La cote de popularité du « tyran » Poutine auprès de ses concitoyens suscite des jalousies chez certains chefs d’État. En France, par exemple…
Vous reprendrez bien un doigt d’antipoutinisme ? Décidément, cette noble cause semble indémodable dans nos élites politico-médiatiques ces décennies-ci. Pourtant la Tchétchénie, la Géorgie et même Sotchi c’est fini ; le martyre de Khodorkovski et des Pussy, aussi.
Mais c’est maintenant cette pauvre Ukraine, pourtant bleue et jaune comme nous, qui se voit soudain menacée de déchiquètement par l’ours post-soviétique ; sous d’obscurs prétextes géostratégiques, n’a-t-il pas déjà posé sa patte griffue sur la Crimée ?
Dans ce contexte, le nouveau documentaire du « poutinologue » Jean-Michel Carré, l’autre mardi sur France 2, tombait à pic. Comme le rappelait le dossier de presse, dans un premier épisode l’auteur avait « démonté l’inexorable montée » ( ! ) d’un « obscur sous-lieutenant du KGB ». Sept ans plus tard, avec Poutine pour toujours ? il nous raconte la suite, à défaut d’en voir le bout.
Résumé pour les journalistes mal-comprenants : « Après des élections truquées, Poutine est réélu. La répression est immédiate, accompagnée du vote systématique de lois liberticides. La Russie est désormais un État totalement asservi. »
Message reçu 5 sur 5 par toute la presse. Mention spéciale quand même à Télérama, qui fait dans la paraphrase lyrique : « Quatorze ans que Poutine dirige la Russie d’une main de fer, tel un tsar sur son trône impérial ! »
Comment nous autres, vieilles démocraties européennes, saurions-nous tolérer ça sur notre continent ? Certes nos amis wahhabites ne sont guère plus sourcilleux en fait de Droits de l’Homme ; mais au moins ont-il la décence de faire ça chez eux.
La preuve que Poutine n’est pas un démocrate, explique le doc, c’est « sa volonté chevillée au corps : se maintenir au pouvoir et gagner les prochaines élections présidentielles à tout prix. » Du jamais vu sous nos latitudes, assurément.
En plus, le type est un vicieux : « En 2008, la Constitution lui interdit de se représenter ; beaucoup s’attendent à un coup de force… » Eh bien, non, pas du tout : Poutine ira jusqu’à « respecter la lettre des institutions » en changeant de place avec son premier ministre Medvedev !
Encore doit-il se faire réélire président quatre ans plus tard – puisqu’apparemment il y a encore des élections. Eh bien il les gagne, avec 63 % des voix dès le premier tour – et sans même « bourrer les urnes » comme aux législatives précédentes, précise notre documentaire de référence.
Le secret de ce tyran-là, savez-vous, c’est qu’ « il a la majorité de la population derrière lui », rien qu’en « exaltant des valeurs conservatrices, religieuses et identitaires qui rassurent la Russie profonde ».
C’est même à ce moment-là que j’ai perdu le fil… On lui reproche quoi au juste, à Vladimir ? D’être réac pour rester au pouvoir, ou l’inverse ?