Zemmour face à la bande à Ruquier déchaînée : le retour du « Tribunal des Flagrants Délires » ?
L’autre samedi, Éric Zemmour était l’invité d’On n’est pas couché au titre de son essai Le suicide français (Albin Michel), en tête des ventes depuis sa sortie.
L’interview croisée, qui va durer plus d’une heure, commence avec une amusante joute verbale entre l’animateur et l’essayiste : « Je suis d’accord à 80 % avec les constats que vous faites, lance Ruquier… Sauf que moi, ils ne me dérangent pas ! »
– « Moi, si ! Ce livre décrit l’évolution de la société telle que je la juge… Je déteste le XXIe siècle. C’est une époque médiocre, décadente, méprisable ! »
– « Vous la supportez, quand même ? fait mine de s’inquiéter l’autre. Vous n’allez pas vous suicider vous-même, hi-hi ? »
– « Rassurez-vous ! Je vis avec, je m’adapte, la preuve : je suis là ! »
Une fois Zemmour « dans le fauteuil », Ruquier ouvre les débats avec une question qui prouve qu’il a potassé le bouquin, ou au moins la 4e de couverture : « Votre but, si j’ai bien compris, c’est de « déconstruire les déconstructeurs ». Mais qui sont-ils ? »
« Nos grands intellectuels français, à la Derrida, Deleuze, Foucault… Dans les années 60, ils ont entamé la déconstruction de tout : famille, société, État, identité nationale et même, aujourd’hui, identités sexuelles ! Tout est réduit à l’individu-roi sous la domination du marché ».
Vient alors le tour des deux chroniqueurs, efficacement relayés dans leurs assauts par un Ruquier qui, soudain, ne plaisante plus. Dans cet interrogatoire-là, il n’y a pas de « bon flic ».
Rien d’étonnant de la part de Caron ! Parfait dans son rôle de petit maître omniscient et haineux, il multiplie les scuds en papier contre un Zemmour qui en a vu d’autres. Plus décevante est la prestation de Léa Salamé, qu’on avait connue mieux inspirée. Ici, elle s’abaisse jusqu’à reprendre mot à mot un « argument » caronesque : « Vous avez peur de tout : des étrangers, des homosexuels, des musulmans… »
– « Ce ne sont pas les gens qui me font peur ; ce sont les théories » corrige l’invité, qui ne cessera de s’étonner du niveau des attaques de ses « hôtes » : « Décidément vous ne comprenez rien… ou vous le faites exprès ! » Je penche, quant à moi, pour un harmonieux mélange des deux.
Exemple de passe d’armes entre notre Horace et les trois Curiaces « pas-couchés » qu’il affronte à la fois :
Léa : « Alors, on fait quoi avec les musulmans ? » (sic)
Éric : « Ce n’est pas un livre-programme, c’est une analyse ! Je constate qu’aujourd’hui, pour les élites françaises, c’est à la France de s’adapter à l’islam ; et je pense qu’avec ce système, on va vers la guerre civile ! »
Aymeric : « Votre terrible « réalité », c’est vous qui l’inventez, avec votre trouille ! » (encore elle).
Laurent : « La société a changé, tout simplement ! »
Éric : « En 1942 aussi, les gens disaient ça : la société a changé, les Allemands ont gagné ! »
Levée de boucliers générale : voilà enfin atteint le point Godwin ! Mlle Salamé en profite pour accuser Zemmour de pétainisme même pas rampant : « En vous attaquant au livre de Robert Paxton (« La France de Vichy », 1973), insidieusement, vous tentez de réhabiliter le régime de Vichy ! »
Et l’ami Éric de répondre sans même s’énerver : « Paxton présente Vichy comme le Mal absolu, j’explique simplement que la réalité est plus complexe : Vichy a fait un pacte avec le Diable pour sauver les juifs français. Horrible, mais dans la plupart des autres pays occupés, tous les juifs ont été exterminés ! »
C’est alors que Mme le procureur se change soudain en psy pour livrer son diagnostic sur le « cas » Zemmour, cette espèce de nègre du Ku Klux Klan : « J’ai le sentiment que vous voulez tellement, vous le juif (sic), faire plus goy que goy, plus français que français… »
– « Mais pourquoi me ramener à mon état de juif ? » répond Zemmour, bien sobrement à mes yeux. « Vous le juif », quand même ! Adressée à n’importe qui d’autre, une telle apostrophe eût coûté cher à ce chameau de Salamé.
[Publié dans Valeurs Actuelles]