui doit tenir le rôle de l’arbitre : l’État, l’appareil judiciaire, les associations professionnelles, les syndicats, un tribunal d’honneur ?
          À Démosthène, j’avais donné comme exemple les conseils de presse, tels qu’ils existent dans les pays de tradition anglo-saxonne. Ce n’est peut-être pas le meilleur des systèmes, mais c’est sûrement le moins mauvais. Du moins, à ma connaissance.

          Je vous souhaite une bonne journée.

  2. Sur l’IVG, le vice est essentiellement contenu dans le Planning Familial.
    Qui est l’exemple même des dérives du progressisme (le socialisme a toujours été un contenu du progressisme) qui, dans un monde atomisé, par son fait, entretien ses clientèles diverses et variées. On ne s’adresse plus à un peuple mais à des individus isolés, regroupés selon des races (racialité…), des pathologies diverses car, dans ce monde tout est pathologie, y compris lorsque vous partez faire le Djihad ou ne payez pas vos impôts, en êtes à votre troisième avortement, etc.
    Qu’ont-ils fait de l’IVG ? pour l’essentiel un droit, une fois cette voie empruntée il n’est plus possible d’en sortir puisque droit n’est jamais raison ni justice.
    L’IVG, sous couvert d’égalité, a été rendu accessible financièrement et pris en charge à 100% par la sécurité sociale, dès lors, une fois mis de coté du débat les cas les plus difficiles, notamment une grossesse consécutive à un viol, il reste des femmes déresponsabilisées qui ne pensent l’avortement qu’en termes de droit.
    Vous dénoncez parfaitement l’hypocrisie ambiante, un progressiste sait toujours ou positionner le curseur (ils ont remplacé Dieu par leurs dieux), ici ambrion et donc tu passes à la casserole, là plus ambrion et tu survis. La discussion ne porte plus sur l’humain mais sur la règle de droit, 12 semaines ? bon (bien), 12 semaines et une heure ? pas bon (pas bien). Le combat mené par toutes les associations progressistes (boîte de Pandore évidemment du féminisme actuel qui s’exprime essentiellement par l’image (Com), loin, très loin de Simone Veil ou Elisabeth Badinter, hélas) l’est d’abord au titre de leur survie, elles instrumentalisent leur clientèle et auront toujours raison, même quand elles se trompent car elles sont dans le respect du droit.
    A l’instar de la société progressiste, L’IVG n’est plus qu’une affaire de droit, tout le reste étant irrecevable.

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